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Occupy the White House
Mathieu Magnaudeix   Génération Ocasio-Cortez - Les nouveaux activistes américains
La Découverte - Cahiers libres 2020 /  19 € - 124.45 ffr. / 288 pages
ISBN : 978-2-348-04614-8
FORMAT : 14,0 cm × 20,7 cm
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Maintenant que la présidence Trump s’achève, et que le temps d’un bilan commence, il est bon de se poser la question des transformations politiques générées par l’arrivée au pouvoir d’un personnage et d’un courant politique, qui mêle populisme, suprémacisme, ultralibéralisme, etc., autant que des allures brutales avec lesquelles ce courant s’est imposé dans le débat. Cela afin de comprendre en quoi Donald Trump fut également, pour une gauche américaine qui semblait, vue d’ici, marginalisée voire balkanisée, un fanal, un phare, une cause de rassemblement. Journaliste chez Médiapart et correspondant aux Etats-Unis, Mathieu Magnaudeix est parti visiter le «parti» antitrumpiste, parti hétéroclite qui doit plutôt être perçu comme une nébuleuse de mouvements, d’associations, de problématiques sociales, politiques ou économiques, et pour lesquels Trump constitue un angle commun, comme une incarnation.

L’ouvrage se divise en 16 chapitres, et s’organise comme une immense galerie de portraits et de questionnements. C’est évidemment Alexandria Ocasio Cortez qui ouvre le bal, élue charismatique de New York et incarnation d’une certaine gauche américaine. Avec la figure de Bernie Sanders, elle représente non pas un courant (et tout l’ouvrage explore la diversité des mouvements) mais un signal et un espoir, et peut-être une génération. Procédant par interviews et lectures, l’auteur s’attache déjà à délimiter un continent, celui d’une Amérique de gauche, «libérale» au sens américain du terme, et qui rassemble divers combats : écologie, antiracisme, anticapitalisme, altermondialisme, défense des minorités et des identités, soutien aux migrants, affirmation LGBT, intersectionnalité, et même, plus simplement, aspirants à une démocratie plus compassionnelle. Cette Amérique orpheline d’un Welfare State pris pour cible par la présidence actuelle (mais pas seulement) existe depuis longtemps et, d’une trahison à l’autre (Clinton puis Obama), a choisi de déplacer le combat du simple associationnisme caritatif, à l’activisme politique.

Il s’agit déjà de «s’organiser pour ne pas agoniser» et l’auteur dévoile les pratiques et structures de cet «organizing» américain (avec, annexe précieuse, une synthèse du classique de Gene Sharp qui liste les diverses formes de «propagande par le fait» non violente). Il s’agit ensuite de rassembler, d’instruire, de financer, d’encadrer. Puis, enfin, de partir à l’assaut des bastions et citadelles : les assemblées politiques, le gouvernement, les fondations – même sensibilisées par la cause – qui font du capitalisme compassionnel. Cela suppose des machines politiques efficaces, rodées aux nouveaux médias, de la formation à l’oral, à la prise de parole, du management pour former des cadres d’une minorité qui meurt d’être silencieuse. Il s’agit d’aller chercher des citoyens pour les entraîner et les transformer en acteurs, en militants, en activistes, en combattants, en architectes. On voit alors émerger des figures qui opèrent dans la coulisse au nom de diverses valeurs (du gauchisme au christianisme), des organisations qui s’affairent auprès des candidats au Congrès comme auprès des plus fragiles pour promouvoir des projets (le «green new deal» par exemple) ou simplement faire bouger et voter. A travers quelques grandes structures, tel Black Live Matters, mais surtout beaucoup d’organisations plus locales et de terrain («grassroot», dit on), c’est tout le paysage de l’organizing américain qui se dévoile.

L’ouvrage est passionnant, et d’autant plus dans une actualité américaine devenue show globalisé, afin de se rappeler qu'au-delà du cirque Trump, il y a une population qui souffre et s’exaspère, et des causes qui se structurent. Traité sur le mode d’une grande enquête journalistique, il se laisse lire avec fluidité, l’auteur s’attachant à éclairer la part d’humanité qui a mené certains à l’action. On se promène à travers les Etats-Unis, on entre dans les locaux, on suit des formations, on rencontre des acteurs (dont certains cultivent un anonymat) et on participe à des actions. De manière très significative, le dernier chapitre invite à un militantisme joyeux, comme une alternative à l’anxiété du monde et comme défi à un radicalisme parfois vu comme un combat sans avenir.

Une enquête pour essayer de rêver l’après Trump de manière plus optimiste.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 11/11/2020 )
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