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Histoire & Sciences sociales  ->  Sociologie / Economie  
 

Cette discipline polymorphe
Massimo Borlandi   Raymond Boudon   Mohamed Cherkaoui   Bernard Valade    Collectif   Dictionnaire de la pensée sociologique
PUF - Quadrige - Dicos Poche 2005 /  39 € - 255.45 ffr. / 770 pages
ISBN : 2-13-051689-0
FORMAT : 15,0cm x 20,0cm

L'auteur du compte rendu: Chercheur au CNRS (Centre d'analyses et de mathématiques sociales - EHESS), Michel Bourdeau a publié divers ouvrages de philosophie de la logique (Pensée symbolique et intuition, PUF; Locus logicus, L'Harmattan) et réédité les conclusions générales du Cours de philosophie positive (Pocket) ainsi que l'Auguste Comte et le positivisime de Stuart Mill (L'Harmattan).
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Le public, et partant les éditeurs, sont friands de dictionnaires ou d'enclyclopédies. La raison par alphabet, que peut-on souhaiter de mieux ! Dans le domaine des sciences humaines, les P.U.F. se dont donc lancées depuis quelque temps dans un vaste programme, dont le dernier né est ce Dictionnaire de la pensée sociologique.

Un ouvrage de ce type n'est bien entendu pas fait pour être lu d'une traite. Il n'est pas interdit pour autant de chercher une certaine unité dans ces quelques quatre cents entrées, rédigées par plus de deux cent vingt collaborateurs, dont près d'un tiers d'étrangers. Fort heureusement, l'avant-propos s'explique sur les principes qui ont présidé à l'élaboration du volume. Dictionnaire de la pensée sociologique, le titre est clair et il ne faut pas y chercher trop de détails sur le métier de sociologue, sur la collecte des données (enquête de terrain ou travail de bibliothèque) à quoi celui-ci passe une bonne partie de son temps. La sociologie y est prise en tant qu'elle a l'ambition de produire un savoir. Bon nombre d'entrées porte donc sur des concepts ou des théories. L'ouvrage fait toutefois une large place à l'histoire. Les institutions n'ont pas été oubliées et, à côté des notices biographiques sur les grands noms (Durkheim, Weber, Pareto, etc.) et les moins grands (Tarde, Titmuss, Ward, et des dizaines d'autres), on en trouve d'autres sur l'Année sociologique, l'Ecole de Lausanne ou le Zeitschrift für Sozialforschung.

Le reste des entrées se laisse tant bien que mal ranger sous deux rubriques. Dans certains cas, il s'agit de présenter les divers sous-domaines qui composent le panorama actuel de la sociologie. C'est l'objet d'articles comme : art, santé, sport, sexualité, science, religion, travail, sans oublier les nouveaux venus comme : genre ou incivilité.

Une attention toute particulière est accordée aux rapports que la sociologie entretient avec les disciplines voisines. Histoire, biologie, économie, démographie, anthropologie, géographie, psychanalyse, psychologie sociale, philosophie, mathématiques sont ainsi passées tour à tour en revue. Les frontières qui séparent la sociologie de ces diverses disciplines sont en bien des endroits difficiles à tracer. Selon quels principes la sociologie politique, la philosophie politique et la science politique se partagent-elles l'étude des phénomènes du même nom ? Dans bien des cas, les frontières sont artificielles, résultent de rivalités institutionnelles ou personnelles dont on chercherait en vain sur quelles distinctions objectives elles se fondent. Un travail de clarification conceptuelle était donc particulièrement salutaire. La répartition entre les différentes entrées n'allait pas de soi et, si l'article Biologie et sociologie contient des lacunes, c'est tout simplement que ce qu'on pouvait s'attendre à y trouver est traité ailleurs, par exemple aux entrées : darwinisme social ou organicisme. De même, était-il nécessaire d'avoir deux entrées : arithmétique politique et mathématique sociale ? Réflexion faite, le choix se justifie d'un point de vue historique, les deux expressions n'ayant eu ni la même origine ni la même postérité. De façon générale, il est bien connu qu'aucun découpage n'est totalement satisfaisant et le système de renvois qui complète chaque article permet de retrouver aisément l'information manquante. Signalons l'absence de la linguistique. Le langage est pourtant le phénomène social par excellence. L'article consacré à Sapir rappelle brièvement à quel point l'expérience de linguiste a été pour lui déterminante. Cela vaut pour toute l'anthropologie culturelle nord américaine et l'on sait le parti qu'en a tiré Lévi-Strauss. Il y a une sociolinguistique, au même titre qu'il existe une psycholinguistique ou une sociobiologie.

Ce qui ressort peut-être de l'ensemble, c'est la part du lion que se taille l'individualisme méthodologique et la théorie du choix rationnel. Le thème du premier article prend à cet égard une valeur symbolique, puisqu'il traite de l'action. L'entrée la plus longue, semble-t-il, est celle consacrée à la rationalité (huit pages) et l'on peut se demander dans quelle mesure cela est compatible avec l'idée, exposée ailleurs, selon laquelle la sociologie proposerait des explications irrationnelles là où les philosophes seraient enclins à invoquer la rationalité. On se demandera surtout dans quelle mesure cela reflète une situation objective de la sociologie aujourd'hui et dans quelle mesure par conséquent cela reflète les orientations des éditeurs.

La sociologie n'intéresse pas que les sociologues. Tous ceux qui cultivent les disciplines limitrophes ont souvent besoin d'un renseignement, historique ou conceptuel, et ils trouveront dans cet ouvrage réponse à bien des questions qu'ils se posent. En moins de huit cent pages, et pour un prix somme toute modique, le lecteur dispose d'un aperçu complet et suggestif sur cette discipline polymorphe.


Michel Bourdeau
( Mis en ligne le 31/10/2005 )
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