L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Sociologie / Economie  
 

Diafoirus ET Trissotin ?
Jeannine Verdès – Leroux   Le Savant et la politique - Essai sur le terrorisme sociologique de Pierre Bourdieu
Le Livre de Poche - Biblio essais 2002 /  19.39 € - 127 ffr. / 222 pages
ISBN : 2253943347
Imprimer

Pierre Bourdieu, mort en janvier 2002, est peut-être aujourd’hui le sociologue français contemporain le plus lu, et en tout cas dont l’oeuvre a le plus de poids politique. Le titre de cet essai critique (publié pour la première fois en 1998) sur le travail de Pierre Bourdieu est un détournement de celui de l’opus majeur de Weber, Le savant et le politique, qui posait notamment les principes d’éthique de conviction et d’éthique de responsabilité. La première ne se préoccupe que du principe moral présidant à l'action sans se soucier des conséquences, alors que pour la seconde seul compte le résultat. Ce détournement du titre wéberien pose donc d’emblée l’hypothèse de Jeannine Verdès-Leroux : Bourdieu qui se prétend scientifique avant tout, entretient des rapports ambigus avec la politique - et ses forts peu scientifiques impératifs d’efficacité. Bref, elle doute que le scientifique et le politique puissent mener si bon ménage, sans conséquences négatives pour l’un comme pour l’autre des champs.

«Il peut paraître audacieux, voire prétentieux, et peut-être inutile, de montrer les limites de apports de la sociologie de Pierre Bourdieu et le poids d’erreurs que contiennent ses leçons de méthode», annonce l’auteur, en préliminaire à sa charge. Comme Bourdieu, Jeannine Verdès-Leroux est solidement dotée en «capital culturel, social et symbolique». Lorsqu’elle évoque la dialectique de Bourdieu, elle est en effet souvent pertinente, et généralement drôle – mais comme on peut l’être en moquant une pensée par des citations prises hors contexte. Elle n’en démontre pas moins, textes à l’appui, que Bourdieu n’a pas peur de ne pas se faire comprendre, tant sa rhétorique peut être absconse et tautologique. Et cet aspect est peut être moins trivial qu’il pourrait n’y paraître, car le propos de Bourdieu étant de nommer l’oppression sociale, si ses définitions se révèlent incompréhensibles ou vagues, c’est sa théorie entière qui s’en trouve ébranlée. Ou du moins sa prétention à la scientificité.

Le portrait que Jeannine Verdès-Leroux dresse est sans complaisance : elle montre un jeune chercheur assoiffé de travail et surtout, de reconnaissance sociale, qui tente de systématiser, de théoriser ses propres complexes pour démonter la machine de la domination sociale, qui est non seulement économique, mais plus encore culturelle. A la lecture de ce portrait dans lequel le Diafoirus le dispute au Trissotin, l’idéologue se combine au Précieux ridicule, les impressions sont mêlées ; querelle de chapelle entre intellectuels, ou juste retour (de l’exercice critique) à l’envoyeur ? Une seule certitude, face à la réification de la pensée de Bourdieu par ses adeptes, on ne peut que penser à la création de l’idéologie marxiste après la mort de l’auteur du Capital – précisément.


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 16/01/2003 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd