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Destins croisés
Pol-Serge Kakon   Un amour à bout de souffle
Hugo et Compagnie 2011 /  15 € - 98.25 ffr. / 220 pages
ISBN : 978-2-7556-0781-9
FORMAT : 13,1cm x 20,2cm
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Quoi de plus dramatique que ces deux destins d'artistes contemporains ? Jean Seberg (1938-1979) et Romain Gary (1914-1980) sont allés rejoindre la nuit (''Ils ont choisi la nuit'', comme l’écrivait Jean-Marie Rouart). L'une est jeune, belle et talentueuse ; l'autre est d’âge mur, célèbre et puissant. Au final, leur rencontre est banale et symbolise tous les clichés en la matière : elle est une jeune mariée en train de percer dans le cinéma d'auteur ; lui est installé depuis 15 ans en tant qu'écrivain diplomate tout en étant en ménage avec Lesley Blanch, une célèbre intellectuelle britannique. La fascination est réciproque : il a le pouvoir et le savoir, elle a la beauté et la grâce.

Leur rencontre lors d'un dîner improvisé va faire éclater leurs couples et leur histoire les mènera jusqu'à une fin tragique, le suicide. Non pas qu'ils se déchirèrent au point de se supprimer, mais leur trajectoire les portera au point de non retour (''de cette limite où le ticket n'est plus valable''...).

Pol-Serge Kakon propose une biographie du couple, montrant à quel point ces deux personnages ont été unis malgré leur séparation à la fin des années 60. Entre vies mondaine, littéraire et sexuelle, le couple passera par tous les chemins : du bonheur à l'impossibilité mais aussi de la complicité à la solidarité. Car c'est plutôt Seberg qui inquiète. Actrice engagée et torturée, ses excès et ses amours auront raison de sa lucidité et de sa grâce. Révélée par Priminger puis Godard, elle n'aura pas la filmographie de son talent et l'on retrouvera son corps, en août 1979, sur le siège arrière d'une voiture, masqué sous une couverture, avec pour tout commentaire, un mot d’adieu pour son fils Diego. Victime à la fois de la fragilité de son statut et de son extrême sensibilité, Seberg est le symbole même du glamour tragique (on pense évidemment à Marilyn qui, d'une certaine façon, a dû compter pour Seberg, et à leurs destins quelque peu semblables : beauté parfaite, statut de star, fréquentation d'intellectuels, sexualité débridée, filmographie difficile, dépression, addiction aux médicaments, suicide).

Gary a la posture d'un Montherlant plutôt (son suicide s'inspire quelque peu de la théorie de l'auteur des Jeunes filles). Ecrivain surdoué et prolifique, sa vie ressemble à celle des écrivains de sa génération (on pense aussi à Albert Cohen). Entre écriture et séduction intensive (à ce sujet, Kakon tente d'user de métaphores quelque peu pompeuses quand il s'agit en fait d'excès libidinal et d'obsession sexuelle dont les artistes peuvent être les grands instigateurs !), la vie d'un écrivain dépasse rarement ce cadre. Résistant, gaulliste, puis écrivain diplomate, il était inscrit dans sa destinée qu'il serait le séducteur de ces dames. Jean Seberg, comme les autres, a fondu pour le grand mâle.

Il ressort tout de même beaucoup de tristesse (déjà racontée par le fils Gary dans son récit S. ou L'espérance de vie) de cette union. Pol-Serge Kakon nous la fait revivre de façon certes succincte, mais de manière délicate et sans ornement de tout ordre. Les biographies croisée des deux artistes, renseignent et alertent le lecteur sur une époque révolue. On ne verra plus jamais Gary l'imposant sans la frêle Seberg, garçonne au regard d'ange. Un livre qui nous permet également de nous replonger dans la prose de l'auteur des Racines du ciel (dont on se rend compte de la diversité de ses ouvrages) et dans la carrière de l'actrice engagée aux côtés des Black Panthers avec quelques films significatifs comme Lilith (1964) ou Les Hautes solitudes (1974), trop peu connus du grand public. Rappelons que Gary avait lui-même fait tourner sa femme dans Les Oiseaux vont mourir au Pérou (1968) et Kill (1972), deux films qui permettront à Seberg de relancer sa carrière. Il était donc bienvenu d’évoquer la mémoire de ce couple mythique bien que déchiré par l’existence.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 15/02/2012 )
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