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Survivre et pardonner
Brigitte Exchaquet-Monnier & Eric Monnier   Noëlla Rouget - La Déportée qui a fait gracier son bourreau
Tallandier 2020 /  19,90 € - 130.35 ffr. / 253 pages
ISBN : 979-10-210-4482-1
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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Noëlla Rouget (née en 1919) et Adrien Tigeot (1923-1943) étaient jeunes et beaux dans les années 40. Ils allaient se marier et peut-être fonder un foyer. Ils furent arrêtés (sous le coup d’une dénonciation) par la Gestapo et incarcérés à la prison le Pré-Pigeon d’Angers. Adrien sera fusillé le 13 décembre 1943. Il écrira une lettre déchirante à Noëlla, que les auteurs ont reproduite. Sa jeune compagne sera déportée à Ravensbrück début 1944, après sa détention dans le camp de transit de Compiègne. Elle sera libérée en avril 1945 et rejoindra Kreuzlingen en Suisse pour sa convalescence, grâce à l’association de Geneviève de Gaulle.

Noëlla, de retour du camp en 1945, apprend la mort de son compagnon deux ans après son exécution. Elle rencontre le père de ses enfants dans la foulée et fonde une famille. En 1962, Jacques Vasseur (1920-2009) est arrêté après 17 années d’isolement, protégé par sa mère qui le cachait dans l’appartement du dessus. Il aurait participé à la dénonciation de dizaines de résistants dont Rouget. Il est incarcéré puis condamné à mort. Noëlla Rouget s’opposera fermement à ce jugement en demandant la grâce auprès du général de Gaulle qui la lui accorda. Le geste est beau, le pardon est puissant. Elle correspond ensuite avec le traitre, et ce dernier, bien que peu loquace, lui sera reconnaissant. A sa libération en 1983, ils n’auront plus aucun contact.

C’est l’histoire que nous content les deux auteurs de ce drame familial et historique. D’un côté, la force de caractère de Noëlla, à présent centenaire, qui, pudiquement, n’a pas publié ses mémoires ; elle a par contre donné des conférences et fait des interventions dans des écoles afin de transmettre son expérience terrifiante de déportée. De l’autre côté, le portrait d'une femme qui refuse en bloc de condamner à mort un être humain, précisément pour ne pas se mettre sur le même plan que ceux qui l’ont torturée et qui ont assassiné son compagnon. De confession catholique, elle reste ferme sur ses positions : seul Dieu a le droit de vie ou de mort sur un être humain. Le pardon doit accompagner en permanence une vision humaniste.

A travers ce récit bien documenté et de qualité historique, les deux auteurs ont voulu signaler cet exemple frappant pour traiter la résistance telle qu’elle existait dans le quotidien d’une ville de province : les risques que le groupe de Noëlla a encourus, l’anonymat de leurs actes héroïques, l’humilité de certains partisans, la déportation et pour beaucoup la mort effroyable qui en découlèrent. Le style sobre et efficace du texte confère à l’ensemble un aspect pédagogique dans le but, notamment, de sensibiliser les plus jeunes.

Peut-être aurions-nous préféré un livre plus âpre sur cette époque où la morale était bannie. Heureusement, il y eut des personnes comme Adrien et Noëlla pour faire ressurgir celle-ci, y compris après le conflit mondial. Cette «petite» histoire imbriquée dans la grande montre à quel point des hommes et des femmes de 20 ans se sont battus en se sacrifiant souvent pour de justes causes. Un bel hommage à ces martyrs innocents dont devraient peut-être s’inspirer nos jeunes générations enlisées dans des débats et polémiques désuets.


Simon Anger
( Mis en ligne le 30/09/2020 )
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