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Les enjeux du Tiers paradigme
Alain Caillé   Dé-penser l'économique - Contre le fatalisme
La Découverte - Recherches 2005 /  23 € - 150.65 ffr. / 246 pages
ISBN : 2-7071-4518-1
FORMAT : 14x22 cm

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.
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Le titre frappe par son astuce mais aussi et surtout par son exigence. "Dé-penser" ne signifie pas en effet dé-nier l'économique. Il ne s'agit pas de se placer dans une posture à partir de laquelle on peut refuser toute forme de validité ou de réalité à l'économique, tel que nous l'envisageons aujourd'hui. "Dé-penser" signifie bien plutôt se dé-partir, analyser et revenir sérieusement sur une croyance fondamentale, une croyance fondatrice selon laquelle nous sommes tous des Homo oeconomicus. Alain Caillé, chef de file du mouvement du MAUSS, mouvement anti-utilitariste en sciences sociales, place donc l'essentiel de son interrogation sur un plan anthropologique.

En 2000, il publiait Anthropologie du don, ouvrage dans lequel il exposait ce qu'il nomme le tiers paradigme. Critiquant en effet l'Homo oeconomicus (premier paradigme) et les différents développements d'analyses de la conduite rationnelle, et l'approche holiste (deuxième paradigme), qu'elle soit fonctionnaliste, structuraliste ou culturaliste, Alain Caillé défendait le paradigme du don, que Marcel Mauss, dans l'héritage d’Emile Durkheim, a théorisé dans son fameux Essai sur le don, publié en 1924.

Avec cet ouvrage, l'auteur insiste sur les enjeux politiques de cette approche. Constitués d'articles écrits à des périodes différentes, l'essai comprend tout d'abord une analyse des catégories à travers lesquelles l'économique nous apparaît aujourd'hui, ce qui fait sa "réalité". La richesse, l'échange, le bonheur, le marché, ses liens avec le capitalisme et la démocratie sont autant de termes que l'auteur resitue dans une abondante littérature. La perspective anthropologique vise à préciser ce qu'est l'homme. "L'essentiel semble davantage atteint par une autre représentation, qui raisonne en termes d'être [et non en termes d'avoir, comme dans la perspective utilitariste la plus répandue] et qui voit l'homme non pas comme le support de besoins satisfaits par des choses (ou des services pensés sur le modèle des choses), mais comme un sujet pris dans des relations avec d'autres sujets, défini par celles-ci plus que par les biens (ou les sujets objectivés) qu'il consomme – un sujet constitué dans l'intersubjectivité."

Reprenant la thèse de Marshall Sahlins (auteur de Age de pierre, âge d'abondance) pour qui la différence entre les sociétés traditionnelles et les sociétés modernes n'est pas tant dans le degré d'abondance que dans celui de la recherche illimitée de la richesse, Caillé tente de resituer historiquement l'autonomisation de l'économique, le passage historique de l'échange traditionnel – "dans lequel le marché ne s'empare pas de la production, qui reste subordonnée aux cadres sociaux traditionnels" – à l'échange marchand.

Cet avènement du marché a pu être étudié dans des perspectives fort différentes. Caillé propose ici une lecture critique de deux approches célèbres. Pour Braudel, le marché a toujours existé, il peut même apparaître sous sa plume comme naturel et quasiment spontané. Pour Polanyi, à l'inverse, le marché est une novation récente, construite historiquement. Dans des "considérations intermédiaires", Caillé propose de partir de définitions plus précises, pour déplacer légèrement le questionnement. Selon lui, s'il peut y avoir coexistence de types d'échanges différents, il reste que le marché est une sorte de virtualité qui a toujours besoin d'un contexte spécifique pour devenir dominant. Or cette "actualisation-autonomisation est fonction de l'ordre politique". C'est donc le lien et le degré de subordination du politique à l'économique qui reste la donnée fondamentale à partir de laquelle on peut et doit réfléchir à des modèles alternatifs. Pour Caillé, il ne suffit pas en effet de parler d'une "autre richesse", de vouloir redéfinir les indicateurs de richesse, comme le PIB par exemple, pour sortir des ornières de l'économique.

L'approche de l'auteur est donc fondamentalement politique et permet de mieux saisir l'infondé de certains discours sur les "réalités" de l'économie contemporaine pour mieux sortir du fatalisme ambiant.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 16/05/2005 )
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