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| Pascal Boniface Léo Ferré toujours vivant
La Découverte 2016 / 15 € - 98.25 ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-7071-9049-9
FORMAT : 13,6 cm × 22,1 cm
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Léo Ferré aurait eu 100 ans en août. Il fut, de l'avis de tous, l'un des grands phares de la chanson française. Il a écrit des textes d'une poésie fulgurante, produit des musiques puissantes et sensibles, interprété avec talent ses propres productions ainsi que les mises en musique de textes poétiques d'Apollinaire, Aragon, Baudelaire, Caussimon, Rimbaud, Verlaine... Il est évident que ce dernier travail a eu une influence non négligeable dans la circulation des textes de ces auteurs. L'auteur de ces lignes se souvient que, lui aussi, se passionna pour Rimbaud après avoir écouté le disque de Ferré.
Pascal Boniface est un universitaire sérieux qui s'occupe de géopolitique et de toute une flopée de sujets allant des conflits du Proche Orient jusqu'au football. Cette ubiquité intellectuelle est probablement le signe d'une ouverture d'esprit, qui fait que le voir publier un livre sur Léo Ferré n'est finalement pas si étonnant. L'auteur, né au mitan des années 50, est un amoureux de Léo et, même si l'on n'a pas étudié ses autres ouvrages, il y a fort à parier que ce livre-ci est très singulier dans sa bibliographie.
Le livre superpose en effet une uvre sérieuse sur l'auteur de La Mémoire et la mer (où il est question de «signaux faibles»...) et un certain nombre de jugements personnels sur lui. Tant mieux, car on ne s'ennuie pas ! Disons-le tout de suite, Boniface est un ferréphile complet... au point qu'il affirme que sur la fameuse photo Brel-Brassens-Ferré de janvier 1969, il y a deux géants et un génie. Qui est le génie ? La réponse de Boniface est claire ! Et d'un certain point de vue, celui de la pure poésie, il a peut-être bien raison.
Mais la chanson, c'est aussi l'art de la langue, et alors sans doute Brassens prend-il la première place ; et l'interprétation, et alors Brel est-il le plus grand. Autre abus d'après nous, lorsque l'auteur affirme que «seul Ferré vient à l'esprit» lorsqu'on pense aux interprètes d'Aragon... mais Ferrat, pour n'en citer qu'un, a également enregistré au moins deux disques inoubliables sur les textes d'Aragon. On n'en tiendra pas rigueur à Boniface. D'une part, parce qu'on aime aussi Ferré malgré ses excès et ses manies, et que reparler de lui et lui rendre hommage à l'occasion de cet anniversaire est nécessaire. D'autre part, surtout, parce qu'on pardonne tout aux amoureux.
Parfois redondant, le livre se lit cependant très bien. Il ne faut pas y chercher une uvre encyclopédique et exhaustive sur l'amant de la ''Jolie môme'' (l'ouvrage fait d'ailleurs moins de 200 pages). En revanche, si l'on veut faire une petite promenade avec Léo, rallumer la flamme, raviver des souvenirs sur le vieux lion, il est tout indiqué.
La couverture nous donne à voir des photos originales de Léo Ferré. Plus si fréquent pour un personnage mort il y a plus de vingt ans. Elles sont de l'auteur.
Alexandre Pavin
( Mis en ligne le 13/06/2016 )
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