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Histoire & Sciences sociales -> Témoignages et Sources Historiques |
| Pierre de Froment Un Volontaire de la Nuit Dans l'Enfer des Camps Nazis Lavauzelle - Renseignement, histoire et géopolitique 2005 / 23 € - 150.65 ffr. / 176 pages ISBN : 2.7025.1270.4 FORMAT : 14,8 x 21 cm
Édition établie et présentée par Robert Belot.
L'auteur du compte rendu : Sébastien Laurent, agrégé et docteur en histoire, est maître de conférences à lUniversité Bordeaux 3 et à Sciences-Po Paris. Il consacre ses recherches depuis plusieurs années aux services de renseignements militaires et policiers aux XIXe et XXe siècles dans le cadre dune histoire de lÉtat. Il est le fondateur de la section "Histoire & sciences sociales" de Parutions.com. Imprimer
Les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale ont vu de nombreux anciens déportés publier leurs souvenirs. La «littérature concentrationnaire» est devenue un quasi-genre littéraire portant haut les noms de David Rousset, Bruno Bettelheim ou encore Primo Levi, plus récemment Geneviève Anthonioz de Gaulle.
Certains ont analysé rationnellement leur «expérience» en tentant de comprendre, dautres lont simplement racontée afin de lutter contre loubli. En ce début de XXIe siècle, il nest presque plus de témoins survivants et il est peu probable que, parmi eux, de nouveaux témoignages écrits apparaissent désormais. Doù la nécessité de signaler Un volontaire de la nuit dans lenfer des camps nazis, et ce, à plus dun titre.
Ce bref témoignage, particulièrement dense, a en effet été rédigé à la fin de lannée 1946 alors que son auteur, Pierre de Froment, se reposait de sa déportation dans un sanatorium des Alpes. Écrit donc très peu de temps après les faits, il sagit là dun témoignage très précis de la part dun jeune officier entré en résistance en 1940, aux côtés de son camarade Henri Frénay, dans le mouvement de résistance «Combat» et arrêté à la suite dune dénonciation en janvier 1943. Une présentation fouillée de lhistorien Robert Belot éclaire le passé et le destin de ce personnage, entièrement silencieux sur lui-même dans le récit. Son martyre le mena de camp en camp pour aboutir à Mauthausen. Sa constitution physique le fit affecter alors dans un kommando de travail, au service de leffort de guerre allemand. Dans ce simple témoignage apparaît, en filigrane, un personnage étonnant : nulle acrimonie, nulle haine. Lauteur manifeste un anti-germanisme dont labsence aurait étonné mais il dénonce plutôt la dimension criminelle du système nazi quil ne retourne la haine des gardiens contre eux.
Lon y voit les stratégies de survie des uns et des autres, et lauteur se plaît à distinguer les caractères nationaux des «Français», des «Russes», des «Polonais»
On y voit aussi la résistance passive sexprimant dans les kommandos par le sabotage ou le ralentissement des cadences de travail. Ce témoignage fourmille danecdotes, dobservations précises qui restituent une part du quotidien concentrationnaire. La dernière partie qui évoque au printemps 1945, les longues marches mortifères pour échapper à lavancée soviétique, est la plus poignante. Il ny a là nulle littérature mais un récit qui entend au plus près, sans pathos, restituer une part de la réalité.
Sébastien Laurent ( Mis en ligne le 16/11/2005 ) Imprimer
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