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Indochine mon amour
Jon Swain   River of Time - Mémoires de la guerre du Vietnam et du Cambodge
Equateurs (Edition des) 2019 /  22 € - 144.1 ffr. / 317 pages
ISBN : 978-2-84990-632-3
FORMAT : 14,0 cm × 20,6 cm

Samuel Todd (Traducteur)
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. «C’est bien en Indochine que j’ai laissé la moitié de mon cœur» (Marcel Bigeard)

En 1995, Jon Swain (né en 1948) écrit ses mémoires de reporter de guerre. Journaliste au Sunday Time, Swain couvre la guerre du Vietnam puis celle du Cambodge de 1970 à 1975. Passionné d’exotisme et d’aventure, il écrit dès son arrivée au Vietnam : «Au début, j’étais tellement hypnotisé par la guerre que j’ai éprouvé des regrets lorsque le président Nixon annonça un retrait massif des forces américaines, craignant que cela se termine au moment de mon entrée en scène». Cet extrait résume assez nettement les intentions de l’auteur. Raconter les conflits indochinois certes, mais y distiller sa propre expérience humaine et son attirance quasi mystique pour ces contrées pleines de mystère et de beautés sensuelles. Tel un aventurier des temps modernes, Swain fait partager au lecteur sa passion pour l’Indochine et le Mékong, fleuve fascinant, envoûtant, y compris en période de guerre. Avec un goût prononcé pour le dépaysement romantique, durant ces cinq années, il se met en scène en journaliste fumeur d’opium, séducteur invétéré, aventurier courageux, amant passionné, otage inquiet, contemplateur nostalgique, témoin horrifié et observateur acharné. Ce sont la force et la limite de l’ouvrage car ces différentes postures impliquent une vision à la fois réaliste et romantique du conflit. A la lecture, on reste parfois circonspect devant un journaliste s’enivrant d’un paysage et éprouvant tant d’adrénaline en période de guerre ; car la mort parcours aussi l’ouvrage de manière saisissante.

Ce qui choque d’emblée, ce sont les descriptions abominables des combats et du génocide Khmer. L’auteur ne rechigne pas à décrire les soldats éventrés, les résistants torturés, les civils cambodgiens massacrés puis dévorés par leurs bourreaux, sans oublier les bébés jetés par-dessus bord pendant que les mères se font violer. Dans ce contexte insoutenable de violence et de combat, Swain rend compte des conflits, va au contact des populations touchées tout en coulant des jours heureux avec Jacqueline, son grand amour de guerre, quand ce n’est pas la fréquentation des bordels vietnamiens ou la descente touristique du Mékong.

D’une lecture agréable bien que lestée par un style très journalistique, ces mémoires ont pour intérêt de faire plonger le lecteur dans une époque vieille de 40 années, et l'atmosphère évanescente et tragique de pays ravagés par deux guerres aussi cruelles qu’inutiles. Le génocide Khmer apparaît de ce point de vue comme une réplique de l’ère nazie, fruit d'une idéologie mortifère, mensongère et impitoyable. Curieusement, c’est la détention de l'auteur par des guérilleros en Érythrée qui donne un dernier souffle puissant à cette épopée indochinoise !

River of time possède cette rare qualité d’offrir un vrai dépaysement littéraire, un récit orchestré par un homme à la fois cynique sur sa profession et marqué à vie par tant de crimes atroces. En cela, ce témoignage assez unique est une véritable curiosité. Pour celles et ceux qui veulent prolonger cette expérience indochinoise, le film La Déchirure de Roland Joffé (The Killing Fields, 1984) évoque le personnage de Jon Swain au moment où des journalistes occidentaux sont retenus à l’ambassade de France du Cambodge en compagnie du guide Pran ; ce dernier sera finalement déporté dans un camp Khmer duquel il s’évadera.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 09/09/2019 )
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