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« S » et « L » sont dans un bateau
Sylviane Agacinski   Journal interrompu - 24 janvier - 25 mai 2002
Seuil 2002 /  14 € - 91.7 ffr. / 156 pages
ISBN : 2-02-057293-1
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« Quel est mon rôle ? That is the question ? » Depuis la publication du Journal interrompu de Sylviane Agacinski, l’épouse de Lionel Jospin, certains ont répondu à cette interrogation, et non sans un étourdissant manque d’élégance. Certes inspiratrice et consolatrice de « L. », mais à la condition de rester dans l’ombre; certes écrivain et philosophe reconnu, mais en respectant l’impératif de se tenir loin de la scène politique où se bat(tait) Lionel Jospin. Ainsi, à la légitime interrogation sur la séparation entre les sphères publique et privée, on a répondu, y compris au Parti socialiste, par l’invective machiste et l’injure d’un autre âge. Un comble, s’agissant d’un penseur de la condition féminine !

Sylviane Agacinski souligne que jusqu’aux dernières élections « [sa] vie personnelle était restée indépendante des rythmes de la vie politique et médiatique ». Elle reconnaît ainsi avoir quelque peu franchi la ligne jaune de la réserve dans laquelle elle s’était toujours cantonnée. Mais avec tant de discrétion que l’on reste étonné de l’ampleur des réactions.

Pourquoi ce livre a-t-il été si mal reçu ? Sylviane Agacinski reconnaît qu’il est un crime ou défaut impardonnable en politique, celui de ne plus « être en exercice », autrement dit au pouvoir. L’explication semble valable, et avant d’en déceler d’autres au fur et à mesure de la lecture, on s’en contentera. Pour s’intéresser au contenu de ce Journal.

Une tentation est de lire ces quelques 156 pages à l’aune de leur dénouement, l’échec retentissant de Jospin au 1er tour des élections présidentielles. Ce serait évidemment une erreur. Sylviane Agacinski dit avoir écrit ces lignes pour résister, lutte même, contre « un étrange sentiment de vide » qui la saisit aux débuts de la campagne. Prémonition, intuition ? Non, ce serait trop … kitsch pour Sylviane Agacinski. On pensera plutôt à une tentative de retenir le temps, de le capter par réaction à l’accélération temporelle dû au compte à rebours. Sa volonté faite jeu entre les mains de forces qu’elle abhorre, elle se soulage dans son Journal par des mots assez durs à leur encontre : la démagogie des médias, la veulerie de certaines élites, ou encore la « déferlante individualiste » (Marcel Gauchet) qui frappe nombre de nos contemporains. Voilà peut-être une seconde explication, non concurrente mais complémentaire, de la mauvaise réception de ce livre.

On lira avec un réel intérêt ses réflexions sur les conditions d’une république authentiquement démocratique – « soumise ni aux mots d’ordre simplistes (démagogie), ni aux experts (technocratie) ». Idem pour ses développements, sans comparaison aucune avec les indigents manifestes féministes actuels, sur l’origine de l’androcratie (une lecture hiérarchique de l’irréductible altérité des genres) qu’elle combat. Enfin, Sylviane Agacinski livre quelques chroniques de ses « petites heures » de Matignon, entre remerciement au personnel dévoué et compte-rendu de visites amies. Transparaît de ces lignes pas toujours essentielles, mais qui appartiennent au genre du Journal, la solitude - mais aussi la nostalgie, sentiment que précisément Sylviane Agacinski s’était interdit, par hygiène philosophique.

Ni Journal inutile (d’un Paul Morand mondain et brillant), ni mémoires inoubliables, ce court ouvrage mérite toutefois l’attention du public. En affirmant n’avoir voulu « ni séduire ni convaincre », Sylviane Agacinski pense que la liberté de ton de son journal l’a rendu, compte tenu des événements postérieurs à sa rédaction, digne d’être édité. On ne la contredira pas, heureux par ailleurs d’avoir confirmation de l’autonomie de « Sylviane » par rapport à « Lionel », la première se plaçant certes dans son sillage mais non comme un écho : en qualité revendiquée d’épouse, différente, complémentaire et également présente !


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 17/10/2002 )
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