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Charles de Gaulle / Bibliographie

Le verbe et l’action
Charles-Louis Foulon   De Gaulle : itinéraires
CNRS éditions - Histoire 2010 /  10 € - 65.5 ffr. / 332 pages
ISBN : 978-2-271-06609-1
FORMAT : 12cm x 19cm

Préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac

L'auteur du compte rendu : Agrégé et docteur en histoire, Alexandre Dupilet est professeur dans le secondaire.

Voir aussi :

- Adrien Le Bihan, De Gaulle écrivain, Hachette (Pluriel), Novembre 2010, 280 p., 8,50 €, ISBN : 978-2-8185-0069-9

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Charles-Louis Foulon indique dans son De Gaulle : itinéraires qu’on dénombrait déjà plus de 2000 ouvrages consacrés à Charles de Gaulle à la veille du cinquantenaire de l’appel du 18 juin. Une simple visite chez un libraire permet de constater que, vingt ans après, et à la faveur de nouvelles commémorations, cette abondante production s’est encore enrichie de quelques milliers de titres. Beaux livres, dictionnaires, réflexions sur la pensée politique, synthèses, essais sur tel aspect méconnu de l’action ou de la personnalité du général, de Gaulle n’en finit pas d’inspirer historiens, écrivains et journalistes. C’est aux deux dernières catégories citées qu’appartiennent respectivement les études d’Adrien Le Bihan et de Charles-Louis Foulon ; elles permettent de donner un tout petit aperçu des ouvrages récemment publiés sur le fondateur de la Ve République.

C’est à l’écrivain qu’Adrien Le Bihan a choisi de s’intéresser. N’en déplaise aux rabat-joie qui s’offusquaient récemment que les Mémoires de guerre fussent au programme du bac français, cette facette de la personnalité du général de Gaulle est aujourd’hui largement reconnue, mais il est vrai qu’elle ne nous est pas des plus familières, peu d’études y ayant été consacrées. L’essai d’Adrien Le Bihan, vient donc en partie combler cette lacune historiographique. Chaque chapitre porte sur une œuvre du général ; tous ses écrits sont abordés, de ses premiers carnets à son testament en passant par Le Fil de l’épée et Vers l’armée de métier. Les Mémoires de Guerre se taillent la part du lion puisque plus de la moitié du livre leur est consacrée.

Pour chaque œuvre, Adrien Le Bihan examine les différents thèmes traités, souligne les évolutions stylistiques ainsi que les diverses influences littéraires. Par-delà l’évocation des références attendues (par exemple Péguy, Vigny ou Lamartine), on apprend que de Gaulle admirait Salammbô dont il s’inspira pour composer Le Fil de l’épée. Concernant plus précisément Les Mémoires de guerre, Adrien Le Bihan consacre de belles pages à cette figure classique du style gaullien qu’est le dédoublement, le général employant, tel César dans La Guerre des Gaules, la troisième personne du singulier pour se désigner. Il revient également sur les inévitables comparaisons avec Napoléon et surtout Chateaubriand pour mieux souligner la singularité du général de Gaulle.

Si la structure générale de l’ouvrage est classique, les perspectives choisies pour analyser les écrits de l’homme du 18 juin sont parfois très originales, telles les analyses comparées du Fil de l’Epée et du Dialogue sur le commandement d’André Maurois, ou des Mémoires de Guerre et des Mémoires de Churchill. Le ton employé risque de dérouter certains lecteurs : Adrien Le Bihan n’hésite pas à livrer des considérations personnelles et son style, qui a du souffle, de la faconde, se mue parfois en une verve pamphlétaire, qui peut apparaître quelque peu déplacée (François Mitterrand est ainsi qualifié de lémure doctrinaire ; au-delà du mépris, la saillie témoigne surtout d’une profonde méconnaissance du personnage).

Ce livre est donc un essai subjectif qui livre une vision particulière du De Gaulle écrivain, vision qui, malgré quelques piques critiques, reste très hagiographique, mais qui est loin d’épuiser et de donner toutes les clés de ce vaste sujet. On conseillera donc au lecteur désireux d’en savoir plus de se reporter à l’introduction de Marius-François Guyard au tome de la Pléiade consacré aux Mémoires de guerre, ainsi qu’au dernier numéro des Temps modernes (n° 661).

La perspective choisie par Charles-Louis Foulon est tout autre puisque cet historien, spécialiste reconnu de Malraux, a choisi de livrer une nouvelle biographie du général de Gaulle, ce qui, après les œuvres magistrales de Jean Lacouture et d’Eric Roussel constituait une véritable gageure. Ce défi est relevé haut-la-main.

«On ne peut pas synthétiser de Gaulle», écrivait Pierre Mendès-France à la mort du général. Ce jugement conduit Charles-Louis Foulon à examiner une série d’itinéraires soigneusement choisis et pour certains très originaux, qui permettent d’envisager toute la complexité du personnage et de fouiller au plus profond les motivations, les aptitudes, les ambitions et les postures gaulliennes, en évitant savamment les redites. Attaché à démontrer que le verbe se conjugue en permanence avec l’action, avec le geste, l’auteur aborde les relations du général avec le pouvoir politique, en tant que technicien éclairé de la défense ou en tant qu’adversaire des partis, dégageant avec justesse le pragmatisme nécessaire pour gouverner le pays. Le chapitre consacré à l’itinéraire de la pensée gaullienne sur la solution du problème algérien mérite une attention particulière, de même que celui traitant des relations que le général entretint avec l’Allemagne, pays qu’il chercha à dégager de l’influence américaine.

Mais l’originalité de cet ouvrage réside dans les «itinéraires» ayant trait à l’homme privé, catholique formé par les jésuites revendiquant la place de la France «fille aînée de l’Eglise», mari fidèle, père attaché aux vertus familiales traditionnelles. On avouera une admiration particulière pour les quelques pages sur la magie des lieux, qui ont forgé le caractère du général et où la mer tient la plus grande place, ou encore sur la mort, que le soldat a côtoyée à la guerre et dont il sait en permanence qu’elle est l’aboutissement normal de tous les itinéraires, Solitaire, nostalgique, ayant une redoutable propension à l’ennui, tel est le Charles de Gaulle dont Foulon, par petites touches, dresse un portrait aux facettes trop souvent méconnues. Les Itinéraires de Charles-Louis Foulon sont donc à parcourir car ils conduisent non pas à un ouvrage supplémentaire sur de Gaulle mais à une véritable redécouverte.

Ces deux essais ont donc toute leur place dans les bibliothèques des passionnés du général... si ceux-ci ne les possèdent déjà car il ne s’agit ici que de rééditions. On regrettera que les études inédites et dignes de ce nom sur de Gaulle, à l’image de celle de Jean-Luc Barré (Devenir de Gaulle), restent bien rares. Peut-être faut-il savoir se montrer patient et attendre que de nouvelles archives soient rendues accessibles aux historiens ?


Alexandre Dupilet
( Mis en ligne le 25/01/2011 )
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