| Laurent Delenne Sur les routes d'Europe avec Napoléon - Histoires de grognards
Centre vendéen de recherches historiques 2021 / 27 € - 176.85 ffr. / 424 pages
ISBN : 978-2-491575-04-5
FORMAT : 24,0 cm x 15,5 cm
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L’usage du téléphone aux paroles volantes, l’explosion de courriels à la conservation hasardeuse, tout comme la chute contemporaine du courrier et les aléas de son acheminement intervenus à l’occasion des récentes élections locales incitent l’historien à s’interroger sur cette source si séduisante pour lui qu’est «l’épistolaire» qui appartient au domaine des écrits du for privé également dit «Écritures du Moi», comprenant aussi journaux intimes et autobiographies. Avec ces documents, on touche tout autant à la vie quotidienne que l’on accède parfois à la littérature, puisque la lettre s’est souvent transformée en objet littéraire en raison du talent et de la notoriété de son auteur (Mme de Sévigné, pour ne citer que la plus célèbre), voire en composante de romans (Les Lettres persanes, Les Liaisons dangereuses, La Nouvelle Héloïse, Werther, et bien d’autres…). Mais, ordinairement, la lettre n'entre pas dans le domaine de la littérature parce qu'elle est instrument et non pas projet d'écriture ; elle nécessite alors un travail de contextualisation et d'explication historique et, à cette condition, contribue à une autre connaissance du passé. Nombreux en sont les exemples : les lettres d’Alfred Dreyfus à sa femme (Alfred et Lucie Dreyfus, "Écris-moi souvent, écris-moi longuement…, édition par Vincent Duclert, Mille et Une Nuits, 2005), des lettres de poilus, de bagnards, les correspondances adressées à Menie Grégoire et conservées aux Archives départementales d’Indre-et-Loire, autant de voix inconnues ou oubliées dont le timbre et le message ont été restitués et utilisés par les historiens pour leurs éléments informatifs.
Dans le cas présent, c’est l’épopée impériale, tant mythifiée par la littérature, qui est revisitée à travers les yeux de conscrits originaires des Deux-Sèvres et de la Vendée, dont les lettres qu’ils ont écrites à leurs familles ont été conservées aux Archives départementales des Deux-Sèvres ou en mains privées. Après un bref mais précis rappel de ce qu’était la conscription qui a concerné quelque 16 000 Deux-Sévriens de 1002 à 1814, dont une centaine a pu être rendu à la vie grâce à leurs correspondances, on y trouvera méthodiquement présentés en 17 chapitres la publication des plus significatives de ces lettres très soigneusement présentées et très généreusement illustrées : fraudeurs, déserteurs, remplacés et remplaçants, conscrits dont les destins singuliers sont vus à travers les événements de la vie quotidienne de ces grognards qui, quand ils reviennent, cherchent difficilement à faire valoir leurs services.
Grâce à ces échanges épistolaires à sens unique, on assiste à l’association du peuple à la «grande» histoire, telle qu’ont pu la vivre et l’écrire les soldats de l’Empire et telle que la recherche érudite permet, une fois encore, de la reconstituer. Ainsi continuent, grâce à la collecte de documents (souvent réalisée à l’occasion de commémorations), à cheminer de conserve histoire locale et histoire générale se vérifiant et se confortant l’une l’autre pour le plus grand profit des lecteurs.
Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 30/08/2021 )
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