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Lettre au frère
Martine Simon-Le Luron   La Vie est si courte, après tout - Retrouvailles avec Thierry
JC Lattès 2013 /  17 € - 111.35 ffr. / 230 pages
ISBN : 978-2-7096-3951-4
FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm
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1986 fut une année dure pour le Show Business français. Elle nous a privé des talents de Daniel Balavoine, de Coluche et de Thierry Le Luron. Ce dernier (né en 1952) disparaissait en fin d'année officiellement d'un cancer (officieusement du SIDA) à l'âge de 34 ans. Durant 15 ans, le saltimbanque de droite à la raie bien peignée, au visage de gentil garçon et à la taille d'enfant déglingua le pouvoir, les médias et la politique avec un certain brio, en imitant tout ce que les années 70-80 comportaient de cibles à moquer. Mais plus qu'un imitateur, Le Luron était un véritable artiste, partisan d'un art de music-hall dans ses traditions les plus respectables. Chanson, théâtre, cabaret, humour, imitation, le rebelle au visage de poupon savait tout faire (en témoignent ses prestations sur scène ou sur disque). Le succès ne s'est jamais démenti et il nous reste en mémoire quelques séquences célèbres (Giscard avec Desproges, Mitterrand et son chapeau, Marchais et ses comptes, Bécaud chantant la rose ou encore Brel s'en prenant à Fabius).

Sa demi-sœur aînée, ravagée par le chagrin durant toutes ces années de deuil, prend la plume pour faire revivre son frère le temps de ce récit. Si elle s'attarde sur les moments qui ont précédé puis suivi sa mort (moments émotionnels assez forts), elle revient peu sur la gloire de l'artiste durant les années 80. Et puis il y a l'enfance et les débuts du comédien, les concours gagnés à des jeux de télé crochet et les débuts prometteurs du jeune prodige qui dès 20 ans remplissait les salles. Ce sont surtout ces pages sur l'enfance qui intéresse l'auteur. Se souvenir du jeune Thierry lui permet de mieux penser l'artiste qu'il est devenu par la suite. Enfant non désiré et de petite taille, mort prématurément en pleine gloire, voilà symboliquement ce qu'elle cherche à creuser.

Ce genre de témoignage, s'il reste touchant, est malheureusement trop personnel et anecdotique pour passionner les foules. Martine Simon-Le Luron évoque son frère quand le lecteur attend des confidences sur l'artiste (qu'elle connaissait mal au final durant sa célébrité, l'humoriste protégeant jusqu'à sa disparition sa vie privée, refusant même d'être entouré lors de son dernier souffle). Reste que le portrait qu'elle en fait est un bel hommage au jeune homme trop tôt disparu. Un parfum amer plane sur ce livre empli de tristesse et de douce nostalgie. La mort prématurée de Le Luron a tout emporté et laissé une famille dévastée par le chagrin. On le comprend ; Le Luron semblait être un vrai gentil, hyper-doué, et sa mort tragique laisse sans voix, malgré les années qui passent. Il fait partie de ces destins brisés qui laisseront leurs marques pour longtemps encore.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 22/04/2013 )
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