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Passionata
Francis Poulenc (1899-1963)
Edvard Grieg (1843-1907)
César Franck (1822-1890)
Daishin Kashimoto( violon )
Itamar Golan( piano )

Sony Classical / Sony 2002   
TT :  70 mn.
SK 89688 2
3 CD

Francis Poulenc : Sonate pour violon et piano
Edvard Grieg : Sonate pour violon et piano n° 3 op. 45
César Franck : Sonate pour violon et piano

Enregistrement (studio) : mai 2001. Stéréo DDD. Prise de son : « rentre-dedans », jusqu'à l'écœurement (Franck).
Notice (anglais) : fait plus de part aux interprètes qu'au programme.

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Tandis que Maxim Vengerov, ex-réincarnation d'Heifetz, gâche son talent dans de douteuses exhibitions foraines (Vengerov & Virtuosi, EMI), un Daishin Kashimoto, étoile montante parmi d'autres, ose dans son second disque un programme audacieux, disparate, sans craindre que l'écartèlement stylistique constitué par la cohabitation Poulenc/Franck/Grieg ne révèle une faille naturelle dans son jeu. Cela mérite un coup de chapeau. Vite recoiffé. Justifiant sans doute le titre de l'album, l'éditeur a voulu placer en lever de rideau la Sonate de Poulenc, où Kashimoto montre en effet un tempérament enflammé. S'il ne fallait juger de son talent qu'à l'énergie dégagée et aux couleurs fauves de sa palette, il serait immense. Mais partout Kashimoto, emporté par son allant, épaissit le trait au fusain – non, à la sanguine. L'exaltation du sentiment, le romantisme outrancier est tout son style, fût-il assumé avec panache. C'est hélas, dans Poulenc, un contresens. Le compositeur, qui redécouvrait à cette époque (1942-1943) les Sonates de Brahms, voulait couler la gouaille et l'esprit canaille dans un sévère moule classique ; lui que le « violon prima donna sur piano arpège » faisait « vomir », entendait étrangler « la ligne de violon-mélodie des sonates françaises du XIXe ». Kashimoto s'y taille au contraire la part du lion, écrase son partenaire et vocalise avec fureur. Quels poumons ! dirait l'autre. Mais quelle immodestie...

La romantique Sonate de Grieg supporte mieux cet empressement. Kashimoto y affiche une telle santé que la ligne même est emportée par le torrent. Quel dommage qu'il ne cherche pas davantage à converser avec le piano intelligent et admirablement dosé d'Itamar Golan, qui sait, avec infiniment moins d'effets, saisir le caractère intime de l'Allegretto médian ; mais Kashimoto, éperdu, pavoise dix mètres devant, face au public. Ce n'est donc pas sans appréhension qu'on attend le bouquet final : la crémation en grande pompe de la noble Sonate de Franck. L'exécution revêt en réalité la forme d'une noyade dans un (liquoreux) bain de couleurs. Kashimoto n’a pas ici l'égalité de ton requise et prend des libertés rythmiques qui lèvent parfois le cœur ; alors que Golan, magnifique d'ampleur et de profondeur, ne perd jamais de vue la portée architecturale, son partenaire nombrilise avec ardeur et perd le fil jusqu’à s’égarer complètement (Recitativo).

Le talent, la conviction, la sincérité ne sont pas en cause ; juste le dessein, narcissique et exhibitionniste. Souhaitons donc à Kashimoto des œuvres plus extraverties pour exprimer à plein sa santé vocale : Sonate et Tzigane de Ravel, concertos de Mendelssohn, Tchaïkovski, Goldmark ou Wieniawski, Havanaise de Saint-Saëns...


Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 19/02/2002 )
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