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Une aventure hors du commun | | | Angelo D'Arrigo L'Homme oiseau Arthaud - La Traversée des mondes 2006 / 20 € - 131 ffr. / 329 pages ISBN : 2-7003-9670-7 FORMAT : 15,5cm x 24,0cm
Traduction de Virgil Tanase. Imprimer
Avec leur collection «La Traversée des mondes», les éditions Arthaud nous font partager lesprit daventure ; une aventure qui prend de multiples visages : alpinisme avec Maurice Herzog ou Catherine Destivelle, navigation avec Francis Joyon ou Antoine. Angelo dArrigo nous emmène dans une autre dimension : le vol libre. Libre comme lair dans lequel il évolue ; libre comme un oiseau dont cest lélément de vie ; libre comme un planeur qui utilise instinctivement toutes les possibilités aérologiques pour économiser de lénergie.
Lauteur, décédé dans un accident davion le 27 mars 2006, a vécu cette passion jusquau bout et avec une extrême détermination. Chez ce formidable sportif, chaque projet fut loccasion dun véritable exploit humain. Les nombreux records quil a établis en témoignent largement : survol de lEverest et de lAconcagua en vol libre ; traversée de la Méditerranée en deltaplane à moteur puis en vol libre ; traversée du Sahara en vol libre ; traversée de la Sibérie en vol libre. Chaque projet demandait une préparation physique importante et spécifique. Ainsi, pour son survol de lEverest, Angelo dArrigo mit au point une étonnante technique qui lui permettait de respirer à 9000 m. daltitude, cest-à-dire à très basse pression, et sans apport doxygène par bouteille, pour éviter ainsi lhypoxie et le décès en cas de problème technique sur sa bouteille doxygène, son masque, etc. Pour cela, il prit exemple sur lAigle du Népal, capable lui aussi de planer par dessus le «Toit du monde». La solution est toute simple : créer dans les poumons, par maîtrise et contraction musculaire, une pression suffisante au passage de loxygène dans le sang.
Cette anecdote résume bien le second objectif des projets dAngelo dArrigo. Au-delà dune simple performance sportive, il cherchait à comprendre la gent ailée et particulièrement les grands voiliers. Ce quil cherchait, cétait sa «métamorphose» en instinctif du vol libre. Des pages étonnantes décrivent les différentes étapes de cet apprentissage au contact daigles ou de grues. Ce quil désirait aussi, cétait sauvegarder les espèces menacées. Angelo dArrigo plaçait ses compétences inégalées au service de la science et de la protection de la nature. Il apprit ainsi à des Grues de Sibérie ou à un Aigle des Steppes les arcanes du vol libre et de la recherche de nourriture ainsi que le chemin de leurs migrations, ce qui donna lieu à des épopées sur des milliers de kilomètres..
Laventure est là, omniprésente, les contraintes et les difficultés aussi. Première contrainte : les formalités administratives et la bureaucratie qui empêchent ou retardent chacune de ses expéditions. Après sa traversée de la Sicile à lEgypte, Angelo dArrigo goûte même les «joies» des prisons libyennes pendant plus dun mois
Seconde contrainte : trouver et bien souvent inventer - le matériel adéquat. La force dAngelo dArrigo fut de savoir sappuyer sur des équipes performantes et de trouver des soutiens là où il fallait, comme chez Fiat avec ses souffleries hautement performantes ou dans lArmée de lAir italienne avec son caisson basse pression permettant de simuler le vol en haute altitude et lhypoxie. A force dinnovations dans tous les domaines, le deltaplane sadaptait à toutes les situations, à tous les projets.
Avec toutes ces aides, Angelo dArrigo parvint même à démontrer que le «deltaplane» dessiné par Léonard de Vinci, surnommé la Plume, était capable de voler ! Il ne manquait à Léonard que les matériaux technologiques actuels qui lui auraient permis de diviser par quatre le poids de la machine
Illustration parfaite du génie éclectique dun savant-artiste à la Renaissance. Toutefois, on peut noter que Léonard de Vinci, sil était indubitablement un ingénieur hors pair, nen était pas moins un artiste extraordinaire, capable de faire surgir lémotion avec une simple esquisse d'un sourire. Malheureusement, trop souvent, le texte dAngelo dArrigo nest pas en rapport avec la qualité des exploits, la beauté des aventures et la richesse des contacts humains. Il manque un souffle épique et le style est banal quoique correct. Nous aurions aimé ressentir plus intensément le lyrisme de ses aventures. La modestie de lauteur, sa retenue et sa discrétion en sont sans doute responsables. Il reste des récits prodigieux et la grâce dun «Homme oiseau» qui a su apprivoiser le vent et les Aigles pour aller à la rencontre de la Terre et des Hommes.
Rémi Luglia ( Mis en ligne le 07/07/2006 ) Imprimer
Ailleurs sur le web :Lien vers le site officiel d'Angelo D'Arrigo | | |
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