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Essais & documents  ->  Spiritualités  
 

Dieu n’est pas mort… il n’a jamais existé
Michel Onfray   Traité d'athéologie
Grasset 2005 /  18.50 € - 121.18 ffr. / 280 pages
ISBN : 2246648017
FORMAT : 14 x 23 cm
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Le succès du Traité d'athéologie de Michel Onfray tient en grande partie à sa force dénonciatrice, assez rare en cette époque de consensus, largement nourrie par les illustres anciens de «l'ère du soupçon» que sont Feuerbach, Marx, Freud et surtout Nietzsche. De ce dernier, auquel sont empruntés le ton, l'analyse et beaucoup de concepts, Michel Onfray reconnaît une filiation «directe», c'est-à-dire, en langage Nietzschéen, non dogmatique.

Pourtant le dogme athéologique est ici bel et bien présent et équivaut à un acte de foi à part entière. Pour le justifier, l'auteur dresse un constat qui lui permet de ne pas donner l'impression de déterrer un discours «subversif»... vieux d'au moins deux siècles. Notre époque est en proie à une épidémie de religiosité, de crédulité, de fanatisme, que ne reflète pas toujours la pratique officielle. Il est donc temps de jeter les fondements d'un travail de contestation radicale de toute forme de religiosité, depuis ses manifestations les plus spectaculaires, les monothéismes officiels, aux plus « résiduelles », comme la foi dans certaines valeurs directement inspirées de la religion, présentes dans la morale laïque. Il faut passer d'une laïcité de tolérance à une laïcité de combat.

Or, c'est bien le fondement qui semble manquer le plus dans cette entreprise censée mobiliser par la suite une psychologie, une métaphysique, une archéologie, une paléographie, etc. L'évidence de l'absence de toute transcendance est affirmée avec l'assurance de la révélation. Dieu est une fiction, une superstition, un conte pour simples d'esprit inventé de toutes pièces pour les besoins d'une oeuvre d'empoisonnement orchestrée par des hystériques terrorisé par la mort - et donc par la vie qui la porte en elle - et/ou avides de pouvoir. Entrer en religion, c'est parier sur l'inexistence ou l'insignifiance de cette vie terrestre pour échapper à son envers : la mort. Même un Nietzsche aurait trouvé la thèse quelque peu forcée !

En fait, Michel Onfray n'a cure de démontrer son propos philosophiquement. Le bilan historique et politique de la religion suffit amplement pour se mettre à table et bouffer du curé, du rabbin ou de l'imam : «la religion du Dieu unique [...] projetée contre autrui [...] fomente la méchanceté, l'intolérance qui produisent les racismes, la xénophobie, le colonialisme, les guerres, l'injustice sociale. Regarder l'Histoire suffit pour constater la misère et les flots de sang versés au nom du Dieu unique [...]» Fort de ce principe explicatif, des charges extrêmement véhémentes, voire brutales, sont portées contre les «théocraties», parfois avec pas mal de courage, il faut le reconnaître. La collusion entre politique et religion ouvre un domaine qui semble être pour Michel Onfray la racine du mal absolu. Depuis les lois « fascisantes » de l'empereur Constantin, empereur du premier «Etat chrétien», jusqu'aux affinités entre le national-socialisme et l'église, sans oublier la «bénédiction» papale récente des actes commis par les génocidaires du Rwanda, le monothéisme, en l'occurrence chrétien, est ce qui se fait de pire contre la liberté, l'intelligence, la vie. Une charge moins informée mais tout aussi radicale est portée contre les monothéismes musulmans et juifs, sans les ménagements qui sont actuellement d'usage.

L'argument le plus fort de Michel Onfray pour dissuader ces contemporains de sombrer en religion consiste sans doute dans le retournement du principal attribut ou outil des monothéismes : le Livre, réputé comme sacré car d'origine divine, source infaillible de vérité. Or, un bref prélèvement dans la Bible et le Coran montre qu'au moins deux lectures radicalement opposées sont possibles. On peut aussi bien justifier la tolérance, l'amour et la paix, que la guerre, le génocide et le sang. Cet argument, contesté actuellement par l'exégèse, a pour avantage de prendre les fondamentalismes à leur propre piège : proposer comme unique code de vie un texte qui dit tout et son contraire, c'est, par la simple application du principe de non contradiction, abandonner la simple raison.

On reste au final assez indécis sur la nature de ce livre. Quelle est la véritable intention de l'auteur ? Elle n'est visiblement pas de convaincre l'intelligence puisque l'absurdité de toute religiosité monothéiste ne semble pas devoir être prouvée pour l'auteur. Par ailleurs, aucune voie réelle se substituant au système de valeurs inspiré par le christianisme n'est proposée, les quelques exemples sur la justice et les références utilitaristes étant bien minces. Il s'agit principalement, semble-t-il, de faire entendre, dans le concert des croyances et des dogmes, la voix du matérialisme militant, d'inspirer au plus grand nombre son rejet épidermique de la religion. Or, en bon zélateur de l'athéisme, Michel Onfray sait que pour emporter l'adhésion de masse, il faut frapper au coeur et inspirer la crainte.


Guillaume Ruffat
( Mis en ligne le 19/09/2005 )
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