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L’Amérique de Michael Moore
avec Michael Moore
France Télévisions Distribution 2004 /  24.98  € - 163.62 ffr.
Durée film 300 mn.
Classification : Tous publics

Chaque saison est composée de deux DVD.

Diffusion télé : Royaume-Uni et USA, 1999 et 2000 sur Channel 4 Television et Bravo TV

Version : DVD 9 zone 2/PAL
Format image : 4/3
Format vidéo : 1.33
Format audio : Stéréo Dolby Digital 2.0 (Anglais, français)
Sous-titres : Français

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Ah, ce Michael Moore ! Son nom suffit à déclencher des sourires, des haussements d’épaules, des grincements de dents, voire de vraies discussions sur les Etats-Unis et quelques-uns de ses personnages hauts en couleur : Georges W. Bush, Bill Clinton, Monica Lewinsky, Bill Gates… Davantage encore depuis qu’il a récolté une très controversée Palme d’Or pour Fahrenheit 9/11, son attaque en règle du président maintenant réélu. Bref, le bonhomme fait beaucoup parler de lui et du système américain, on ne peut guère le nier.

Le vrai débat concerne davantage son efficacité réelle : certains le voient surtout comme un habile profiteur démago, d’autres comme un vrai facteur de changements dans une société qui écrase les faibles. Il serait téméraire de vouloir trancher la question en quelques jolies phrases. On osera seulement dire, au vu des 24 épisodes de son ancienne émission « The Awful Truth », séparée en deux saisons (1999 et 2000), que le « système Michael Moore » ne semble manquer ni de qualités, ni de défauts…

On lui reproche souvent de ne montrer que les images qui l’arrangent, pour qu’elles collent à ses vérités personnelles. Ici, le titre de l’émission l’annonçait déjà : voici « l’affreuse vérité » dans toute sa splendeur. Vraiment ? On sait pourtant bien que le montage des images a une grande influence sur les réactions des spectateurs. Par ailleurs, on a pu constater, dans Fahrenheit 9/11 et Bowling for Columbine, toute l’importance du montage dans les films de Michael Moore, constat qui s’applique également à cette émission. Cela ne signifie pas, bien sûr, que l’auteur nous ment, mais qu’il présente les faits à travers un filtre très personnel, celui de la « méthode Michael Moore » : utiliser un maximum d’ironie et foncer dans le tas.

Créer une chorale de victimes du tabac et les faire chanter devant les fabricants, former de jeunes snipers pour qu’ils tuent plus efficacement leurs camarades, présenter une plante verte aux élections sénatoriales, stocker les SDF dans des magasins hors de vue… Autant d’idées qui misent sur l’humour noir et l’absurdité pour dénoncer les entreprises qui se cachent derrière le système libéral et exploitent leurs employés au maximum, pour secouer un peu les responsables et les forcer à payer, pour réveiller les consciences. Bien souvent, le trublion réussit son pari : faire bien rire (parfois très jaune), étonner et choquer devant l’énormité des faits et de sa méthode. Car ce chevalier des temps modernes, avec son allure sympathique de gros nounours, sait bien qu’il en fait des tonnes et ne manque pas d’autodérision, par exemple en admettant qu’il s’habille n’importe comment (parce que « les hommes n’ont aucun goût ») ou en proposant un « kit Michael Moore » pour les enfants qui veulent lui ressembler, se réjouissant à l’avance de tout l’argent que ça lui rapportera !

Alors, qu’est-ce qui cloche de temps à autre ? Sa méthode, tellement efficace le plus souvent, souffre parfois de son manque de subtilité et tombe dans une facilité douteuse. Qu’y a-t-il de vraiment drôle dans un parachutage fictif de télés en Afghanistan sous la dictature des talibans, où l’on voit de faux habitants accueillir les postes comme des objets précieux ? Est-il vraiment malin de se déguiser en Hitler et d’aller réclamer aux banques suisses l’argent qu’elles ont refusé de rendre aux victimes des nazis après la seconde guerre mondiale ? La dénonciation tourne ainsi parfois à la blague de mauvais goût, mais cela dépend évidemment des limites que l’on admet personnellement en la matière…

Les deux saisons de l’émission diffèrent sur un point essentiel. Alors que dans la première, Michael Moore effectue une sorte de one man show comique entre les reportages, devant le public d’une grande salle, il présente la seconde en extérieur, au Time Square de New York, en interviewant quelques personnes sur les différents sujets. Cette méthode se révèle nettement plus intéressante : les transitions entre les reportages sont plus rapides et plus légères, l’auteur ne se lançant plus dans des monologues ironiques assez longuets. L’émission peut ainsi garder un rythme soutenu en restant « sur le terrain » et les interventions des passants ne manquent pas d’intérêt. Le « système Moore » gagne ainsi en efficacité, si ce n’est en subtilité…

Ces dix heures d’émission ne feront sans doute changer d’avis personne : Michael Moore gardera ses fidèles admirateurs et ses détracteurs agacés. Tel est sans doute le sort du pamphlétaire à toute époque… On peut de toute façon lui reconnaître le mérite de continuer à ruer dans les brancards dans n’importe quelles conditions, sans jamais se soumettre à la dictature du politiquement correct. Et même en supposant qu’il n’arrivera en rien à transformer la société américaine, ses actions ont eu des effets bénéfiques sur la vie de certaines personnes. Pour cela, on peut déjà le remercier, quels que soient ses défauts.


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 29/11/2004 )
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