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Histoire & Sciences sociales -> Biographie |
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Louis II de Bavière, le misanthrope couronné | | | Jacques Bainville Louis II de Bavière Bartillat 2009 / 12 € - 78.6 ffr. / 310 pages ISBN : 978-2-84100-449-2 FORMAT : 11,5cm x 18cm
Préface de Dominique Decherf. Imprimer
Jacques Bainville avait vingt ans à peine lorsque, à loccasion de vacances en Allemagne, il entama des recherches sur une figure hors normes du paysage nobiliaire européen : Louis II de Bavière. Dans cette biographie, écrite longtemps avant le Napoléon qui limposera comme un historiographe émérite, Bainville dégage, avec une maturité qui surprend encore, les traits psychologiques dun éternel jeune homme émouvant, que daucuns surnommaient le «dégénéré supérieur».
Disparu en 1886, à quarante-et-un ans, dans les dramatiques circonstances dune déposition de trône ourdie par son oncle le Prince Luitpold, Louis II laisse dans son sillage les innombrables monuments de sa mégalomanie, et dont le moindre nest pas lamitié qui le lia à Wagner. La fascination dévorante que le souverain nourrissait envers lopéra Lohengrin se transmuera, dès son accession au pouvoir, en une alléchante offre de mécénat que Wagner, alors à un tournant difficile de sa carrière, aurait été fort stupide de refuser. Sans sombrer dans les interprétations psychologisantes qui ont souvent tendance à ramener les passions les plus hautes aux fonds de culottes les plus abyssaux, Bainville sattacha à mettre en lumière les ressorts de cette fraternité dévouée entre le compositeur et son aficionado, brûlant pour le Maître dun amour cérébral et platonique.
Cest moins un essai historique quun véritable coup de sonde au cur dun moi torturé que lon découvre à travers ces pages. Le rôle de Louis II comme acteur politique de la vie bavaroise y est certes envisagé, notamment en ce qui concerne son rapprochement avec la Prusse dans les décisives années 1860 ainsi que ses rapports favorables avec la «gauche» de lépoque. Mais louvrage signe plutôt sa réussite en tant que radiographie dun tempérament que lon a expéditivement cru marqué du sceau de la folie ; une vision simpliste, que Bainville éclaircit avec délicatesse et indulgence. La quatrième partie, «Misanthropie et merveilleux», illustre bien son propos. Elle fait le parallèle entre le très théâtral monarque et Hamlet, et se passe de tout regard médical pour expliquer le désamour à légard des hommes, et plus encore des femmes, quéprouvait le «Roi-Vierge». On le suit dans les labyrinthes de ses palais démentiels, édifiés sur le modèle de Versailles ou daprès le décorum de la Tétralogie, et au bout de ce chemin lambrissé, garni de stucs et de cygnes en carton pâte, on ne rencontre guère quune immense solitude.
La ruine de cette âme trop sensible naura finalement connu que deux victoires : la première, médiocre mais consolante, davoir emporté avec elle dans la mort celle dun docteur sans scrupules ; la seconde, absolue de la part dun personnage ayant touché au Beau dans toute la démesure du terme, davoir eu la pitié de nous abandonner son rêve en héritage.
Frédéric Saenen ( Mis en ligne le 06/05/2009 ) Imprimer
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