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Ballade n°4, Berceuse, Barcarolle...
Frédéric Chopin (1810-1849)
Vladimir Ashkenazy( piano )

Decca / Universal 2002   
TT :  68 mn.
466 708-2
1 CD

Ballade n° 4 en fa mineur, op. 52
Berceuse, op. 57
Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur, op. 61
Deux nocturnes, op. 62 n° 1 et 2
Trois valses, op. 64 n° 1, 2, 3
Trois mazurkas, op. 59
Barcarolle, op. 60


Enregistrement (studio) : juin 1999. Stéréo DDD. Prise de son : réaliste, timbres bien respectés.
Notice (français, anglais, allemand) correcte.

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On a peine à imaginer, aujourd'hui, la notoriété de Vladimir Ashkenazy dans les années 60 et 70. Lauréat des plus grands concours, à une époque où les acrobates du piano (modèle Horowitz déposé) rangeaient leurs agrès, il a pu incarner, dans un répertoire très large, le type même du virtuose athlétique avec supplément d'âme. Ses Chopin, alors, avaient de la robustesse, de l’élasticité, et une détermination peu commune à échapper aux clichés du romantisme blet. Ashkenazy se plaît à dire que la musique est une et indivisible ; son Beethoven, son Chopin, son Prokofiev étaient de fait coulés dans le même bronze dont on fait les canons et les statues équestres. Au prix, parfois, d'un certain tapage.

Puis, Ashkenazy a laissé reposer son clavier et s'est tourné vers la direction d'orchestre. Sa franchise, son cœur l'y ont souvent servi. Les années passant, on lui a découvert une méticulosité qui n'était pas son trait dominant. Revenant aujourd'hui au piano, pour graver – nous dit-on – une nouvelle intégrale Chopin, il privilégie naturellement une approche plus réfléchie, moins impulsive et d'une étonnante prudence. On est immédiatement frappé par l'égalité de ton et la sérénité de ce jeu apaisé, que ne brusque aucune embardée. Ce Chopin n'est assurément pas d'un jeune homme. S'il rit, s'il danse (Valses), c'est par nostalgie. Cette distance n'est toutefois pas indifférence, mais pudeur, comme dans ces couples où, les années s'ajoutant, le désir s'épointe pour ne pas blesser. Dans l'extraordinaire Berceuse à endormir les doutes et les peurs, Ashkenazy n'atteint pas à la surnaturelle ingénuité d'un Rubinstein, mais trouve des couleurs d'une nuance chavirante. Le même travail sur les timbres transforme notre écoute de la Polonaise-Fantaisie dès les premières mesures, objets d'une attention parfaitement inhabituelle. Presque sans recourir à la surprise dynamique, qu'il est si facile de ménager dans les méandres chopiniens, Ashkenazy semble structurer ces pièces sur le seul contraste chromatique, bannissant de son phrasé tout hiatus trop prévisible. Ce qui, très logiquement, nous donne une Quatrième Ballade d'une seule coulée, d'une simplicité d'expression inaccoutumée.

Cette pudeur, reconnaissons-le, est à deux doigts de la fausse modestie ; Askhkenazy le sent très bien qui, dans la Barcarolle – sommet de ce disque –, sait se freiner de façon presque comique avant de faire du Rachmaninov. Sentiment curieux d'un Chopin sans rodomontades mais sans langueurs, parfois absent de lui-même et, pour tout dire, assez morbide. C'est un plaisir rare d'entendre le Nocturne op. 62 n° 2 dévidé avec une telle retenue, sans les sempiternels ahanements du pianiste pâmé. Approche emplie de pitié (pour des œuvres si rabâchées) et de secrète reconnaissance, dont les Mazurkas sortent rajeunies, presque nues. Disque passionnant, donc, mais qui mérite une écoute attentive, à défaut de déchaîner l'enthousiasme spontané.


Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 24/01/2002 )
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