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| Israël Rosenfield L'Etrange, le familier, l'oublié - Une anatomie de la conscience Flammarion - Champs 2005 / 9.20 € - 60.26 ffr. / 260 pages ISBN : 2-08-080113-9 FORMAT : 11x18 cm
L'auteur du compte rendu : Antoine Bioy est psychologue clinicien et docteur en psychologie. Imprimer
Israël Rosenfield est diplômé en médecine et docteur en philosophie (Princeton). Il enseigne les neurosciences et lhistoire des idées à la City University de New-York. Après LInvention de la mémoire, il signe un ouvrage autour de la notion de conscience, dans une perspective neurologique.
Le propos de lauteur est de démontrer que cest lexpérience du corps qui permet à la notion de conscience de se structurer. Ainsi, le cerveau est en mesure de se référer à une unité corporelle inter-agissant avec lextérieur et au travers de laquelle les stimuli vont prendre sens. Autrement dit, ce nest pas le cerveau qui «dicte» comment un individu perçoit le monde, mais ce qui est déterminant est lexpérience que ce dernier fait de son univers, au travers du corps, et dont le cerveau va se saisir. Il résulte de cela que si le corps est endommagé, cela va se refléter sur le sentiment didentité, de la mémoire mais aussi de la conscience.
Largumentation est audacieuse, puisquelle remet en cause les théories classiques en neurologie et en neuropsychologie, qui raisonnent uniquement en termes de «centres» correspondant à des fonctions mentales. Mais lauteur appuie son propos sur de nombreux cas cliniques, dont il propose une lecture nouvelle et même parfois une réinterprétation totale, lorsquil sagit de patients «célèbres» dans lhistoire des neurosciences. Un chemin audacieux mais pour le moins convaincant. Dautant que cette approche ouvre de nouvelles perspectives de compréhension de la conscience, comprise ici comme un système unifiant passé, présent, et sentiment didentité. Également, le sujet humain est ici analysé comme fondamentalement en interaction avec son environnement (ce qui nest pas banal dans une perspective neurologique), et dont la parole ne renverrait pas quà des processus conscients.
Si louvrage sinscrit sans équivoque dans le champ des «sciences dures», il est par ailleurs fort intéressant de voir que la méthodologie utilisée est en partie commune avec celle des sciences humaines, et particulièrement de la psychologie clinique : point de départ du pathologique pour comprendre le normal, appui sur le langage, formulation dhypothèses et dinterprétations argumentées quil sagit de confirmer ou dinfirmer. Une façon de réunir ce qui a encore du mal à se concevoir ensemble ?
Antoine Bioy ( Mis en ligne le 16/12/2005 ) Imprimer | | |
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