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Histoire & Sciences sociales -> Biographie |
| Michel Duchein Jacques Ier Stuart - Le roi de la paix Fayard - Biographies 2003 / 25 € - 163.75 ffr. / 586 pages ISBN : 2-213-61409-1 FORMAT : 16 x 24 cm
Compte-rendu par Hugues Marsat, agrégé d'histoire. Enseignant dans le secondaire, Hugues Marsat mène parallèlement des recherches sur le protestantisme aux XVIe-XVIIe siècles. Imprimer
Aux dires de lauteur dans son introduction, le règne du roi dEcosse Jacques VI Stuart (1566-1625), devenu Jacques Ier dAngleterre, est «sans doute lun des moins connus en France» et apparaît «un peu comme une transition sans grand éclat» entre les règnes de sa cousine Elisabeth Ière et de son fils Charles Ier Stuart. Sans doute est-ce cette méconnaissance qui avait donné lieu à la publication de Jacques Ier Stuart, le roi de la paix en 1985 par les Presses de la Renaissance. Dix-huit ans après, Fayard réédite cette première biographie dune personnalité des époques élisabethaine et Stuart, écrite par Michel Duchein dautres suivront jusquà celle du duc de Buckingham (Fayard, 2001) -, qui nous livre le portrait dun roi peu commun.
Devenu roi en 1567, à lâge de deux ans, à la suite de lassassinat de son père Henri Stuart, Lord Darnley, et de léviction du trône de sa mère, la reine Marie Stuart, Jacques VI dEcosse doit durant tout son règne faire face aux factions politiques ou religieuses qui divisent lEcosse de la deuxième moitié du XVIe siècle.
A plusieurs reprises, il est lobjet de tentatives denlèvement, parfois réussies, et doit faire face aux diatribes des pasteurs puritains qui lont éduqué ou à la vindicte des lairds qui sopposent à ses conceptions monarchiques. Il doit aussi composer avec sa puissante voisine Elisabeth dAngleterre, dont il est lhéritier, et qui lui rend le service demprisonner une mère encombrante.
De cette période proprement écossaise résulte une personnalité qui ne manque pas de contradictions, toujours manifestes après son accession au trône dAngleterre en 1603 : roi contesté, Jacques Ier entretient une haute idée de sa fonction royale qui rencontre lopposition des parlements écossais comme anglais. Mais sa passion pour la chasse et les festivités, ses amitiés masculines, le conduisent à négliger son travail royal et à trop se reposer sur ses ministres ou sur ses favoris successifs quil comble dhonneurs. Roi érudit, latiniste émérite, il rédige de nombreux traités politiques ou théologiques, anime des controverses religieuses et, devenu roi dAngleterre et chef de lÉglise de ce pays, commande une nouvelle traduction de la Bible encore en usage aujourdhui.
Ce roi intellectuel savère cependant un personnage vulgaire dans ses manières comme dans son expression qui choquent plus dune fois ses sujets, anglais ou écossais, et les ambassadeurs étrangers. Roi protestant, il défend ses conceptions religieuses face aux puritains et aux catholiques, qui vont jusquà attenter à sa vie lors de la fameuse conspiration des poudres (1604). Il recherche pourtant en vain le mariage des très catholiques infants espagnols ou appelle le pape, Très Saint Père.
Roi ambitieux enfin, il aspire à être larbitre de lEurope mais ses atermoiements dans la politique matrimoniale qu'il mène pour ses enfants et son attitude par rapport aux pays protestants, alors que se dessine la guerre de Trente Ans, font de lui le roi de la paix tout en lui attirant aussi lhostilité de ses sujets très anti-catholiques.
Cette personnalité, Michel Duchein en montre bien la complexité tout au long des trente-trois chapitres qui retracent chronologiquement la vie de Jacques Stuart, roi dEcosse et dAngleterre. L'auteur manifeste ainsi sa maîtrise de lhistoire et des institutions de la Grande-Bretagne, acquise au contact des archives, comme lattestent les sources publiées en fin de volume et complétées par une bibliographie enrichie depuis lédition de 1985.
Jacques Ier Stuart, le roi de la paix savère donc un ouvrage très complet, doté des chronologie, généalogie et index habituels à la collection. Notons néanmoins que ces annexes sont les mêmes que celles de lédition des Presses de la Renaissance, qui bénéficiait en outre dun encart iconographique ici disparu.
Dès lors, si cette deuxième édition a le mérite de venir compléter une collection fameuse au demeurant déjà très riche, et remet ainsi au goût du jour une uvre de qualité aujourdhui disparue des catalogues, on peut néanmoins sinterroger sur lintérêt de publier à nouveau un ouvrage à lidentique, marqué par les acquis autrefois récents de la psychanalyse - comme en témoignent les passages relatifs aux traumatismes subis in utero (chapitre II).
Sil ny avait pas dhistorien français pour écrire une nouvelle biographie de Jacques Ier Stuart, ny avait-il pas une biographie anglo-saxonne plus récente à traduire? On peut aussi sinquiéter dune pratique de la maison Fayard qui exploite le catalogue des Presses de la Renaissance en republiant ce Roi de la paix mais aussi Christine de Suède par Bernard Quilliet (Presses de la Renaissance, 1982). Autant douvrages de valeur mais déjà anciens
Hugues Marsat ( Mis en ligne le 21/07/2003 ) Imprimer
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