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Raconter
Elie Buzyn   J'avais quinze ans. Vivre, survivre, revivre - Le récit inspirant d’une vie après Auschwitz
Alisio 2018 /  18 € - 117.9 ffr. / 157 pages
ISBN : 979-10-92928-73-0
FORMAT : 14,6 cm × 22,5 cm

L'auteur du compte rendu : Monika Boekholt a été psychologue, psychothérapeute, professeur en psychopathologie clinique et psychopathologie à l'université Paris 13.
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. «Tu dois tout faire pour rester en vie (…) et (…) raconter ce qui nous est arrivé». C’est à cette injonction maternelle prononcée, sans doute en yiddish, dans l’absolu dénuement du ghetto de Lodz au soir de sa bar-mitzvah, qu’a obéi Élie Buzyn tout au long de son existence après l’assassinat des siens : son frère Avram, abattu pour l’exemple le 7 mars 1940 sous les yeux de sa famille aussitôt dépossédée de tout bien, ses parents gazés dès leur transfert à Auschwitz le 21 aout 1944. Sa sœur et lui ont survécu.

Ni scoop ni pathos. Les modalités de l’extermination des juifs d’Europe étant désormais connues, le principal intérêt de ce récit très condensé, livré avec retenue, réside dans le sous-titre Vivre, survivre, revivre ; comment et où continuer à vivre après avoir traversé un pareil drame en pleine adolescence, sans compétences a priori particulières ; comment vaincre le ressentiment éprouvé envers la Pologne, pays d’origine — voire l’Europe tout entière —, perçu alors sur un mode persécutif comme un complice de l’antisémitisme radical au point d’en «oublier» la langue officielle ? Comment vaincre la tentation morbide par moment de rejoindre les siens, tant le chantier de la reconstruction paraît insurmontable ?

''Tu dois tout faire pour rester en vie !'' Cette parole intériorisée tint lieu de guide, la plus grande difficulté étant de «raconter» l’incroyable réalité du régime nazi et la crainte d’infliger aux proches une trop grande douleur. Des années de silence ont suivi les faits. Après, en bref, avoir connu plusieurs refuges à sa libération et sept années passées en Palestine à accomplir des tâches manuelles, avec de bonnes bases d’hébreu, Élie Buzyn décide à 25 ans de rattraper son retard scolaire — ses études ayant été interrompues à 11 ans à l’entrée du ghetto —, et de se présenter au baccalauréat, tout en travaillant, notamment à Oran, sans peser sur ce qui lui reste de famille. Puis, animé des valeurs de générosité et de partage apprises, surtout de sa mère, il entreprend des études de médecine en France. Il y deviendra chirurgien orthopédiste, un choix non anodin compte tenu de graves gelures subies lors de la «marche de la mort», guéries avec l’aide de ses compagnons de captivité de Buchenwald. À plusieurs reprises déjà, dès son arrivée sur la rampe de tri d’Auschwitz, au plus profond de l’abjection ambiante, il avait su discerner et partager des lueurs d’humanité, aussi ténues ou fugitives furent-elles, qui, non seulement ont contribué à sa survie mais ont permis de nouer des liens d’amitié durables.

Comme si ces défis ne suffisaient pas, ce père de trois enfants dont l’ainée est actuelle ministre des Solidarités et de la Santé sous la présidence d’Emmanuel Macron, grand-père de huit petits-enfants, courra aussi le marathon de Paris et celui d’autres capitales du monde et portera la flamme olympique. «Résilience», répond-il pour faire court, quand on lui demande comment il a pu en arriver là, une façon vague et pudique d’éluder toute confidence sur les véritables fondements psychiques d’une telle destinée.

Aujourd’hui âgé de 89 ans, Élie Buzyn, accompagnateur régulier des voyages à Auschwitz, consent à confier une trace écrite de son parcours. Le français est devenu sa langue principale d’écriture et de pensée qu’il maîtrise parfaitement, tout en conservant à travers l’expression orale l’accent des sonorités d’autrefois, cette petite musique intime de son identité, garante de la continuité d’exister en dépit des multiples ruptures.


Monika Boekholt
( Mis en ligne le 05/11/2018 )
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