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| Renaud Dély Les Tabous de la gauche Bourin Editeur 2006 / 19 € - 124.45 ffr. / 198 pages ISBN : 2-84941-050-0 FORMAT : 14,0cm x 22,0cm
L'auteur du compte rendu : Mathieu Zagrodzki est diplômé en droit privé de lUniversité Paris II et de Sciences-Po Paris. Il est actuellement doctorant au sein du Pôle Action Publique du Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF). Imprimer
La gauche a de bonnes chances de gagner en 2007. Si lon sen réfère aux expériences passées, cela ne signifie pas pour autant quelle réussira une fois au pouvoir, encore moins quelle parviendra à sy maintenir. Partant de ce constat, Renaud Dély se demande pourquoi la gauche narrive jamais à transformer ses paroles en actes une fois quelle se trouve en position de mener les réformes promises au cours de la campagne, se heurtant systématiquement contre le mur du réel.
Pour lauteur, qui na pas peur de déboulonner certaines statues socialistes, la mort des velléités réformatrices du camp dit «progressiste» remonte à la présidence de François Mitterrand, dont la volonté obsessionnelle de conserver le pouvoir la conduit à privilégier le statu quo. Ainsi, si les socialistes ont remporté plusieurs élections depuis 1981, cest uniquement grâce à lincompétence de la droite et non à leur action, qui sest en général limitée à de grands discours et à des déclarations dintention. En outre, la gauche a sans doute mal digéré deux événements historiques majeurs qui lempêchent de se moderniser. Tout dabord, lhéritage de mai 68, centré autour de préoccupations sociétales comme la libération sexuelle ou lenvironnement, la sans doute conduite à trop délaisser certaines préoccupations économiques pourtant essentielles aux yeux dune partie importante de son électorat. Ensuite, leffondrement du bloc soviétique ne sest pas soldé par un aggiornamento idéologique qui aurait pourtant été salutaire. Linfluence du Parti Communiste, de lextrême gauche et du marxisme, inédite dans le monde occidental, est toujours aussi forte, à tel point quil est presque inacceptable de se dire social-démocrate. Le réformisme reste une maladie honteuse en France face à la tentation de larchaïsme et de la radicalité (symbolisée par les partisans du «Non» lors du référendum sur la constitution européenne, au premier rang desquels figure Jean-Pierre Mélenchon) dont les résultats concrets en matière de progrès social ne sautent pourtant pas aux yeux.
Pourtant, seule lémergence dun véritable mouvement social-démocrate, à limage de ce qui existe chez nombre de nos voisins européens, peut ramener la gauche sur la voie de laction et de la modernité. Cette social-démocratie à la française, pour être viable, doit lever les nombreux tabous qui paralysent la gauche depuis des années : les bienfaits de la mondialisation et de lEurope, lutilité de limpôt, les effets pervers de la gratuité, notamment dans le domaine de lenseignement, la nécessité dune réforme de lEtat et du statut des fonctionnaires, lutilité dun outil comme la discrimination positive pour lutter contre les inégalités, labandon du collectivisme.
Néanmoins, la récente compétition pour désigner la candidate du Parti Socialiste à lélection présidentielle nincite pas à loptimisme. Aucun des candidats ne semblait en mesure de tracer une nouvelle voie à gauche, pas même Ségolène Royal, dont la stratégie de communication masque à peine la pauvreté programmatique. La Révolution culturelle au PS nest sans doute pas encore pour demain...
Mathieu Zagrodzki ( Mis en ligne le 20/11/2006 ) Imprimer
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