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Concertos pour piano et orchestre n° 22 K482 et n° 27 K595
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Alfred Brendel( piano )
 Scottish Chamber Orchestra
Sir Charles Mackerras( direction )

Philips / Universal 2001   
TT :  67 mn.
468 367-2
1 CD

Enregistrement : (studio) septembre 2000. Stéro DDD. Prise de son correcte ; piano proéminent.
Notice (français, allemand, anglais) complète et intéressante.

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Voici ce qu'Alfred Brendel, par ailleurs humoriste, poète et musicologue, écrit dans ses Recommandations d'un interprète de Mozart à lui-même: "Il suffit d'un coup d'oeil sur la partie de soliste des concertos pour piano : l'interprète mozartien a une liberté d'action de très loin supérieure à celle d'un gardien de musée." A écouter cet enregistrement, deuxième volume d'une intégrale peut-être en cours, il est à craindre que cette liberté n'excède toutefois pas celle du conservateur dudit musée, tant les convenances du jeu mozartien y sont étroitement respectées.
Il est vrai que Brendel n'est pas encouragé à la légèreté et à l'imagination par la direction mal dégrossie de Charles Mackerras, qui se voudrait haydnienne et n'est que fruste, appuyant les temps avec une insistance fâcheuse. Si cette forme de brutale bonhomie peut donner le change dans le vigoureux Allegro initial du K482, et même y faire apparaître crûment l'attention nouvelle que Mozart porte alors à l'harmonie, elle se trouve en revanche fort dépourvue dans les pages plus dépouillées de l'Andante, et paraît même désoeuvrée dans l'Allegro final. Même faiblesse dans le Larghetto du K595, dirigé sans idée ni souci de transparence.
Dans ces conditions d'austère prosaïsme, Brendel ne peut guère qu'assurer le minimum (lequel, certes, est le maximum d'autres pianistes) mais non pas apporter le supplément de fantaisie et de poésie qui, dans un tel contexte, paraîtrait incongru. Bridant sa légendaire intelligence, il s'est placé sur pilote automatique le temps d'une traversée inconfortable, et s'en tient donc à une lecture parfaitement égrenée, sans haut ni bas, d'un ton neutre de conférencier. Même les cadences de son cru ne dérogent pas à cet accès de lassitude.
Osera-t-on avancer que, des vingt-sept concertos de Mozart, le dernier n'est pas le plus raffiné sur le plan de l'équilibre orchestre/soliste ? Mackerras et le Scottish Chamber Orchestra ne se le laissent pas dire deux fois ; ils se contentent d'une interprétation grossièrement quadrillée, faisant fi de toute nuance. Corseté dans ce cadre morne et mesuré, Brendel ne parvient jamais à s'abstraire d'un jeu honnête, mais, on est bien obligé de le dire, singulièrement déshabité, où chaque note semble peser d'un poids égal. Ni moine bourru ni oiseau prophète, il dévoile ici un troisième aspect de sa personnalité que nous ne lui connaissions guère : l'homme est rétif. Un moyen plus simple de ne pas se commettre eût été de ne pas se prêter du tout à ce jeu sinistre...
Si nous pouvons nous permettre cette sévérité, c'est que le même Brendel, voici bientôt vingt ans, a enregistré sous la direction de Neville Marriner une intégrale de ces concertos qui continue, aujourd'hui, de soutenir la comparaison avec celles de Barenboïm, Perahia, ou des grands anciens Schnabel, Fischer et surtout Anda. Il se trouve que cette intégrale est toujours disponible chez le même éditeur. Ce ne sera donc pas punir ce dernier que de la préférer à cet imparfait témoignage du génial pianiste autrichien.


Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 18/07/2001 )
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