| Thucydide La Guerre du Péloponnèse (3 tomes) - Edition bilingue français-grec Les Belles Lettres - Classiques en poche 2009 /
Traduction de Jacqueline de Romilly
Notes de Claude Mossé
- Tome 1, Livres I et II, 404 p., ISBN : 978-2-251-80005-9
- Tome 2, Livres III, IV, V, 532 p., ISBN : 978-2-251-80006-6
- Tome 3, Livres VI, VII, VIII, 553 p., ISBN : 978-2-251-80007-3
13 l'unité.
L'auteur du compte rendu : Sébastien Dalmon, diplômé de lI.E.P. de Toulouse, est titulaire dune maîtrise en histoire ancienne et dun DEA de Sciences des Religions (EPHE). Ancien élève de lInstitut Régional dAdministration de Bastia et ancien professeur dhistoire-géographie, il est actuellement conservateur à la Bibliothèque Interuniversitaire Cujas à Paris. Il est engagé dans un travail de thèse en histoire sur les cultes et représentations des Nymphes en Grèce ancienne. Imprimer
Après lIliade et lOdyssée dHomère (2002), la collection «Classiques en poche» des éditions des Belles Lettres publie La Guerre du Péloponnèse de Thucydide en trois volumes (1 : livres I et II ; 2 : livres III, IV, V ; 3 : livres VI, VII, VIII). Son prédécesseur Hérodote na eu, quant à lui, pour linstant, que lhonneur de deux volumes, correspondant au livre II consacré à la description de lEgypte (2002) et au livre VI exposant notamment la bataille de Marathon (2007). Cette édition reprend le texte et la traduction de Jacqueline de Romilly, Louis Bodin et Raymond Weil dans la ''Collection des Universités de France'' (CUF), mais avec une introduction inédite par Claude Mossé, différente dans chacun des trois tomes. En annexes on trouve une bibliographie succincte de deux pages, des cartes différentes dans chaque volume et, dans le dernier volume, un très utile index des noms propres en grec ancien.
Thucydide est né entre 460 et 455 av. J.-C. dans une famille athénienne aisée du dème dHalimonte, propriétaire de mines dor en Thrace. Probablement lié à Cimon, et malgré les opinions aristocratiques de sa famille, il fut un admirateur de Périclès. Il fut élu stratège en 424, alors quAthènes et Sparte saffrontaient dans le conflit meurtrier de la guerre du Péloponnèse, qui sétendit de 431 à 404 av. J.-C. Incapable de repousser les Spartiates qui sattaquaient à Amphipolis, au nord de la mer Egée, il fut contraint de sexiler. Après avoir été acteur, il devint alors penseur. Il se consacra en effet à lécriture de lhistoire de la Guerre du Péloponnèse, uvre qui nous est parvenue incomplète (huit livres seulement). Thucydide inaugure véritablement le genre historique en tant que discipline rationnelle et quasiment scientifique, rompant avec les historiens qui le précédaient, et qui manifestaient un grand intérêt pour la mythologie et les généalogies. Il se démarque ainsi largement du goût dHérodote, le «Père de lhistoire», pour les récits merveilleux.
Son ouvrage peut être divisé en cinq parties. La première, que lon nomme souvent «Archéologie» (livre I), est centrée sur les premiers temps de la Grèce, et particulièrement sur lévolution dAthènes, qui devient le leader de la ligue de Délos et suscite la crainte des Péloponnésiens, crainte que Thucydide analyse avec justesse comme la cause réelle de la guerre. Dans la deuxième partie (livres II à IV, et début du livre V), il étudie la guerre dite dArchidamos (421-424), soulignant les causes immédiates du conflit, la stratégie des belligérants et analysant leur épuisement au bout de quelques années de guerre. On peut y lire la célèbre oraison funèbre des morts de la première année, prononcée par Périclès, auquel Thucydide rend un hommage appuyé. Mais lauteur évoque également lépidémie de peste, qui emporte le stratège athénien. Le conflit sétend, des crises internes se développent aussi.
La troisième partie (livre V) concerne létude de la paix de compromis, dite paix de Nicias (-421), et ses conséquences, car cest aussi le début dune période confuse, dominée par les intrigues dAlcibiade (qui passe à lennemi, Sparte, pour échapper aux procès dimpiété liés aux scandales de la mutilation des hermès et de la parodie des Mystères dEleusis) et la rébellion de lîle de Mélos. Dans la quatrième partie (livres VI et VII), Thucydide analyse lexpédition de Sicile, la reprise des conflits entre Athènes et Sparte et léchec de larmée athénienne. La dernière partie conservée (livre VIII) évoque les conséquences de cette expédition, ruineuse pour Athènes. Cest toujours Alcibiade qui domine la fin du récit : brillant orateur, ambitieux, il est le grand responsable de cette expédition qui sachève par la reddition catastrophique de la flotte et de larmée athénienne. A Athènes, loligarchie des Quatre Cents seffondre devant lopposition des Cinq Mille. Le récit prend fin abruptement, sans quait été réellement évoquée la restauration de la démocratie. La suite des opérations, cest Xénophon qui la rapporte dans le premier livre des Helléniques, ouvrage qui se présente comme une suite de luvre de Thucydide. On sest interrogé sur cette fin inachevée, mais luvre reste un document majeur pour lhistorien, ainsi que pour le politologue, le sociologue ou lanthropologue.
Sébastien Dalmon ( Mis en ligne le 02/02/2010 ) Imprimer | | |