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Un siècle d’histoire de l’Eglise
Gérard Cholvy   Le Cardinal de Cabrières (1830-1921) - Un siècle d'histoire de la France
Cerf - Histoire 2007 /  39 € - 255.45 ffr. / 519 pages
ISBN : 978-2-204-08209-9
FORMAT : 14,5cm x 23,5cm

L'auteur du compte rendu : Agrégé, Pierre Triomphe vient de soutenir une thèse sur «Les mises en scène du passé au Palais-Bourbon (1815-1848). Aux origines d’une mémoire nationale». Il a publié L’Europe de François Guizot (Privat, 2002).
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«A côté de lui, comme tendances politiques, Louis XIV, saint Louis et Charlemagne passeraient pour des libéraux». Ce jugement acide d’un contemporain souligne l’engagement profondément réactionnaire de Mgr de Cabrières. Cette figure marquante de l’épiscopat occupa le siège de Montpellier durant près d’un demi-siècle, de 1874 à sa mort en 1921, étant tardivement élevé au cardinalat en 1911. Fils du marquis Eugène de Cabrières, un contre-révolutionnaire gardois dont le nom fut associé aux excès politico-religieux de la Terreur blanche de 1815, le futur prélat, né en 1830, s’attacha dès l’enfance au légitimisme et à un catholicisme de combat, antiprotestant et ultramontain. Ces convictions ne purent que se renforcer sous l’influence de son protecteur à son entrée dans les ordres, l’abbé d’Alzon. Il ne cessa de les manifester jusqu’à sa mort, ce qui occasionna même quelques tensions avec Léon XIII à l’époque du «ralliement», guère goûté par un légitimiste dévoué aux Orléans depuis la mort du comte de Chambord, et lié par la suite à Maurras et à l’Action Française. Il contribua d’ailleurs à atténuer la portée de la condamnation du théoricien du nationalisme intégral, en 1914 – Rome la tint secrète jusqu’en 1926 – évitant ainsi aux royalistes catholiques un choix douloureux. Entre-temps, son active opposition à la loi de séparation de 1905 n’avait pu que renforcer son hostilité à la République. La guerre mondiale apaisa cependant ses relations avec le régime. Ce nationaliste féru d’histoire, au point de se faire enterrer avec une Histoire de France, s’engagea pleinement dans l’Union Sacrée, et noua de cordiales relations avec des responsables républicains, dont Alexandre Millerand.

Le plan combinant progression chronologique et exposition thématique révèle une ambition plus vaste que le simple portrait d’un prélat profondément engagé dans les luttes partisanes. Gérard Cholvy, spécialiste reconnu d’histoire religieuse contemporaine, qui avait déjà consacré de nombreux ouvrages ou articles au personnage, au diocèse de Montpellier et au catholicisme français durant cette période, cherche à resituer Mgr de Cabrières dans l’ensemble des débats religieux de son temps, sur lesquels l’auteur fait un point souvent éclairant, parfois touffu, toujours informé. Ainsi il analyse les relations de l’évêque ultramontain avec le siège pontifical, et son attachement particulier à la figure de Pie IX, ou retrace ses relations ambiguës avec les catholiques sociaux, parmi lesquels il fut abusivement rangé en raison de son fait d’armes majeur, le soutien apporté à la révolte viticole de 1907 lorsqu’il fit héberger les manifestants dans les églises de Montpellier, avec sans doute l’espoir que cela débouche sur une «révolte contre Marianne».

Son attitude réactionnaire se manifesta également à travers sa lutte contre le modernisme. Les dernières pages particulièrement réussies de l’ouvrage nous rappellent cependant que tout conservatisme accorde une certaine place à la modernité, voire à l’innovation, perceptible en l’occurrence dans sa valorisation du rôle des femmes au sein de l’Eglise. Profondément engagé dans ces débats, qui l’entraînaient dans de fréquents déplacements et nécessitaient un travail intellectuel soutenu, l’évêque s’attacha moins à la gestion d’un diocèse confronté aux difficultés caractéristiques de cette époque : très faible pratique religieuse masculine, crise du recrutement, particulièrement après 1900, problème du denier du culte après la Séparation…

L’on peut regretter que les contraintes éditoriales n’aient guère permis à l’auteur de préciser par des notes ses sources et références abondantes, ni d’étoffer une bibliographie succincte. Cependant, la riche iconographie et l’index précieux facilitent la lecture d’un ouvrage qui contribue à la compréhension des milieux catholiques au cours du long XIXe siècle, et à celle de cette vieille France dont Mgr de Cabrières fut l’un des derniers représentants.


Pierre Triomphe
( Mis en ligne le 06/09/2007 )
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