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When he was fab
Barry Miles   Paul McCartney, Many years from now
Flammarion - Pop culture 2004 /  25.90 € - 169.65 ffr. / 700 pages
ISBN : 2-08-068725-5
FORMAT : 15 x 24 cm
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Sous-titrée « Les Beatles, les sixties et moi », cette imposante biographie datant de 1997, revient en profondeur sur le parcours de Paul McCartney au sein du quatuor plus populaire que Jésus-Christ (selon John Lennon). Ami et complice du musicien depuis 1965, Barry Miles a recueilli confidences et souvenirs pour élaborer un récit quasiment autobiographique puisque l’auteur reste l’intermédiaire de McCartney, le laissant s’exprimer sur tous les sujets, n’intervenant que pour préciser quelques faits, présenter les protagonistes et les différents contextes. Après la série Anthology, où les Beatles se racontaient eux-mêmes en CD, DVD et beau livre, voici donc les Beatles vus par le seul Paul. Comme pour avoir, une fois de plus, le dernier mot. À partir de trente-cinq séances d’entretiens enregistrées entre 1991 et 1996, Barry Miles construit donc un récit à deux voix, parfois agrémenté de remarques de quelques prestigieux invités.

Les amateurs de bios people remplies de détails croustillants et de scoops racoleurs passeront leur chemin. Si le livre parle un peu des femmes, beaucoup de Jane Asher, la fiancée modèle, et passionnément de Linda, on y discute avant tout de musique, de pop, de méditation et d’avant-garde. Le récit se déroule de façon chronologique : l’enfance du jeune Paul à Liverpool, sa rencontre avec Lennon en 1957, Hambourg, les drogues, l’Inde… Le périple est complet, même si Barry Miles élude quelques épisodes marquants de la vie des Beatles (les tournées mondiales notamment, ou la rencontre avec Presley) pour se focaliser sur le parcours autonome du seul McCartney. Le monstrueux scarabée à huit pattes qui rend les petites filles hystériques n’intéresse pas l’auteur. Si cette biographie est passionnante, c’est en partie dû au grand respect de Barry Miles pour son sujet, Sir Paul, et pour l’activité principale de celui-ci, la musique. Miles oublie pour un livre sa panoplie de rock critique et se borne aux faits, laissant McCartney avouer lui-même au détour d’une explication que tel ou tel titre a été sans doute « un peu bâclé ».

Chaque chanson estampillée de la fameuse signature Lennon/McCartney est ainsi citée, parfois rapidement traitée mais avec toujours une petite anecdote au passage, montrant clairement qu’il n’y a pas de recette-miracle lorsqu’il est question de titres pop éternels et universels. Yesterday a été rêvé, Hey Jude composé dans une voiture, et Got to get you into my life n’aurait jamais été autre chose qu’une ode à la troublante marie-jeanne… McCartney joue parfois le comptable tatillon (« je me créditerais à quatre-vingts pour cent contre vingt pour cent à John sur celle-ci » ), mais ses souvenirs de séances d’écritures avec Lennon sont toujours touchants et renforcent, s’il en était encore besoin, le sentiment d’une mystérieuse et rare alchimie entre les deux artistes. Les albums charnières, Rubber Soul et Revolver, sont soigneusement étudiés, et un chapitre entier est consacré à la réalisation de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, album emblématique de ces swinging sixties hautes en couleurs psychédéliques. Barry Miles et McCartney montrent comment les Beatles cherchaient toujours une manière de se surpasser, de faire quelque chose de différent pour chaque titre, jusqu’à donner à la pop ses tubes canoniques, son mètre étalon.

Durant une grande partie des années soixante, lorsque les Beatles squattaient régulièrement les premières places des charts, McCartney devint un jet setter branché. Ce garçon dans le vent avait sa table réservée dans tous les clubs de Londres et fréquentait le milieu arty avec aisance et un réel engouement. Le livre de Barry Miles relate avec un joli sens de la reconstitution cette ambiance bobo british, et les guest-stars se succèdent au fil des pages. Il y a les collègues comme Mick Jagger, Donovan ou Bob Dylan, mais aussi les artistes Andy Warhol, Richard Hamilton, les galeristes, les photographes, les poètes… C’est un univers de soirées folles, de rencontres étonnantes, de trips hallucinants. Pour McCartney, c’est aussi l’occasion d’assouvir sa soif de connaissance artistique et un encouragement pour s’adonner à diverses formes de création.

Au contact de Warhol ou d’Antonioni, il se remet à réaliser des petits bouts de films expérimentaux, et il lui arrive souvent de concevoir des ambiances musicales à l’aide de boucles, de bruits divers et d’effets multiples. Si l’on en croit la préface, c’est cet aspect de McCartney que Miles tenait le plus à montrer. Il est vrai que le bassiste gaucher a toujours eu sur le dos l’image proprette du garçon mignon, celui qui compose de jolies ballades sur son piano droit et qui a tout du gendre idéal. En montrant un Macca souverain dans ce petit milieu londonien gagné peu à peu par le pouvoir des fleurs, le livre rétablit quelques vérités et donne une vision plus juste du musicien. Un jeune artiste friand d’expérimentations diverses, une éponge s’inspirant de tout ce qui se passe autour de lui, un amateur éclairé de pataphysique et de René Magritte.

Avec Sergeant Pepper, le leadership de Lennon commence doucement à s’effriter, et McCartney devient la locomotive du groupe, l’élément moteur qui pousse toujours les trois autres vers de nouveaux projets, jusqu’à devenir parfois totalement insupportable. La rencontre de Lennon et Yoko Ono, les tensions grandissantes, les vers dans l’Apple… Tout ira de mal en pis jusqu’à l’inévitable rupture du groupe (en ayant pris soin d’enregistrer auparavant un dernier chef-d’œuvre pop, Abbey Road). McCartney revient avec sobriété sur cette période douloureuse, tente d’expliquer les raisons du clash, et conclut de manière plus optimiste en discutant de sa relation avec Lennon jusqu’à sa mort en 1980.

Ce gros livre sur « le plus grand bassiste du monde », dixit Ringo Starr, est un remarquable témoignage, la reconstitution réussie d’une période faste et pleine de folie, le parcours d’un jeune gars de Liverpool à Londres en passant par le reste du monde, qui avec ses trois autres copains a radicalement changé la musique populaire, et a écrit la bande-son idéale et indémodable des années soixante.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 26/11/2004 )
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