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L’éclaireur
Patrick Devedjian   A moi le ministère de la Parole !
L’Archipel 2006 /  17,95 € - 117.57 ffr. / 240 pages
ISBN : 2-84187-762-0

L'auteur du compte rendu : Mathieu Zagrodzki est diplômé en droit privé de l’Université Paris II et de Sciences Po Paris. Il est actuellement doctorant au sein du Pôle Action Publique du Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF).
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«Bon client» pour la presse et roi des «petites phrases», Patrick Devedjian ne trahit pas sa réputation dans ce livre-entretien. Usant d’une liberté de parole recouvrée après son départ du gouvernement, l’ancien ministre de l’Industrie livre le fond de sa pensée sur la vie politique actuelle et ses idées pour réformer le pays, jouant en quelque sorte un rôle d’éclaireur de Nicolas Sarkozy, dont il est l’un des plus proches lieutenants. En effet, Devedjian se veut le représentant d’une droite libérale décomplexée, animée d’une farouche volonté de rupture par rapport aux politiques menées en France depuis une trentaine d’années.

Expliquant son engagement politique par son attachement à la liberté individuelle et à l’Europe, le maire d’Antony commence par régler quelques comptes, sans s’encombrer de quelconques précautions : Raffarin «avait le plus grand mal à trancher» et la communication était son «obsession», les ministres issus de la société civile (comprenez Thierry Breton) n’ont pas les compétences pour occuper des responsabilités politiques, et la plupart des membres du gouvernement Raffarin étaient manipulés par leur cabinet. Mais ce sont le Président de la République et le Premier ministre qui sont les cibles des attaques les plus virulentes. Jacques Chirac, dont la présidence aura été celle des occasions perdues, «n’a pas de socle de convictions», peut «complètement changer de discours suivant les circonstances et la sensibilité du moment», incarne «ce que la droite française a de moins utile» et était «le moins mauvais des candidats en 2002». Ouf ! Quant à Dominique de Villepin, «représentatif de rien sauf de la sympathie que le Président a pour lui», il n’a pas l’expérience requise pour occuper un tel poste.

Partant de ce constat, le maire d’Antony présente son projet libéral et réformateur, dont Nicolas Sarkozy est le représentant incontournable, face à une gauche de plus en plus archaïque suite à la victoire du «non» au référendum et à une certaine droite jacobine dont l’actuel occupant de Matignon est le plus éminent représentant. L’énumération des grands axes de ce programme est sans surprises : réforme de l’Etat, remise en cause du modèle social français et du «patriotisme économique», réforme des institutions, avec notamment suppression du poste de Premier ministre et rôle renforcé du Parlement, réforme de la justice, limitation de l’immigration et discrimination positive.

Un propos sans langue de bois, des idées audacieuses et une lecture plaisante n’empêchent toutefois pas le lecteur de ressentir une certaine perplexité. Tout d’abord, et l’actualité récente le confirme, la plupart, si ce n’est la totalité, des mesures prônées par Patrick Devedjian précipiteraient la France dans un état quasi-insurrectionnel. Comment imaginer le pouvoir, au vu de ce qui s’est passé avec le CPE, instaurer un contrat de travail unique, augmenter le financement de l’enseignement privé, remettre en cause le paritarisme, c’est-à-dire le pouvoir des syndicats, ou encore ouvrir le capital de la RATP sans se heurter à une contestation massive ? Certes, cela ne constitue pas un argument suffisant pour contester le bien-fondé de ces idées. En revanche, quand l’argumentation s’appuie sur des diagnostics erronés, on est en droit de s’interroger sur la pertinence du propos. Dire que Le Pen n’a plus d’avenir politique car les partis modérés se sont appropriés son thème favori, l’immigration, revient à ignorer que cet état de fait donne l’impression à l’électorat que le leader du Front National avait raison avant tout le monde. Affirmer que l’abstention, loin d’être le signe d’un désintéressement, voire d’une défiance à l’égard de la vie politique, témoigne au contraire de la bonne santé d’une démocratie et représente une forme d’approbation tacite du système, selon l’adage «qui ne dit mot consent», contredit toutes les études sociologiques sur la question. Prétendre que les Français en ont assez d’être surprotégés par l’Etat et attendent une réduction du périmètre de ce dernier relève quasiment de l’aveuglement si l’on se réfère à la vie politique et sociale du pays depuis plus d’une décennie. A la lumière de ce dernier constat, une question vient subitement à l’esprit du lecteur : la France est-elle vraiment prête pour Nicolas Sarkozy ?


Mathieu Zagrodzki
( Mis en ligne le 12/05/2006 )
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