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Ecrire et cicatriser
Adélaïde Bon   La Petite fille sur la banquise
Grasset 2018 /  18,50 € - 121.18 ffr. / 251 pages
ISBN : 978-2-246-81589-1
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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.«Tu as neuf ans, un dimanche de mai, tu rentres seule de la fête de l’école. Un monsieur te suit. Après, la confusion. Année après année, avancer dans la nuit»... Tout est dit sur le bandeau du récit autobiographique d’Adélaïde Bon, un parcours douloureux et dramatique après l’agression sexuelle par un violeur en série, dont elle a été victime dans la cage de l’escalier de son immeuble parisien.

Bien qu’elle se soit confiée immédiatement à ses parents et qu’une plainte ait été déposée, elle va vivre des années de détresse et grandir avec des crises d’angoisse, des accès de boulimie et une grande tristesse inexpliqués. «Les méduses pullulent désormais, elles naviguent au gré des interstices et des pensées, et avec sous leurs grandes ombrelles rouges, des milliers de harpons chargés d’une petite phrase venimeuse : je suis nulle, je suis grosse, je suis incapable, je suis mauvaise». Elle donne le change pour être aimée et plaire à tous les hommes qui passent, jouant à la femme libertine. Elle montre une joie artificielle, aidée par l’alcool et les drogues qui cachent sa lutte avec les envies d’en finir. Pendant de longues années, Adélaïde se bat, elle cherche à comprendre avec une grande volonté, malgré sa solitude et l’incompréhension involontaire de sa famille. De psychothérapies de groupes en week-ends de constellation familiale ou thérapies corporelles, elle travaille le dégoût et la répulsion vis-à-vis de son corps.

Dans la seconde partie du récit, elle entrevoit le bout du tunnel quand elle prend conscience, à la faveur d’une formation consacrée aux violences contre les femmes, que son agression est un viol et non un simple attouchement sexuel. Elle passe de la honte à la colère et peut débuter sa reconstruction, quand, après vingt ans de silence, elle reçoit un appel de la Brigade de la Protection des Mineurs lui annonçant l’interpellation d’un suspect (72 victimes entre 1983 et 2003).

La troisième partie relate le procès aux Assises en 2016, vingt-six ans après le viol, au cours duquel Adélaïde affronte son agresseur. «A force d’aimer, à force de pleurer, je m’approprie peu à peu l’espace-temps de la justice. Ici où toute mon existence est contenue en quelques mots, ici où j’ai toujours neuf ans, ici où le chaos du monde s’ordonne, où l’honneur se qualifie, ici, enfin je me sens à l’abri, je n’ai rien à prétendre, je me rassemble, je me ressemble».

Ce témoignage fort décrit les étapes de la vie de la jeune femme après son agression, de ses années de survie à sa lente reconstruction puis à sa guérison avec le procès. Elle dissèque les mécanismes du stress post-traumatique, le fonctionnement de la mémoire. Elle montre l’importance de la requalification en viol et du rôle essentiel de sa confrontation avec le violeur pour sa guérison. Un livre percutant, parfois dur mais nécessaire pour les parents qui souvent sous-estiment le trauma de leur enfant. Un témoignage courageux, servi par une magnifique plume militante.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 02/05/2018 )
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