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Deux biographies pour un candidat
Claude Askolovitch   Lionel
Grasset - Biographies 2001 /  19.69 € - 128.97 ffr. / 420 pages
ISBN : 2246603811

A lire également:
Jospin, secrets de famille de Serge Raffy.
Fayard Biographies /09/2001,440p., 138 Francs
ISBN: 2213609241

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Quand la moitié des romans de cette rentrée, prétendant nous parler du corps de leur auteur, avortent de pâles squelettes de papier, il est un héros qui sort nettement du lot. Son nom : Lionel Jospin.

A lire les deux biographies dont il fait l’objet (Lionel, Claude Askolovitch, Grasset ; Jospin, secrets de famille, Serge Raffy, Fayard), on découvre, en effet, derrière le masque du meilleur élève de Mitterrand, un vrai personnage de roman, doté d’une histoire personnelle forte et complexe, « structuré » à l’extrême mais aussi pugnace et sanguin, retors mais animé par une force hors du commun – et sans doute quelques convictions, décantées au cours d’une vie militante

Le livre de Claude Askolovitch, surtout, excelle à nous faire ressentir la densité physique de son héros, son côté bagarreur, les « vibrations » qu’il émet en situation de crise, son goût du risque. Lui et Serge Raffy font ex-aequo tant qu’il est question des origines familiales du Premier ministre. Le père, Robert, est terriblement représentatif d’une espèce de militants de gauche en voie d’extinction qui a beaucoup contribué à façonner la France du siècle dernier. Grande gueule généreuse mais avide de popularité et, plus secrètement, de pouvoir, il accumulera les prises de position à retardement qui lui vaudront d’être mis au vert pendant la guerre d’Algérie, où il prend la direction d’un centre de rééducation pour jeunes délinquants. C’est là que se formera la personnalité de Lionel, dans cette tribu protestante qui méprise l’argent mais se considère comme naturellement destinés à encadrer et à diriger.

C’est sur un autre épisode qu’on attendait nos biographes : le passé trotskiste du candidat non déclaré à la prochaine présidentielle. Askolovitch avait déjà révélé l’essentiel de ce lourd secret dans Le Nouvel Observateur. Son livre en offre la version la plus complète et la plus convaincante. Non, cet engagement n’a pas été une erreur de jeunesse vite oubliée. Oui, Lionel Jospin est rentré dans la redoutable secte lambertiste (OCI), alors qu’il était encore élève à l’Ena. Oui, il y était encore en mission au tout début des années 80, alors qu’il était parvenu à prendre le contrôle du Parti socialiste.

Raffy commet l’erreur de prendre l’OCI pour un groupuscule gauchiste parmi d’autres. Quiconque s’est un jour frotté à cette inquiétante organisation a pu en éprouver le caractère de secte. L’OCI pratiquait le culte de la violence, exigeait de ses adeptes la croyance en un certain nombre de dogmes absurdes et fantasmait un grand complot des exploiteurs et/ou des fascistes auquel elle prétendait opposer son propre réseau d’agents infiltrés dans les syndicats (FO, la FEN), les partis de gauche et les réseaux supposés influents. Aux yeux de Raffy, « l’infiltration » du trotskiste Jospin au PS équivaut au « prêt » d’un grand joueur à une équipe de 1ère division par une équipe moins prestigieuse. L’OCI louait bien ses gros bras aux personnalités socialistes nécessitant une protection rapprochée, explique-t-il. A la différence d’Askolovitch, Raffy tend à minorer les divergences de nature entre l’OCI et le PS. Pour Askolovitch, « Lionel ne trahit personne. Trotskiste avec les trotskistes, mitterrandiste chez Mitterrand, socialiste partout, de gauche. » C’est seulement un homme « clivé », auquel ses appartenances multiples ont imposé une productive rigueur de comportement, un contrôle de soi dont il a fait le levier de son pouvoir sur les autres. A la limite, c’est cette existence d’agent double qui l’a rendu si « structuré », quand elle aurait poussé tant d’autres à la schizophrénie. Et l’auteur ne manque pas de noter que le « savoir » trotskiste donnera au hiérarque socialiste en cours d’ascension un trouble sentiment de supériorité.

Reste que cette liaison avec la « vieille maîtresse » a duré plus que de raison : jusqu’en 1986-1987, alors que Jospin avait pris la tête de la maison socialiste. Tous les infiltrés ont rêvé de s’emparer un jour de la direction du parti, syndicat ou association dans lequel ils étaient entrés. Jospin, lui, a réussi. Pas étonnant qu’Askolovitch écrive parfois son histoire à la manière de John Le Carré. Pas étonnant non plus que, des deux biographies, la sienne tire le mieux son épingle du jeu.


Brice Couturier
( Mis en ligne le 08/10/2001 )
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