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Histoires de vies minuscules | | | Valérie Agha Chroniques de vies ordinaires - Carnets d'une assistante sociale Fleuve noir - Docs 2010 / 14,90 € - 97.6 ffr. / 218 pages ISBN : 978-2-265-09080-4 FORMAT : 13cm x 18,4cm Imprimer
Valérie Agha est assistante sociale en région parisienne, elle tient le blog «Pause café» (http://assistantesociale.over-blog.com), titre clin dil à la célèbre série télévisée.
Demblée, elle avertit le lecteur : elle na rien, mais rien à voir avec une héroïne sophistiquée (et elle donne quelques conseils aux réalisateurs de séries américaines qui envisageraient une série sur les assistante sociales, avec Mariah Carey dans le rôle principal
). Son livre souvre sur le rejet dun autre cliché, celui hérité des années 1950 : "Je ne suis pas celle que vous croyez. Je suis assistante sociale, mais je ne suis pas acariâtre. Sauf quand je me lève trop tôt. Je nai pas de chignon, je ne porte ni tailleur bleu marine, ni col Claudine. Je ne dissimule pas de culotte gainante. Bon ça, si, je vous laccorde. Je ne suis pas proche de la retraite. Hélas. Jai 33 ans et jexerce cette activité depuis presque dix ans. Mon uniforme de travail est le jean-baskets»
Écrit à la première personne, dans un style proche du blog, voisin du langage parlé, avec humour, Chroniques de vies ordinaires déroule toutes ces existences auprès desquelles on passe souvent sans les remarquer. A chaque épisode, 2, 3 pages. Une description simple, sans pathos, du cas que doit affronter et si possible résoudre lassistante sociale : logement, maladie, perte demploi
Certains sont des marginaux, dautres non, comme ce vieux couple venu de province pour aider leur fille mourant dun cancer. Tous sont désemparés, démunis devant des difficultés insurmontables, labsurdité bureaucratique (tel le long parcours du combattant au terme duquel la narratrice obtiendra enfin un logement pour Monsieur Abdoulaye). Tous sont désarmants dune façon ou dune autre : Lionel sur son tracteur, qui à son boulot préfère sa campagne ; Marcel, la cinquantaine, amoureux de Ginette quil faut hospitaliser et qui sombre dans le coma, Marcel perdu avec sa gouaille de titi parisien... Il y a les cas baroques : que faire de la chienne dun vieux monsieur qui doit partir en maison de retraite et ne veut pas quelle soit abandonnée ? Il y a lentourage, la secrétaire («Sylvie, cest comme qui dirait la fille spirituelle du professeur Tournesol et de Marylin Monroe, si vous voyez ce que je veux dire»), les interminables - et inutiles ? - réunions de «commissions sociales», labsurdité de certains règlements administratifs, de modalités dattributions daides
A lire ces 220 pages, cest toute une partie de la société - de notre société - qui défile, avec ses travers, ses défauts et ses qualités, nos petites lassitudes, nos faibles enthousiasmes, défenses prises en défaut, plaisirs minuscules
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 24/01/2011 ) Imprimer | | |
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