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African Lesbos
Chinelo Okparanta   Sous les branches de l'udala
10/18 - Domaine étranger 2020 /  8,40 € - 55.02 ffr. / 408 pages
ISBN : 978-2-264-07542-0
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication française en août 2018 (Belfond)

Carine Chichereau (Traducteur)

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Chinelo Okparanta vit depuis l’âge de dix ans aux USA. Elle n’a pas pour autant oublié son pays d’origine, le Nigeria. L’histoire qu’elle nous raconte se déroule dans les années 1967-1970, en pleine guerre civile pendant laquelle le Biafra veut être séparé du Nigéria. C’est celle d’Ijeoma qui vit à Ojoto. Les combats entraînent une terrible famine. Une des raisons de ce conflit a pour origine la volonté de l’ethnie Igbo (à laquelle appartient la narratrice), chrétienne et animiste, de s’affranchir de la tutelle haoussa, musulmane. Ces griefs interethniques sont soutenus par les puissances européennes, notamment la France, pour le pétrole du Biafra. Là n’est pas le principal intérêt du roman, qui réside plutôt dans la tragédie personnelle et les sentiments d’Ijeoma.

Son père, qui appartenait à la classe moyenne des Igbos, est tué par un raid aérien, alors qu’elle est une toute jeune adolescente. Commencent les prières et les appels à Dieu de sa mère, la Bible comme référence systématique. Par nécessité, Ijeoma est confiée à des amis de sa famille en attendant que sa mère retrouve une situation stable. Elle rencontre Amina, une jeune Haoussa, et elle en tombe amoureuse. Leur relation rapidement découverte, les adultes se chargent de leur rappeler qu’elles sont tombées dans «l’abomination», selon la Bible ; leur amour est criminel et elles sont séparées.

L’auteure décrit l’homosexualité féminine dans une société nigériane impitoyable, la toute puissance des traditions, de l’Église, l’étroitesse de la liberté et la nécessité de se plier aux règles strictes sous peine de mort. Le Mal et le Bien sont clairement définis, sans appel possible. Plus tard, les deux jeunes filles se retrouvent en pension. L’action, enfin, se déplace dans la capitale, Port-Harcourt, et Chibundu, l’ami d’enfance voit clair : «La religion est le marché le plus ancien et le plus juteux créé par l’homme car non seulement, elle sait attirer des clients mais aussi les contrôler avec des outils tels que la doctrine».

Portée par une belle écriture, charnelle, franche et authentique, donnant aux émotions une intensité farouche, l’histoire dont Ijeoma est la narratrice, de longues années plus tard, une fois qu’elle a fait sa vie de femme, ne manque ni de force ni de tension car son existence est constamment menacée par sa relation avec des femmes. La lapidation est considérée comme normale et elle doit se cacher en permanence. Chinelo Okparanta tente de donner des clés pour comprendre la psychologie des personnages. Il est précisé en note de ce roman publié en 2015 que la loi au Nigeria punit d’emprisonnement l’homosexualité.

Un très beau roman réaliste, émouvant, qui souligne ce qui reste occulté et hors la loi dans des sociétés traditionalistes et gangrenées par la religion. Un roman d’amour intense, écrit avec le ventre.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 13/07/2020 )
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