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L’amie du danger
. Titaÿna   Les Ratés de l’Aventure
Marchialy 2020 /  19 € - 124.45 ffr. / 234 pages
ISBN : 979-10-95582-57-1
FORMAT : 13,5 cm × 19,4 cm

Benoît Heimermann (Préfacier)
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Titaÿna, alias Elisabeth Sauvy (1897-1966), la sœur aînée d’Alfred Sauvy, est née dans une riche famille des Pyrénées Orientales. Elle est, très jeune, attirée par la liberté, féministe de la première heure, rare femme grand reporter entre les deux guerres mondiales. «Le suicide ne voulut pas de moi. La politique jusqu’à l’anarchie m’écoeura de son conformisme et de ses ambitions. Il me restait l’Aventure. Je décidai de la tenter. Je partis pour l’Océanie avec mille francs, deux valises et la résolution de ne plus remettre les pieds en Europe».

Elle a vingt trois ans lors de son départ pour le Pacifique. Isolée et solitaire, elle se révèle une journaliste intrépide, observatrice, et envoie ses articles à des journaux français, Vu, L’Intransigeant, ou Paris-Soir. Habillée en garçon, elle est engagée comme mousse sur une goélette et suit l’équipage à travers les îles ; elle rencontre les populations locales en se renseignant sur leur histoire et leurs coutumes. Elle se baigne le soir dans la rivière avec les Tahitiennes, assiste aux danses enfiévrées sur le sable... en buvant de l’alcool à fortes doses. Ce n’est pas un récit de voyage mais un témoignage moderne, pour l'époque, sur les indigènes et les colons, Européens partis faire fortune, pour la plupart sans succès, et ne survivant que grâce aux vices qui les rongent. Ces articles sont à mi-chemin entre romanesque et ethnographie, toujours critiques et justes.

Autant elle aime Tahiti et sa nonchalance amicale, autant Titaÿna assiste à l’enfer des mines de phosphates de Makatea, avec ses forçats innocents dans cette grande usine où les populations indigènes et les Annamites travaillent par cinquante cinq degrés et vivent dans des baraquements insalubres. Sur une autre île, sont confinés les lépreux aux plaies béantes et nauséabondes, en attendant la mort. Elle a l’impression d’errer, se lasse des paysages, ne connaît personne ; les conditions de vie dans ces lieux paradisiaques la déçoivent profondément et l’usent psychologiquement.

Elle se rapproche des impressions d’Alain Gerbault, explorateur contemporain de Titaÿna, qui, passé le choc émotionnel devant tant de beauté naturelle, constate que les pauvres sont partout exploités par les riches, sans aucun espoir. L’exotisme et les sensations fortes ont leurs limites. C’est la désespérance et la solitude, comme pour Isabelle Eberhart en Algérie, qui entraînent un repli sur soi, un désintérêt grandissant pour l’existence. En outre, le sort des femmes en Océanie révolte Titaÿna, elles ne sont que des objets de plaisir résignés. «Les observations que j’envoyais paraissaient indécentes en Europe où la question sexuelle est soumise à des lois différentes (…) J’avais perdu le contact avec mes semblables, je ne savais plus ce qui pouvait les intéresser ou les ennuyer. Mes notions du Bien et du Mal s’étaient transformées».

A une époque où les moyens de communication étaient réduits, éblouie au début par la nouveauté, la jeune journaliste perd ses repères et raconte son épopée une quinzaine d’années plus tard avec le recul nécessaire pour reconnaître l'échec de son aventure, comme chez beaucoup d’Européens. Elle était sûrement trop jeune pour s’assumer dans ce monde nouveau aux mœurs si relâchées, sans amitié et sans amour. Elle aura ensuite une vie bien remplie et fort originale, jusqu’à sa mort à San Francisco en 1966 ; elle aura passé là les vingt dernières années de sa vie.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 23/11/2020 )
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