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Palpabilité et cyclicité du temps qui, pourtant, passe
Ryoko Sekiguchi   Nagori - La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter
Gallimard - Folio 2020 /  6,30 € - 41.27 ffr. / 144 pages
ISBN : 978-2-07-287471-0
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm
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Ryoko Sekiguchi est une poétesse et traductrice japonaise qui vit à Paris depuis plus de vingt ans. Elle écrit d'ailleurs à présent en français. C'est le cas pour cet essai. Un essai court et séduisant, apaisant, réconfortant. Qui tourne autour d'un paradoxe essentiel : comment la fin des choses leur donne un lustre indispensable.

L'auteure développe cette sensation en s'intéressant aux saisons, à la saisonnalité, côté nature et nourriture, et un concept japonais qui donne à l'essai son titre : le "nagori", ce plaisir de la fin de saison, qui laisse des traces dans la saison suivante, comme une transition, une séparation qui porte en elle et l'avant et sa fin, donc une peine, qui n'est pourtant pas déploration, qui est plaisir même, ce "bonheur d'être triste disait Hugo pour parler de la mélancolie. Ryoko Sekiguchi parle de "saudade" à la japonaise.

Une sensation qui est réflexion, et montre l'importance accordée dans cette culture à la palpabilité du temps qui passe, qui s'incarne dans un fruit très mur et sucré, une journée chaude lovée au coeur d'octobre, les derniers gels du printemps. Densité du temps et de ses arrachements dans cette autre pratique japonaise, l'"omiokuri", cette politesse extrême d’accompagner l'hôte qui s'en va, du regard et en salutations, depuis le pas de sa porte, jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin d'une rue.

Ce propos sur les saisons est aussi une défense de la cuisine saisonnière, locale et biologique (car il y a autant de saisons que de lieux). Au contraire : "La nourriture industrielle ne connait pas le nagori, ni la nostalgie non plus". Et son abondance est créatrice d'ennui, raison aussi pour laquelle les chefs la fuient. Des chefs que l'auteure a rencontrés et interrogés, d'une contrée à l'autre : Anne-Sophie Pic, Olivier Roellinger, le chef kyôtoïte Hiroaki Tokuyama. D'autres termes japonais sont explicités, l'opposition de la fin de saison à la pleine saison ou au temps des primeurs, l'art d'apparier les mets, de saison, ou pas, de cultiver aussi.

L'art du haïkus est fondé sur l'observation de la saison. Poétesse, Ryoko Sekiguchi, rappelle cette fondation et lance aussi quelques piques vers ceux qui s'en écartent ; elle évoque les polémiques nées de haïkus écrits après le désastre de Fukushima, catastrophe qui accoucha d'une nature dont la cyclicité n'est plus saisonnière, la faute à l'atome et sa radioactivité centenaire, malgré les apparences et ses beautés mensongères (des arbres fruitiers que l'on ne récolte plus...).

Car la saisonnalité est fondée sur un rythme cyclique qui rassure celui, linéaire et fini, de la vie humaine. Cet essai le rappelle de bout en bout. Il se termine sur un menu composé par l'auteure pour ses comparses de la Villa Médicis à Rome, où elle fut pensionnaire en 2013-2014.

Un vrai plaisir de lecture.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 25/11/2020 )
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