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Sonates pour piano n° 6 et 8
Serge Prokofiev (1891-1953)
François-Frédéric Guy( piano )

Naïve / Naïve 2002   
Choc du Monde de la Musique 2002
TT :  56 mn.
V 4898
1 CD

Enregistrement (studio) : mai-juin 2001. Stéréo DDD. Prise de son : belle proximité, résonance parfois exagérée
Notice (français, anglais) : bien documentée.


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Difficile, dans ces deux « sonates de guerre » de Prokofiev, de ne pas établir de comparaison avec les différentes versions laissées par leur champion absolu : Sviatoslav Richter. Or, si le tempérament volontiers belliqueux de François-Frédéric Guy s'accorde bien à la sauvagerie maîtrisée de la Sixième sonate, dont il présente ici une version de premier ordre, force est de constater que son jeu combatif et impétueux frappe un peu à vide dans les égarements oniriques de la Huitième, qui repose davantage sur l'esquive que sur la confrontation.

Il faut un beau courage et une certaine imprudence pour attaquer l'Allegro moderato de la Sixième sonate avec une telle vigueur et si peu de timidité, sans craindre de s'essouffler. Parti bille en tête, François-Frédéric Guy n’est pas du genre à courir la prétentaine. Pas une seconde il ne faiblit ni ne se laisse émouvoir. C'est juste ce qu'il faut. Autre méthode, même effet dans l'Allegretto, humoristique et distancié, puis dans l'ambigu Tempo di valzer, patiemment et consciencieusement taillé en pièces, avec une glaçante régularité. Le Finale lui-même, d'une hallucinante digitalité, n'est pas l'objet du saccage attendu ; s’appuyant sur une main gauche profonde, Guy y affiche une certaine froideur de sentiments, non moins destructrice. Sonate de guerre ? Oui, mais de guerre psychologique.

Plus étale, moins accidentée, la Huitième sonate est l'une des œuvres les plus déroutantes de Prokofiev ; ce serait presque une erreur d'y tracer une voie. Le toucher bref et catégorique de Guy, s'il apporte quelque lumière dans ces brumes denses, ne s'attache guère à exalter le son pour lui-même. Il est, en quelque sorte, un lithographe plutôt qu'un aquarelliste. Il s'invente, dans le songeur Andante initial, des obstacles plus ou moins imaginaires, d'autant plus aisés à franchir, sans s'accorder le temps d'observer la majesté du paysage. Il faut la folle élasticité du Vivace final pour redonner une raison de cogner à sa formidable pugnacité, même si le propos d'un Richter, en 1962 (DG Dokumente), y paraissait moins abstrait et plus tendu. Du reste, pour la première fois dans ce finale en forme de mouvement perpétuel, Guy paraît se lasser de trancher des montagnes et réduit son erre.

Outre les témoignages épars de Richter (DG, Praga, Live Classics, BBC Legends, RCA, Philips...), le discophile fera son miel des enregistrements d'Emil Gilels (DG, Music and Arts) ou de Yakov Kasman (Calliope).


Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 14/02/2002 )
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