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Une initiative de salut public | | | Fadela Amara Ni putes, ni soumises La Découverte - Poche 2004 / 6 € - 39.3 ffr. / 167 pages Prix du Livre Politique 2004 ISBN : 2-7071-4458-4 FORMAT : 13x19 cm
Postface inédite de l'auteure.
Avec la collaboration de Sylvia Zappi.
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Louvrage de Fadela Amara se veut le récit dun combat qui apparaît au grand jour avec un manifeste lancé au printemps 2002, et dénonçant le machisme et les violences masculines dans les banlieues. Ce combat prend une ampleur nouvelle avec la «marche des femmes pour légalité et contre les ghettos», qui se déroule de février à mars 2003. Cette marche commence à Vitry sur Seine afin de rendre hommage à Sohane, brûlée vive par un garçon dune cité voisine, et dont le meurtre avait constitué un signal dalarme pour la société française. Elle se termine le 8 mars 2003, avec la journée internationale de la femme et le défilé parisien.
Il sagit pour lauteur, qui est à lorigine de cette initiative, de dénoncer la régression de la condition féminine dans les cités, avec lobjectif affiché denvisager, à travers ce problème, la totalité des problèmes sociaux qui forment ce qui a été appelé le «malaise des banlieues». Fadela Amara, qui est aujourdhui présidente de la Fédération nationale des Maisons des potes, est une militante active depuis les années 1980. Issue de limmigration maghrébine, elle a grandi dans une cité de Clermont-Ferrand.
Son récit commence par un état des lieux de la condition de la femme dans les cités, en décrivant la lente dégradation de cette condition depuis les années 1980. En tant que militante de terrain, lauteur a été aux premières loges pour observer cette dégradation et tirer la sonnette dalarme. Le récit se poursuit par linitiative de la marche, son succès inespéré et lespoir quelle a suscité.
Lobjectif est de renouveler les luttes féministes en évitant la victimisation des femmes et la guerre des sexes. Il sagit de trouver des solutions à des situations concrètes en gardant un point de vue universaliste, cest-à-dire en se battant pour obtenir les mêmes droits que les hommes (point de vue qui soppose à un autre féminisme, revendiquant, lui, une différence de nature entre hommes et femmes). Lobjectif est aussi de lutter contre la culture machiste qui sest installée, et continue à sinstaller dans la société. Cela se traduit par la mise à disposition de logements pour les jeunes femmes menacées et en rupture avec leurs familles. Mais aussi par la distribution de guides déducation au respect dans les écoles, les lycées et les collèges. Autant de gestes qui ont été demandés et obtenus des responsables politiques, lors de la marche. Une affaire à suivre.
Mais lobjectif le plus important et le plus difficile est sans doute de réinventer la mixité dans les quartiers et dans la vie de quartier : mixité hommes-femmes dans le quotidien de la vie de quartier (il faut que celles-ci se réapproprient un espace aujourdhui dominé par les hommes), mais aussi mixité sociale et ethnique. Il sagit de casser les ghettos et de soigner ce fameux «malaise». Comment ? Par la présence de professionnels spécialement formés : éducateurs, infirmières, assistantes sociales, psychologues,
Lidéal étant que certains soient eux-mêmes issus de ces quartiers. Car il sagit aussi de remettre en marche un ascenseur social sévèrement grippé pour les habitants des cités. Par exemple en instaurant des pratiques de discrimination positive, comme cela se fait aux Etats-Unis (et à lexemple de Sciences Po aujourdhui).
Lampleur prise par le mouvement «Ni putes ni soumises» (des comités se sont crées dans toute la France) sexplique aussi par un constat amer : la régression des conditions de vie des femmes ne concerne pas seulement celles des cités, mais aussi celles venant de milieux sociaux plus aisés. Cette prise de conscience sest effectuée grâce à la multiplication de témoignages de ce genre tout au long de la marche. Elle annonce un combat plus long et plus difficile que prévu pour toutes celles et tous ceux qui pensent que lhomme et la femme sont égaux, et qui veulent contribuer à inscrire cette égalité dans les faits.
Dans une postface inédite ajoutée à la publication de l'essai au format poche, Fadela Amara s'étonne et s'honore à la fois de ce succès inattendu et revient sur l'actualité la plus récente : le port du voile, la difficulté du débat et les rencontres et réflexions provoquées par "le Tour de France républicain" accompli par le mouvement au printemps dernier.
Marie Cattelain ( Mis en ligne le 12/11/2004 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Les Femmes ou les silences de l’histoire de Michelle Perrot La Dialectique des rapports hommes-femmes
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