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Les réseaux sociaux au service du leadership
Seth Godin   Tribus - Nous avons besoin de vous pour nous mener
Editions Diateino 2009 /  16 € - 104.8 ffr. / 252 pages
ISBN : 978-2-354-56007-2
FORMAT : 14cm x 21cm

Préface de Marylène Delbourg-Delphis.
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Rien de surprenant dans le style de ce dernier ouvrage de Seth Godin : nous sommes maintenant habitués à la harangue du rhéteur gourou, grand manitou du marketing, dont l’autorité s’appuie sur des exemples et des citations percutants (quoique peu référencés). Ceux qui ont lu Michel Maffesoli, du Temps des tribus, Le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse (1988) à Iconologies, Nos idol@tries postmodernes (2008), ne seront pas non plus renversés par le sujet (qui n’est pas si nouveau que l’auteur veut bien le dire). Mais, après tout, qui lit Seth Godin ne le fait ni pour sa qualité littéraire, ni pour sa profondeur sociologique…

Tribus, Nous avons besoin de vous pour nous mener est un ouvrage de «pop business» destiné à tous ceux qui auraient envie de dépasser leur principe de Peter, «d’escalader des rochers», «de surmonter la peur», «de changer de religion sans abandonner la foi», de devenir leader… et de ce point de vue, c’est un bon livre. Un peu décousu, certes, mais qui se lit néanmoins agréablement comme un recueil de principes et de bons conseils : chacun des chapitres démontrant à sa manière qu’il faut rompre avec le système pour mieux le changer.

L’intérêt que porte l’auteur à la tribu est qu’elle n’a pas de chef mais un leader, dont le dynamisme, le charisme et, avant tout peut-être, l’histoire qu’il raconte, permettent d’établir des connexions entre les membres suiveurs du groupe. Or ce sont ces connexions qui constituent aujourd’hui, selon Seth Godin, notre vrai tissu social et professionnel. En d’autres termes, si vous excellez à mener un groupe, vous ferez partie de cette élite qui est en train de changer le monde.

Là où le livre est déroutant, c’est qu’il se présente parfois comme une méthode, sorte d’art de devenir leader, alors qu’au lieu de donner des instructions et des «comment faire», il incite simplement à aller à l’encontre d’un système établi pour faire ce en quoi on croit…

Heureusement pour nous, le texte français a ce considérable avantage d’être préfacé par la traductrice, Marylène Delbourg-Delphis, qui structure l’ouvrage en le dotant des références historiques et scientifiques qui lui manquaient. Et qui mieux que cette normalienne, philosophe et «serial entrepreneuse», aurait pu présenter Tribus ? Marylène Delbourg-Delphis, qui s’est d’abord fait remarquer pour sa fine analyse de la mode (Le Chic et le look : histoire de la mode féminine et des mœurs, de 1850 a nos jours, Hachette, 1981) - or la mode est un signe fort d’appartenance communautaire - puis pour sa capacité à créer elle-même des réseaux (réels et virtuels), connaît et pratique mieux que quiconque les structures tribales postmodernes. Et qu’elle traduise et préface ce livre de Seth Godin, ancien responsable du marketing de Yahoo!, après avoir traduit L’Art de se lancer de Guy Kawasaki(Diateino, 2009), ancien «évangéliste» de chez Apple, prend un sens d’autant plus fort.

On terminera par la conclusion de sa préface qui nous donne une vraie motivation de lecture : «Finalement, le détour par la tribalisation numérique, en permettant au gens de s’exprimer, pourrait révéler mieux que la démocratie directe la diversité et le polyculturalisme américains, déconstruisant certaines idées reçues sur les États-Unis, et accélérant l’histoire : qui aurait prédit que les États-Unis éliraient un noir quarante ans après l’assassinat de Martin Luther King ?».

Et qu’en est-il de la France, en pleine réflexion sur l’identité nationale ?


Rachel Lauthelier-Mourier
( Mis en ligne le 09/11/2009 )
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