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L’Apocalypse selon Saint Žižek
Slavoj Zizek   Vivre la fin des temps
Flammarion - La Bibliothèque des Savoirs 2011 /  29 € - 189.95 ffr. / 577 pages
ISBN : 978-2-08-124947-9
FORMAT : 15,2cm x 24cm

Traduction de Daniel Bismuth
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Slavoj Žižek (né en 1949) est un auteur prolifique et déstabilisant. Ce philosophe et psychanalyste slovène a reçu son doctorat de philosophie de l'Université de Ljubljana et a étudié la psychanalyse à l'Université de Paris VIII. Auteur de plus d’une dizaine d’essais aussi divers qu’iconoclastes, tels Le Spectre rôde toujours (2002), La Subjectivité à venir (2004), Plaidoyer en faveur de l'intolérance (2004), Bienvenue dans le désert du réel (2007), Fragile absolu, Pourquoi l'héritage chrétien vaut-il d'être défendu ? (2008), il est réputé aussi pour ses travaux sur Jacques Lacan.

Slavoj Žižek écrit donc sur des sujets très divers comme le fondamentalisme, la tolérance, le politiquement correct, la mondialisation, la subjectivité, les droits de l’Homme, le cyber-espace, le postmodernisme, le multiculturalisme, le marxisme. Et son dernier essai n'échappe pas à cette règle. Vivre la fin des temps est un livre répertoriant l’esprit de notre époque dans ce qu’il a, selon lui, de plus spécifique.

L'auteur explique dans son introduction le plan de son imposant ouvrage : «Le chapitre premier – déni - analyse les modes prédominants de l’occultation idéologique ; il couvre un spectre allant des dernières surproductions hollywoodiennes à l’apocalyptisme fallacieux (déplacé) qui empreint des mouvements obscurantistes comme le New Age, etc. Le chapitre deuxième – colère – traite des protestations violentes contre le système global, et de l’essor du fondamentalisme religieux en particulier. Le chapitre troisième – marchandage – se centre sur la critique de l’économie politique, avec un plaidoyer pour la réhabilitation de cet ingrédient clé de la théorie marxiste. Le chapitre quatrième – dépression – décrit l’impact de l’effondrement à venir sous ses aspects les moins souvent pris en compte, dont, entre autres, l’apparition de nouvelles formes de pathologies subjectives (la montée en puissance du sujet «post-traumatique»). Pour finir, l’enjeu du chapitre cinquième – acceptation – consiste à discerner les signes d’une subjectivité émancipatrice émergente, et, à isoler les germes d’une culture communiste dans toute sa diversité, y compris les utopies littéraires et autres (de la «communauté des souris» de Franz Kafka au collectif de surdoués déjantés que présente la série télévisée Heroes). A cette charpente élémentaire s’ajoutent quatre interludes, chacun constituant une variation sur le thème du chapitre précédent» (p.14).

Comme à son habitude, Slavoj Žižek emprunte ses exemples dans les domaines les plus divers, de Lacan aux derniers films hollywoodiens. Si cet essai est aussi riche que touffu, et même si l’on s’y perd un peu, voici une synthèse sur les vingt années de déconstruction capitaliste et sur l'apparition de la crise écologique. Parmi les thèmes abordés : le champ de bataille idéologique, Hollywood, la fiction, le théologique et le politique, la position de Kant, Hegel, Marx ou Lacan face au postmodernisme, ou encore la question de la subjectivité révolutionnaire et même l'architecture.

Le titre du livre n'est pas une apologie de l'apocalypse ou une prédiction catastrophique : Slavoj Žižek analyse cette fin de temps non au sens de la catastrophe mais dans celui de révélation (ce que veut dire apocalypse dans son sens premier) même si l'humanité ne peut plus vivre sur un tel rythme de consommation. Le philosophe essaye avec un certain brio d'autopsier le capitalisme dans tous ses tenants et aboutissants, dans toutes ses mutations. Son point de mire est bien les dégâts opérés par celui-ci : la détérioration écologique, la réduction biogénétique des humains à des machines manipulables, et un contrôle numérique total sur nos vies. Vaste programme que l’essai embrasse brillamment.

Par ailleurs, le philosophe entreprend de démonter le réseau inextricable que le capitalisme a essaimé pour mieux enserrer l’individu dans ses mailles. Il pense ainsi que le multiculturalisme est une fausse réponse au problème du racisme, d'une part parce qu'il est une sorte de racisme désavoué qui respecte l'identité de l'autre mais qui l'enferme dans son particularisme. Il pense que c'est une sorte de néocolonialisme qui, à l'inverse du colonialisme classique, «respecte» les communautés mais du point de vue de sa posture d'universalité. D'autre part, sa tolérance est un leurre qui dépolitise le débat public, renvoyant les questions sociales aux questions raciales, les questions économiques aux considérations ethniques.

Žižek ne croit guère à tous ces combats postmodernes (ouverture d'esprit, tolérance absolu, mariage gay) qui ne sont qu'une excroissance du capitalisme postmoderne destiné à cacher les profonds changements sociétaux qu'il opère et ce afin de métamorphoser l'individu en électron libre de toute identité, de le déstructurer en profondeur, autrement dit de le ''désymboliser'', pour employer un terme psychanalytique.

Voilà le vaste plan de cet ouvrage, faisant feu de tout bois, œuvrant autant d’une façon macroscopique que microscopique. Car Žižek, en apparence, est un trublion fort paradoxal, souvent là où on ne l’attend pas. Il critique férocement le postmodernisme et le multiculturalisme tout en prônant une sorte de révolution postcommuniste. C'est-à-dire l'idée d'un véritable communisme, mais plutôt celui de Kafka que celui de Staline, celui de d'Erik Satie que celui de Lénine ! On laisse la surprise aux lecteurs. Cet ouvrage, parfois confus, bardé de citations et de références (souvent à Jacques Lacan), est de la sorte aussi jubilatoire que déconcertant.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 05/07/2011 )
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