L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Science Politique  
 

Une intéressante comparaison
Suzanne Berger   Notre première mondialisation - Leçons d'un échec oublié
Seuil - La République des idées 2003 /  10.50 € - 68.78 ffr. / 96 pages
ISBN : 2-02-057921-9
FORMAT : 14x21 cm

Traduit de l'américain par Richard Robert.

L'auteur du compte-rendu : Après un DEA d'Histoire à Sciences-Po et un DEA de Sciences politiques, Dominique Margairaz est actuellement doctorant à l'IEP de Paris où il travaille sur les rapports entre les historiens et le nationalisme à la "Belle Epoque".

Imprimer

Cet essai de Suzanne Berger, politologue américaine, professeur au MIT de Cambridge, rappelle que ce qui aujourd'hui porte le nom désormais banalisé de "mondialisation" avait déjà largement commencé durant la période cruciale 1870-1914, engendrant le développement exponentiel du capitalisme international, l'essor de mouvements migratoires colossaux et d'avancées techno-scientifiques majeures.

La nouvelle «modernité» telle qu'on la définit à l'heure actuelle, à l'aube du XXIe siècle, puise sa source dans les événements de la fin du XIXe et le début du XXe siècle. L'Etat, la science, la démocratie libérale, la finance internationale, l'uniformisation culturelle "bourgeoise" se structurent et façonnent définitivement le devenir du monde. L'auteur cherche à replonger dans cette époque afin de trouver des éléments de comparaison avec ce que nous vivons actuellement. La mondialisation s'apparente au nouveau visage d'un projet déjà ancien lié à l'idéologie du progrès et qui serait sa consécration tant sur le plan économique que politique. Pourtant, au moment où l'on semble sur le point de concrétiser ce dessein, l'inquiétude et les conflits guettent jusqu'à semer le trouble dans les consciences.

L'auteur évoque le délitement progressif du compromis démocratique de contrôle du capitalisme par les Etats, que ce soit en Europe ou aux Etats-unis. L'expérience du "capitalisme euphorique et sauvage" des années 20 aux Etats-Unis, a conduit le pays à la catastrophe lors de la crise de 1929. De nos jours, le rêve d'un capitalisme néo-libéral mondialisé et débridé resurgit sous une nouvelle forme et ébranle les cadres de vie étatique traditionnels, les normes sociales, nationales, locales et familiales. S. Berger étudie plus précisément le cas de la France entre 1870 et 1914 : elle montre comment la vieille nation participe à l'ouverture économique des frontières par le truchement d’investissements financiers, notamment en Russie tsariste, qui vont se révéler coûteux à la suite des révolutions de 1905 et 1917. Elle ajoute que la règle de mobilisation massive des capitaux vers l'étranger sert essentiellement le retour sur investissement à court terme et ne se fonde pas sur une vision durable de l'avenir économique. La spéculation internationale l'emporte promptement sur l'idéal national productif.

Pourtant, à l'instar de la première mondialisation, l'épisode du 11 septembre 2001 a souvent été interprété comme un premier signe contraire à la poursuite de ce projet global. La tension internationale, les conflits entre pays du Sud, les oppositions idéologiques radicalisées au sein de pays longtemps stabilisés depuis 1945, avivent le besoin de sécurité publique dans un univers qui aspire à abolir les frontières. La Première Guerre mondiale et les années qui suivent ont marqué un retour au protectionnisme, au repli national, à l'autarcie économique par rapport à la dimension internationale : la contraction du communisme en URSS en est un bon exemple.

La mondialisation actuelle représente un enjeu fondamental pour la gauche réformiste qui accepte la tendance générale tout en souhaitant en réguler les effets les plus abusifs pour la cohésion sociale. Mais Suzanne Berger évoque qu'au cours de la période 1870-1914, l'Etat étoffait progressivement ses attributions sociales, économiques et militaires. Les thuriféraires de la première mondialisation pensaient que l'enrichissement économique était le seul préalable à une coopération politique et à l'établissement d'une paix définitive. A cette époque, la question : "la mondialisation conduit-elle inexorablement à la paix ?" était déjà d'actualité.

La politologue estime que cette première mondialisation restait compatible avec la démocratie. Elle interpelle les mémoires au sujet de ce premier échec historique : la Première Guerre mondiale prouve que l'intégration économique n'engendre pas spontanément un ordre mondial fondé sur les échanges pacifiques entre les nations. L'auteur tente alors de poser la question de la compatibilité entre capitalisme et démocratie tandis que la démocratie libérale souffrirait paradoxalement de sa «victoire» de 1989.

C'est là un essai intéressant même si sa thèse reste classique. Ce livre a l'avantage d'envisager une période qui ressemble beaucoup à la notre et avec laquelle il faut davantage se confronter pour éclaircir les interrogations qui nous assaillent à l'orée d'un siècle s’annonçant turbulent.


Dominique Margairaz
( Mis en ligne le 21/11/2003 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Le Mythe du Fossé Nord-Sud
       de Yves Montenay
  • 11/9
       de Noam Chomsky
  • Mike contre-attaque !
       de Michael Moore
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd