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8 Mai 1945 : la capitulation
avec Daniel Costelle
France Télévisions Distribution 2005 /  20  € - 131 ffr.
Durée film 56 mn.
Classification : Tous publics

Version : DVD9 / Zone 2
Format image : 1:33 :1
Format audio : Français Dolby Digital 5.1

Bonus :
"Your job in Germany" (extrait de"Why we fight") de Frank Capra (16:40)
2 Scènes inédites avec introduction de Daniel Costelle (6:45)
Publicité d'époque (2:40)

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Depuis que l'on a découvert « la guerre en couleur » et à quel point la force de ces images captivait le public, les dirigeants de chaînes de télévision semblent plus ouverts aux documentaires que par le passé, pourvu que la couleur soit de la partie.
Grand bien leur en a pris, puisque avec l'ouverture des archives des différents pays ayant pris une part active à la seconde guerre mondiale, ces images, ce qui auraient paru inimaginable il y a dix ans, sont presque devenues courantes.

Le développement des documentaires historiques consacrés à cette période permet donc aux historiens et documentaristes de nous faire découvrir régulièrement des images rares, parfois très dures, mais salutaires. Et leur force éducative est d'autant plus grande que ces images sont analysées et replacées dans le contexte, accompagnées des commentaires adéquats.
Celui qui excelle dans cet exercice, c'est Patrick Rothman, qui maîtrise parfaitement son sujet, et dont les œuvres sont quasiment marquantes à chaque fois. Mais bon, il faut se faire une raison, et Rothman ne peut pas superviser tous les films documentaires sur la seconde guerre mondiale.

Daniel Costelle a montré depuis longtemps son attirance pour les conflits armés, et pour cette période. Il a notamment déjà réalisé une série documentaire sur les batailles de la guerre 39-45. 8 Mai 1945 : Capitulation est issu de sa collaboration avec Isabelle Clarke, avec laquelle il a déjà signé Les Ailes des Héros et Jean Paul II : l'Empreinte d'un Géant.
Les archives, couleurs ou noir et blanc, pour la plupart inédites, utilisées ici sont une nouvelle fois saisissantes. Celles, en particulier, issues de l'ex-Union Soviétique, nous montrent un versant de la guerre que l'on ne connaissait que par les livres.
Leur traitement dans ce film va faire se côtoyer le meilleur et le pire. Le meilleur, ce sont les images et les commentaires sur le recyclage de l'horreur par les Soviétiques, qui vont s'empresser d'utiliser l'infrastructure concentrationnaire allemande à leurs propres fins dans les pays d'Europe de l'Est. Ou bien les images du pont aérien faisant revenir les français du S.T.O..

Mais, pour saisissantes que puissent être les images, encore faut-il qu'elles soient utilisées à bon escient. Et commentées correctement sur toute la longueur du film.
Or, c'est là que le bât blesse. Les commentaires s'attardent à de multiples reprises sur ce qui semble plutôt superflu. Daniel Costelle, qui se plaint du trop peu de temps imparti au film en présentant ses deux séquences coupées dans les bonus, saupoudre le texte lu par Eric Viellard d'anecdotes inopportunes et inutiles. Quel est l'intérêt, par exemple, pour le spectateur, dans un documentaire sur le jour de la signature de l'Armistice, d'apprendre qu’Eisenhower avait une liaison avec son aide de camp ? La minute trente gagnée en éludant ce passage aurait permis l'intégration d'une des séquences coupées…
Et puis, il y a cette image récemment exhumée des archives soviétiques, et présentée comme le corps calciné de Hitler. Un commentaire éminemment trompeur, puisque de l'aveu même d’Isabelle Veyrat-Masson, chargée de recherche au CNRS et conseiller historique sur le film, lors de son passage à l'émission Arrêt sur Image, l'image est celle de Goebbels et non de Hitler. Devant une telle erreur, et en étant confronté tout au long de ce film à un texte qui n'étaye que rarement ses affirmations, la perplexité est de mise.

Daniel Costelle nous montre la liesse dans les rues de New York le 7 Mai. Mais son commentaire vient contredire cette image bien connue en déclarant que le gouvernement américain, pour préserver ses bonnes relations avec Staline et la signature de l'Armistice le lendemain, calme la foule, qui se replie alors vers la sortie au cinéma de Salomé. Est-ce bien plausible ?
Lorsqu'il décrit l'exécution d'un fasciste par une armée italienne récemment admise dans les rangs alliés, le seul commentaire qui l'accompagne est les pires guerres sont les guerres civiles. C'est un poncif qui n'apporte aucune analyse à l'image présentée et qui, comme trop souvent dans ce documentaire, s'enfonce dans la généralité au dépens de l'efficacité.

En bonus, on découvrira un extrait de la série de films de propagande Why We Fight. Ces films réalisés et produits par Frank Capra, avec William Wyler, George Stevens ou Anatole Litvak, étaient destinés aux soldats sur le front. L'extrait présenté ici s'intitule Your Job in Germany (Votre tâche en Allemagne) et s'adresse aux soldats missionnés pour occuper l'Allemagne vaincue. Il leur explique les crimes de l'Allemagne nazie, la responsabilité de ce pays dans les conflits régionaux et mondiaux depuis 1840, et que leur tâche est d'empêcher la résurgence de cette violence. A ce titre, il leur est conseillé d'être vigilant et de ne se lier avec personne car quasiment toute la population a soutenu les nazis. Et de leur rappeler que les enfants ont été embrigadés par les jeunesses hitlériennes et sont, eux aussi, dangereux. Enfin, que le seul regret de ce peuple, loin des horreurs qu'il a véhiculées, créées et provoquées, son seul regret est d'être du côté des vaincus.
Dans un préambule, Daniel Costelle présente ce film comme inutile car l'idée que l'Allemagne puisse encore être nazie en 1945 s'est rapidement révélée fausse. Voilà un commentaire plutôt surprenant vu l'établissement de la VolkSturm dans les derniers mois de la guerre, d'autant plus surprenant que Costelle reprend à son compte l'argument du fanatisme des adolescents issus des jeunesses hitlériennes dans son film.

Au final, 8 Mai 1945 : Capitulation a beau présenter des images fortes et quelques séquences fascinantes, il manque trop de rigueur, cinématographique, narrative ou historique, et de cohésion, pour s'inscrire parmi les grands documentaires consacrés à ces heures sombres de l'Histoire que restent De Nuremberg à Nuremberg, Eté 1944 ou Les Survivants.



Daniel Beziz
( Mis en ligne le 30/05/2005 )
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