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Histoire & Sciences sociales -> Géopolitique |
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Une nouvelle ambition pour un couple improbable | | | Stefan Martens Philippe Gustin France-Allemagne - Relancer le moteur de l'Europe Lemieux Editeur - 360° 2016 / 10 € - 65.5 ffr. / 98 pages ISBN : 978-2-37344-044-7 FORMAT : 11,5 cm × 16,5 cm
Bruno Le Maire (Préfacier) Imprimer
Respectivement Préfet et ancien Ambassadeur de France en Roumanie notamment, ainsi quancien Recteur de lacadémie de Guadeloupe et Professeur de civilisation allemande, Philippe Gustin et Stephan Martens ont dernièrement rédigé un très fécond essai sur les relations franco-allemandes. Préfacé par Bruno Le Maire, ancien Ministre, actuellement Député de lEure, louvrage se propose de repenser le couple franco-allemand. Cest en effet à ce prix lque e projet européen est susceptible de se remettre à aller de lavant et à progresser. Lentreprise est dune extrême actualité, tant les trajectoires des deux pays semblent diverger depuis quelques années déjà, ce qui est source de malentendus de plus en plus nombreux.
Dinévitables ambiguïtés
Comme le note demblée Bruno Le Maire, deux écueils semblent traditionnellement guetter les Français à propos de lAllemagne, à savoir les excès dune germanophobie simpliste, ainsi que ceux dune germanophilie aveugle. A cet égard, avant les trois dernières conflagrations, Flaubert ne tenait-il pas nos voisins dau-delà du Rhin pour un «peuple de rêveurs» dans son fameux Dictionnaire des idées reçues ? Ces derniers temps, cependant, lanti-germanisme semble - hélas ! - (re)fleurir ici et là. Il en va de même sagissant de la méfiance à légard de la France. Les désaccords ont certes existé de tout temps, tant nos cultures, nos structures et nos pratiques se distinguent parfois très clairement, mais les préventions réciproques paraissent dangereusement sexacerber.
Force est de reconnaître que les causes en sont extrêmement nombreuses, à commencer par le déplacement du centre de gravité de lUnion européenne (suite aux élargissements successifs), ainsi que par larrivée au pouvoir de nouvelles générations, nettement plus décomplexées que leurs devancières. Ainsi le philosophe Peter Sloterdijk a pu affirmer sans fard que «lAllemagne a (désormais) cessé dêtre lidiot de la famille européenne»
Couplée à lactuelle suprématie économique et financière de la République fédérale sur le Vieux Continent, son intransigeance envers les Etats sécartant des préceptes de la plus stricte orthodoxie ny est pas étrangère non plus. Dailleurs, Jurgen Habermas a dernièrement regretté quAngela Merkel dilapide de la sorte le crédit (voire lestime) patiemment forgé par la République fédérale auprès de lEurope, et du monde, depuis 1949 (La Constitution de lEurope, Gallimard, 2012).
Un horizon indépassable
Malgré les récents regains de tension, il nexiste pas véritablement dalternative à la bonne entente franco-allemande, du point de vue de la construction européenne. Concrètement, diverses formules ont tour à tour été envisagées, sans toutefois que le succès ne soit durablement (ni même pleinement) au rendez-vous. Tel a notamment été le cas du rapprochement franco-britannique entrepris sous le règne de François Mitterrand, puis durant le premier septennat de Jacques Chirac. La réussite na pas non plus souri à laxe Londres-Berlin, naguère esquissé par le Premier ministre Tony Blair et le Chancelier fédéral Gerhard Schröder, ce qui résulte pour partie de lextrême imbrication des économies allemande et française. Si la qualité des rapports entre nos deux pays ne constitue pas le seul préalable à la réussite du dessein européen, le moteur franco-allemand facilite grandement ses avancées. Les compromis de nos deux pays conduisent régulièrement à de vertueuses dynamiques entraînant les autres membres de lUnion.
La nécessaire refondation de la relation franco-allemande
Afin déviter que lamitié franco-allemande ne soit jetée dans les poubelles de lHistoire, du moins pour quelle ne se banalise pas davantage, les auteurs émettent un certain nombre de propositions concrètes, propres à lui rendre son lustre dantan. Parmi celles-ci, la pérennisation de lOffice franco-allemand de la jeunesse. Ayant joué un rôle dincubateur des relations franco-allemandes, en favorisant les échanges dans tous les domaines entre les jeunes des deux pays, lOFAJ représente un modèle pour la Pologne, de laveu même de lancien ministre des affaires étrangères Krzystof Skubiszewski. Nul doute quune institution similaire contribuerait à lamélioration des relations entre la Hongrie et la Roumanie, ou encore entre la Grèce et la Macédoine. Stimulantes, les pistes évoquées par Philippe Gustin et Stephan Martens fourmillent, allant de lessor du plurilinguisme au soutien à la candidature de la République fédérale à un poste de membre permanent au Conseil de sécurité de lONU, en passant par la création dun poste ministériel dédié à la coopération franco-allemande.
Il sagit là dune précieuse contribution, invitant à déjouer les pièges tendus par les replis des uns et des autres !
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 25/01/2016 ) Imprimer
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