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Histoire & Sciences sociales  ->  Historiographie  
 

Que voient les historiens ?
François Hartog   Evidence de l'histoire - Ce que voient les historiens
Editions EHESS - Cas de figure 2005 /  16 € - 104.8 ffr. / 285 pages
ISBN : 2-7132-2069-6
FORMAT : 12,5x19,5 cm

L’auteur du compte rendu : Philippe Poirrier est Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne. Il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages d’historiographie : Aborder l’Histoire (Seuil, 2000) et Les Enjeux de l’histoire culturelle (Seuil, 2004).
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François Hartog, directeur d’études à l’EHESS et membre du Centre Louis Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes, propose un recueil d’articles et de contributions, publiés de 1987 à 2004, dans des revues et ouvrages français et étrangers. La formule présente des avantages d’accessibilité. L’auteur a également procédé à une réécriture — qui n’estompe pas pour autant la marque du temps de la première édition — et à une actualisation des références bibliographiques, ce qui conforte la cohérence de l’ensemble. Ajoutons que la collection «Cas de figure» des Editions de l’EHESS a le mérite supplémentaire de nous proposer une édition de qualité dans un format de poche.

Elève de Pierre Lévêque, disciple de Jean-Pierre Vernant et de Pierre Vidal-Naquet, traducteur de Moses I. Finley — à qui ce recueil est dédié —, François Hartog, antiquisant de formation, a développé depuis sa thèse publiée en 1980 (Le Miroir d’Hérodote. Essai sur la représentation de l’autre) une œuvre originale qui associe historiographie ancienne et moderne. Les treize textes réunis dans ce volume témoignent de cet aller retour entre l’Antiquité et la période contemporaine. Ils permettent au lecteur de suivre un parcours de recherche et une démarche intellectuelle. La posture adoptée n’est pourtant pas celle de l’ego-historien. L’auteur se découvre peu au-delà de son parcours intellectuel.

L’«évidence de l’histoire» sert de fil conducteur au voyage dans le temps auquel nous convie François Hartog : quel est le statut du récit historique, de l’écriture historique ? Quelle place l’historien occupe dans la société ? C’est finalement à la construction d’une histoire du regard de l’historien que nous convie l’auteur. L’historiographe se fait historien du sensible. Hérodote, Thucydide, Polybe, Denys d’Halicarnasse d’une part, Augustin Thierry, Michelet, Fustel de Coulanges ; Claude Lévi-Strauss, Michel de Certeau d’autre part sont les guides que nous suivons au plus près des textes. La démarche relève de l’anthropologie historique et mobilise davantage les perspectives de la socio-histoire lorsqu’il s’agit de rendre compte de la conjoncture historiographique la plus contemporaine. L’écriture est précise, et permet souvent de saisir la démarche de l’auteur, ses hypothèses de travail, ses doutes et ses interrogations.

historia vient de l’épopée. L’enquête, centrale chez Hérodote, devient une véritable autopsie chez Thucydide. Ensuite la mise en récit devient la principale préoccupation. Pour longtemps, la définition de l’histoire comme narratio gestae rei s’impose. Les historiens du XIXe siècle s’ingénient à récuser la rhétorique et visent à faire entrer la discipline dans la voie de la science. La fin du XXe siècle est perçue par François Hartog comme le temps d’une remise en cause de l’évidence de l’histoire. Le défi narrativiste (Hayden White), la question des archives, les relations entre l’historien du temps présent et les témoins bousculent les anciennes certitudes d’une discipline qui semblait avoir réussi son tournant scientifique, sous l’égide des Annales. L’intérêt nouveau, très sensible à partir des années 80, pour l’épistémologie et l’historiographie souligne un changement de régime d’historicité ; «un avenir fermé, un futur imprévisible, un présent omniprésent et un passé incessamment, compulsivement visité et revisité» (p.234).

Ce recueil peut se lire comme un complément au volume Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps (Seuil, 2003) du même auteur. Il constitue une entrée commode pour appréhender l’œuvre de François Hartog. Il trouvera sa place dans la bibliothèque de tous ceux qui s’intéressent à l’historiographie, et plus largement de ceux qui s’interrogent sur les usages d’une discipline. Enfin, il constitue assurément, sous la forme d’escales, une esquisse à une histoire de longue durée : celle de l’historiographie occidentale et de son épistémologie.


Philippe Poirrier
( Mis en ligne le 24/11/2005 )
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