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Ma vie n’a pas donné ce qu’elle aurait dû donner
Rémi Fabre   Francis de Pressensé et la défense des Droits de l'Homme - Un intellectuel au combat
Presses universitaires de Rennes - Histoire 2004 /  22 € - 144.1 ffr. / 417 pages
ISBN : 2-86847-883-2
FORMAT : 16x24 cm

L'auteur du compte rendu : Raphaël Muller, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, est allocataire-moniteur en histoire contemporaine à l'université de Paris I.
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«Ma vie n’a pas donné ce qu’elle aurait dû donner», affirmait Francis de Pressensé le 7 août 1908. Pourtant, une fois refermé l’ouvrage que vient de consacrer Rémi Fabre, maître de conférences à l’université de Nantes, au second président de la Ligue des Droits de l’Homme, le lecteur sera tenté de s’inscrire en faux contre ce jugement autobiographique.

Né en 1853 dans un famille de l’aristocratie protestante, Francis de Pressensé fut un lycéen brillant avant de s’engager en 1870 dans l’armée de la Loire. Tour à tour secrétaire d’ambassade à Constantinople puis à Washington, éditorialiste libéral au Temps pendant dix-sept ans, ardent dreyfusard démissionnaire de la Légion d’Honneur, collaborateur à la plume acérée de L’Aurore puis de L’Humanité, membre actif puis président de la Ligue des Droits de l’Homme de 1903 à 1914, député socialiste de Villeurbanne entre 1902 à 1910, défenseur des Arméniens et de tous les peuples opprimés, fervent pacifiste jusqu’à sa mort en 1914, il n’eut guère le temps de connaître l’ennui.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser la seconde partie du titre, l’ouvrage de Rémi Fabre n’est pas consacré au seul militant dreyfusard devenu par la suite président de la Ligue des Droits de l’Homme. L’auteur fait également une large place à l’engagement socialiste de Pressensé, mais aussi, plus tôt, à ses longues années libérales et au poids du protestantisme familial – son père était pasteur - sur sa formation. En définitive l’ouvrage de Rémi Fabre est bien une solide biographie politique et intellectuelle retraçant, dans toute sa complexité, l’itinéraire de Francis de Pressensé.

Car telle était la difficulté proposée à l’historien : comment comprendre le parcours d’un homme qui fut, entre 1902 et 1905, député socialiste et en même temps éditorialiste au Temps, qui fut le chantre du tsarisme dans les années 1890, avant de s’enthousiasmer pour la révolution de 1905 ? Comment tenter d’y déceler une cohérence ?
La difficulté a priori insurmontable de l’entreprise en avait sans doute dissuadé plus d’un et Francis de Pressensé n’avait donc pas encore rencontré de biographe. Cette lacune historiographique est aujourd’hui comblée grâce à Rémi Fabre. L’auteur ne cherche nullement à minimiser ou à nuancer la sinuosité du chemin parcouru par le second président de la Ligue des Droits de l’Homme, mais bien plutôt à en découvrir les raisons. Dans ce but, il est fréquemment amené à souligner l’influence jamais démentie de la culture familiale et du libéralisme sur la pensée et l’action de Pressensé. C’est ainsi, au nom de ce libéralisme tenace, au nom de la défense de la liberté, qu’il parvient à expliquer que le député socialiste de Villeurbanne ait pu, en janvier 1909, prendre la défense, aux côtés de Maurice Barrès, de cinq officiers sanctionnés pour avoir participé à la messe solennelle du congrès diocésain de l’Association Catholique de la Jeunesse Française.

Au terme de l’ouvrage, le parcours de Pressensé n’apparaît pas plus linéaire, ni même plus cohérent, bien au contraire, mais simplement plus clair. La légèreté des transitions entre les différentes parties et sous parties porte sans doute préjudice à l’effort de mise en relation des étapes successives de la carrière de Pressensé ; toutefois force est de reconnaître l’ampleur du travail accompli par Rémi Fabre. L’étude s’appuie en effet sur un dépouillement systématique de la presse de la Belle Epoque et du Bulletin Officiel de la Ligue des Droits de l’Homme, ainsi que sur quelques documents manuscrits et inédits.

Francis de Pressensé a sans nul doute rencontré aujourd’hui son biographe. Un biographe qui nous aide à comprendre que ce «lutteur», pour reprendre le mot de Victor Basch, était sans doute davantage un homme de plume qu’un politique.


Raphaël Muller
( Mis en ligne le 05/10/2004 )
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