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| Emmanuel Kessler La Folie des sondeurs - De la trahison des opinions Denoël - Impacts 2002 / 15 € - 98.25 ffr. / 208 pages ISBN : 2-207-25287-6 Imprimer
Insupportables mais incontournables. Telle pourrait être la leçon de ce livre dEmmanuel Kessler, journaliste politique et rédacteur en chef à BFM, sur les sondages en politique. Car voilà bien longtemps maintenant que le procès des sondages a été engagé. 1995 : les instituts pronostiquent un duel Chirac-Balladur au second tour de lélection présidentielle. 1997 : 100 à 150 sièges davance pour une droite qui vient de dissoudre lAssemblée nationale. 1998 : un raz-de-marée socialiste aux élections régionales. Sans compter la multitude de sondages, confidentiels, locaux, aussi bien inspirés que les précédents. Et chaque fois, la rengaine est la même de la part des hommes politiques, pourtant rivés à ces instruments : cest lélecteur qui décide, pas le sondage ! Chaque fois encore, la réponse est la même de la part des sondeurs : les sondages ne sont que des prévisions susceptibles de marges derreurs. Et chaque fois pourtant, lélecteur est abreuvé de sondages !
Ce nest pourtant pas tant le rapport des sondages à la politique que la manière dont ils sont réalisés quEmmanuel Kessler fustige. En effet, lélecteur sait désormais à quoi sen tenir sur la pertinence de ces indicateurs dopinion. Quant aux états-majors politiques, libres à eux de se complaire dans ces miroirs souvent déformés. Non, cest surtout la malhonnêteté qui préside à la confection de ces enquêtes quEmmanuel Kessler dénonce : questions dirigées, qui font dire en même temps aux sondages une chose et son contraire, panels qui ont perdu de leur représentativité, sondés qui se jouent de lexercice, péréquations, redressements du sondage et autres artifices qui rendent ses résultats chaque fois un peu plus aléatoires. Si encore les sondages ne pêchaient que sur la forme ! Emmanuel Kessler sen prend en outre vigoureusement à la place des directeurs dinstituts dans le jeu politique : non contents dêtre déjà sondeurs et politologues quasi-officiels de notre république, coqueluches des soirées électorales, les voilà qui simprovisent conseillers occultes des gouvernants, téléguidant dans des perspectives clairement politiciennes leurs instruments. Avec un cynisme dautant moins acceptable que lenquête dopinion politique nest souvent conçue par ceux-ci que dans un souci de notoriété (« le sondage dont on parlera »), lactivité principale des instituts, dailleurs plus officines lucratives quinstituts scientifiques selon Emmanuel Kessler, étant de vendre des enquêtes tous azimuts hors du champ politique.
La charge dEmmanuel Kessler contre les sondages et les instituts qui les promeuvent est rude. Méritoire sans doute, elle est pourtant difficile à suivre, tant louvrage est décousu et redondant. Cétait un peu la gageure de lexercice : comment conserver lattention du lecteur tout en lui criant à chaque page lennui intrinsèque du sondage !
Alexis Vialle ( Mis en ligne le 19/04/2002 ) Imprimer | | |
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