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Les mots de Freud
Wladimir Granoff   Sigmund Freud   Jean-Marie Rey   La Transmission de pensée - Traduction et lecture de Psychanalyse et Télépathie de Sigmund Freud
Aubier - Psychanalyse 2005 /  21 € - 137.55 ffr. / 302 pages
ISBN : 2-7007-2441-0
FORMAT : 13,5cm x 22,0cm

L’auteur du compte rendu : Ludivine Bantigny, agrégée et docteur en histoire, est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Rouen.
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Parue originellement sous le titre L’Occulte, objet de la pensée freudienne, cette étude, enrichie d’une dense préface de Jean-Michel Rey, est devenue La Transmission de pensée, tant l’idée de «transmission» (Übertragung) revêt en psychanalyse une fonction essentielle.

De «l’occulte» à la «transmission de pensée» : les mots ont ici leur importance. Ils ne pèsent pas mais sont pesés, avec infiniment d’attention, par les traducteurs-commentateurs, si soucieux de la richesse de la langue freudienne, que cette édition bilingue permet de faire ressentir pleinement. Jean-Michel Rey ne manque d’ailleurs pas de déplorer le «désordre indescriptible» des traductions françaises de Freud, situation «proprement catastrophique» à ses yeux. Soucieuse de montrer les coulisses d’un travail à quatre mains, la préface de Jean-Michel Rey dit le goût commun des mots qui l’unissait à Wladimir Granoff, mort en février 2000. L’un psychanalyste, l’autre philosophe, tous deux ont conçu la traduction et l’étude de Psychanalyse et télépathie avec la ferme volonté de ne pas séparer l’une de l’autre : grâce au travail de traduction, ce sont les mots mêmes de la psychanalyse qui sont interrogés, scrutés, c’est le vocabulaire de Freud qui fait ici l’objet d’un examen, avec cette piste en particulier, suivie avec acuité : comment des termes courants deviennent-ils partie intégrante du lexique freudien.

L’occultisme, dont l’intérêt s’était accru après la guerre, pouvait-il représenter une menace pour le destin de la psychanalyse ? Freud, dans ce manuscrit daté d’août 1921, prend la question à bras le corps. Il fait plus encore, il se l’approprie : car c’est là l’occasion de mettre à l’épreuve les frontières du psychisme. Freud rend compte ainsi d’analyses au cours desquelles ses patients lui ont décrit certains de ces phénomènes (occultisme, télépathie, mais aussi superstitions). Dès lors, ce qui fait l’«armure» (Wappnung) de la psychanalyse, lorsqu’elle les aborde, ce sont son impartialité et son absence de prévention (Unbefangenheit), peut-être aussi, selon le mot de Freud, son «absence d’espérance» (Erwartungslosigkeit). Dans les «prophéties» égrenées comme exemples, ce n’est certes pas leur rapport au futur qui retient Freud, mais bien leur effet : coïncidences, tressage de mots et d’images, tout ce qui, littéralement, «tombe» dans l’esprit (Einfälle) forment une trame d’échos, de correspondances et de liens. Ils permettent à Freud, une fois encore, de déplier toutes les dimensions des «événements» d’une cure, qui valent par et dans leur mise en rapport.

Faire surgir ce texte peu «visité», en lui accordant, pour le commenter dans son mouvement, un volume entier, c’est montrer avant tout comment s’élabore la théorie freudienne, toute de suggestions distillées, d’hypothèses avancées, d’ouvertures possibles — Freud le déclare : sa disposition à l’égard de ce «matériau» demeure «réservée, ambivalente», mais il lui donne «droit de cité», pour reprendre cette fois la formule de Granoff et Rey, et en accepte l’exploration. Avec cet ouvrage, les auteurs considèrent donc aussi un moment de l’histoire de la psychanalyse, en refusant de la réifier, mais au contraire en l’identifiant dans ses développements, non pas comme une pensée toute constituée, déjà, en 1921, mais comme un déploiement.


Ludivine Bantigny
( Mis en ligne le 05/03/2006 )
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