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''Tu vois je vais bien''
Nicolas Peyrac   So far away - Un certain 21 mars
L’Archipel 2013 /  19.95 € - 130.67 ffr. / 324 pages
ISBN : 978-2-8098-1033-2
FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm
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Comme beaucoup de chanteurs de sa génération (qui ont connu la gloire dans les années 70-80), Nicolas Peyrac (né en 1949) n'a jamais cessé d'écrire, de composer et de se produire sur scène malgré une absence médiatique et des ventes d'albums en chute libre. L'auteur de So Far Away from L.A., Et mon père, Marylin, Je pars, est un touche à tout et s'adonne depuis 40 ans aux passions de sa jeunesse (musique, photographie, réalisation, écriture de romans).

Ce véritable boulimique de travail, ayant en chantier des dizaines de chansons attendant leur enregistrement en studio, apprend en mars 2012 qu'il est atteint d'une leucémie. Cela ne fait qu'un tour dans sa tête, il est temps de reprendre la plume et d'écrire un livre de souvenirs, sans chronologie classique, au moyen de chapitres qui vont revenir sur des moments forts de sa carrière mais aussi de sa vie d'artiste, d'homme, de fils, de voyageur, et de compagnon de route. La nouvelle est brutale et même si la maladie est pour l'instant sous contrôle, Nicolas prend conscience de l'instant et se met à écrire.

Peyrac, l'étudiant en médecine modèle dont rêvait sa mère, qui travaillait elle-même dans le domaine, lâcha prise au bout de sa sixième année pour se consacrer uniquement à la musique. D'abord auteur pour d'autres, il réalise son premier album en 1975. Quelques succès plus tard, il devint une vedette incontournable des années 70, partageant l'affiche en ''pattes d'eph'' avec les stars du moment : Lama, Bécaud, Johnny, Barbara et bien d'autres. On le sollicite pour des événements musicaux, culturels, cinématographiques et Peyrac accepte à chaque fois au nom de l'amitié et du bonheur de partager de nouvelles expériences avec ses amis. C'est ensuite une carrière singulière qui s'instaure avec des albums originaux marqués par une patte artistique incontestable, des galas souvent organisés par des radios, des événements culturels ou encore des réalisations de documentaires et l'écriture de romans.

On est séduit tout d'abord par l'aspect quelque peu improvisé de ces mémoires. L'homme, bouleversé par l'annonce de sa maladie, semble écrire dans l'urgence, se penchant sur son passé, rendant hommage, et souvent un bel hommage, à ses compagnons de route, donnant du même coup quelques piques aux "lèche-culs" en tout genre qui gravitent également dans le show business. On n'évite malheureusement pas l'effet catalogue ni les anecdotes parfois peu concluantes. On regrette aussi un peu l'aspect très personnel de certaines pages comme au sujet de l'adoption de sa fille ou de ses voyages répétés à travers le monde, qui n'informent pas le lecteur. Mais Peyrac écrit comme il compose, avec naturel et souvent élégance. 18 albums, trois romans, quelques réalisations, l'artiste continue de vivre de son talent (il sort ces temps-ci un album de reprises sous forme de duos avec la nouvelle génération de chanteurs) et cette rétrospective devrait plaire à ses admirateurs tout autant que renseigner les profanes.

A la lecture de tous ces événements lointains ou plus récents ranimant le temps d'une évocation le souvenir des confrères de la chanson (Lama, Clerc, Souchon, Johnny, Lavilliers, Berger, Balavoine), on ne peut que souhaiter du courage à Peyrac pour vaincre la maladie (qu'il n'évoque quasiment pas, penché qu'il est dans l'écriture de sa vie). De son reportage sur la mort de De Gaulle aux concerts de soutien à Mitterrand en passant par l'album de duo qu'il est en train d'enregistrer, Peyrac dresse le portrait d'une époque musicale et culturelle, quelque peu révolue... finalement.

Pour (re)découvrir un chanteur discret, chaleureux et sensible qui a écrit des œuvres malheureusement peu diffusées sur les ondes.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 25/10/2013 )
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