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L’inconnue du christianisme
James-D. Tabor   Marie - De son enfance juive à la fondation du christianisme
Flammarion 2020 /  22,90 € - 150 ffr. / 384 pages
ISBN : 978-2-08-137936-7
FORMAT : 15,2 cm × 24,0 cm

Cécile Dutheil de La Rochère, Nathalie Gouyé-Guilbert (Traducteurs)
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C’est sans doute l’une des personnalités historiques les plus connues et paradoxalement les moins documentées : Marie, mère de Jésus, est en quelque sorte l’inconnue du christianisme. D’elle, on ne connaît que quelques traits fixés dans les Evangiles, et une image imposante établie bien longtemps après par l’Eglise, image figée d’une vierge éternelle, mère de Dieu et consolatrice. Or pour James Tabor, professeur d’histoire du christianisme à l’université de Caroline du Nord et auteur d’une première enquête historique sur Jésus (La Véritable histoire de Jésus, Robert Lafont 2007), Marie est avant tout «une femme, juive, veuve, seule et mère de huit enfants au moins» (p.131). C’est à cette femme, à l’ascendance (royale et religieuse) et à la descendance prestigieuses, qu’il consacre un ouvrage, entre enquête, récit et étude historique, afin de retrouver la femme derrière l’icône. La démarche est intéressante, légitime, et surtout documentée.

Le pari de l’auteur, c’est de restituer Marie dans son époque, son contexte, celui d’un monde antique, d’une Palestine occupée par les Romains et placée au cœur de luttes politiques complexes (une sorte de Games of Thrones antique, selon l’auteur). Pour cela, il enquête en employant des sources éparses, l’Evangile bien sûr (pas forcément discuté), mais aussi des textes apocryphes, des pères de l’Eglise, des chroniqueurs anciens, des documents archéologiques issus des fouilles locales (et revisités), ses propres recherches, etc. Progressant de manière concentrique, il s’intéresse d’abord au contexte et à la parenté, à la nature des témoignages (en interrogeant les Evangiles) avant de se focaliser sur Marie et sur sa situation.

La question centrale qui anime l’ouvrage est celle de l’effacement de la personne au profit de l’icône. Il s’agit donc déjà de se demander, très concrètement, ce que c’était que d’être une femme appartenant, par sa naissance, à l’aristocratie, partageant la vie d’un artisan vite disparu, et mère d’une famille nombreuse. Et bien évidemment, de questionner la mère de Jésus, afin de saisir son rôle dans cette histoire, d’essayer de comprendre ce que fut le contexte social et familial de Jésus, ainsi que son héritage culturel. En somme, l’auteur nous convie à nous asseoir à la table de Marie et à observer la sainte famille. A quoi ressemble cette mère-là, quelle est sa vie et comment a-t-elle été gommée par le christianisme ?

L’enquête est érudite, et entraîne le lecteur avec une vraie fougue, dans les méandres de la Galilée antique. On passe des Evangiles aux descriptions des paysages israéliens contemporains (la vue de Sepphoris !) : cela se lit comme un roman, plutôt policier, et agréable. Une forme d’histoire qui se déroule un peu comme un documentaire où l’auteur (non sans signaler prudemment qu’il ne veut provoquer aucun croyant) vous prend par la main pour vous amener à partager sa vision du monde. Pas de prosélytisme, de la science, et un peu d’empathie, voilà la méthode Tabor.

Ce qui peut parfois gêner… car parmi les défauts de cet ouvrage sympathique, il y a quand même le style, une tendance forte (et assumée) à l’autopromotion. Présentée en couverture comme «la nouvelle enquête historique» de l’auteur, cette étude s’intéresse autant à Marie qu’à James D. Tabor, qui se met continuellement en scène, en archéologue et historien de terrain, entrant dans des caveaux, découvrant (le premier !) des inscriptions ou des traces, et dont les émotions historiques nourrissent les pages. Il y a un petit côté Indiana Jones – le côté dramatisation et héroïsation de l’auteur – qui finit par agacer, ou du moins, quand on est indulgent, par faire sourire. Un péché véniel niché dans le manteau de la vierge, pour cet ouvrage en forme de reportage et qui se lit avec plaisir.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/09/2020 )
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