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Pour une réforme de la gestion de l'épargne
Patrick Artus   Marie-Paule Virard   Le Capitalisme est en train de s'autodétruire
La Découverte - Poche 2007 /  6.50 € - 42.58 ffr. / 142 pages
ISBN : 978-2-7071-5199-5
FORMAT : 12,5cm x 19,0cm

Première publication en octobre 2005 (La Découverte).

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.

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Si le titre de l'ouvrage est un peu choc, le propos des auteurs consiste plus sobrement à souligner les phénomènes actuels qui représentent, à terme, "une sorte de processus d'autodestruction du capitalisme".

Patrick Artus et Marie-Paule Virard n'annoncent donc pas la fin du capitalisme ou son dépassement ; ils critiquent simplement et sérieusement ses excès actuels et plaident pour une réforme de la gestion de l'épargne. "Notre propos n'est donc pas de condamner le capitalisme, mais de tirer la sonnette d'alarme." Le point critique peut s'énoncer simplement : la gestion de l'épargne est aujourd'hui obnubilée par des rendements très élevés de courts termes ce qui empêche de plus en plus les investissements de longs termes de se réaliser et donc menace la croissance future.

L'opinion publique s'émeut depuis quelques temps déjà du décalage ahurissant entre la précarisation de l'emploi, la pression à la baisse sur les salariés les plus modestes et les sommes fantastiques versées aux "grands patrons". Entre les golden hello (les primes d'arrivée) et les "retraites chapeaux", sans parler de la distribution des stock-options, la rémunération des cadres dirigeants atteint des sommets historiques, tout comme la distribution de dividendes, au moment même où, mondialisation oblige, salaires et conditions de travail se détériorent.

Un premier point intéressant est de souligner que, sans nier la concurrence des pays émergents (entre 1994 et 2004, la part de ces pays dans le commerce mondial est passée de 20 à 30%), certaines études permettent de relativiser son importance dans les pertes d'emploi. Ce contexte ne peut donc justifier toutes les difficultés d'emploi et de rémunération. Ce qui amène les deux auteurs à penser que "le principal frein à l'augmentation du pouvoir d'achat, c'est… le chômage".

La déformation du partage salaires/profits entretient un cercle vicieux de croissance faible d'autant plus néfaste que certaines comparaisons internationales permettent de lier les rythmes de croissance à la demande interne des ménages. Cette situation est d'autant plus dommageable que les taux d'investissement sont faibles, malgré des gains de productivité. La question posée n'est donc pas celle de voir des entreprises réaliser des profits importants ; elle est de comprendre ce qu'elles en font.

C'est sur ce point central qu'il faut entendre le propos des auteurs : comprendre comment et pourquoi une épargne importante n'arrive pas, ou de moins en moins, à s'investir dans des projets de longs termes. Or précisent-ils, "un capitalisme sans projet est condamné à s'autodétruire". Pour les auteurs, qui excluent une simple augmentation générale des salaires, qui ne tiendrait pas assez compte des difficultés spécifiques du travail non qualifié, la question centrale est celle des mécanismes de gestion de l'épargne.
Leur analyse de ces mécanismes, parfois un peu technique, les amène à critiquer la dictature actuelle des taux de rendement de 15%, intenables à long terme. Entre la publication trimestrielle des comptes, la mise en place des nouvelles normes comptables, les logiques de "mimétisme rationnel" des investisseurs institutionnels, etc., on arrive à un paradoxe malsain et potentiellement mortifère : des grands groupes, pourtant largement désendettés, abandonnent des projets dont la rentabilité est jugée trop faible par rapport aux exigences actuelles. Et les auteurs d'insister : "cette évolution du capitalisme vers la "production" de profits qui ne suscitent ni investissements rentables ni revenus consommables est inquiétante." Loin du mythe du petit actionnaire, les auteurs soulignent la responsabilité de l'intermédiation croissante de l'épargne, toujours plus court-termiste, dans ces évolutions et plaident pour certaines réformes qui visent à restituer à chaque type d'investisseurs son "horizon temporel naturel".

L'intérêt de l'ouvrage est donc de rappeler que s'il existe des distorsions importantes entre l'enrichissement des uns et les difficultés des autres, aucune loi économique ne peut les justifier. Plus encore, ces évolutions ne sont pas condamnées par les auteurs à partir d'un simple souci de justice sociale (même s'il ne semble pas absent) que l'on pourrait trouver illusoire et dépassé au regard des "contraintes de la mondialisation" ; elles le sont parce qu'elles condamnent elles-mêmes les appareils productifs de nos pays. On lira donc avec intérêt cet ouvrage qui tire sa force de la modération de son propos et de l'intelligence des mécanismes présentés.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 28/04/2007 )
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