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Mondovino avec Jonathan Nossiter Diaphana 2005 / 20 € - 131 ffr. Durée film 132 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma : 2004
Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : pal couleur
Format image : 1.85 – 16/9 compatible 4/3.
Format audio : Français (passages en anglais, italiens, espagnol, portugais, sous-titrés en français) ; Dolby SR
Sous-titres : français
Bonus :
Filmographie de Jonathan Nossiter
Où allons-nous ?, épisode de la série inédite de Jonathan Nossiter, Mondovino (10x1h).
Films-annonces.
Un livret de 16 pages avec notes sur les personnages.
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Attention : chef duvre documentaire ! Remarqué à Cannes en 2004, salué par la critique et le public depuis, Mondovino arrive en support DVD et mérite plus quun détour ! Jonathan Nossiter livre en effet un panorama de deux heures et quelques sur une galaxie à part entière : le monde du vin.
Et cest une véritable odyssée. On reste captivé tout au long du film, par les allers retours incessants que le réalisateur effectue dun continent à lautre, démêlant lentrelacs dune industrie en pleine mutation, et dun art, sinon dune civilisation. Car le vin, cest une culture, ancestrale, fruit dune histoire et du temps qui prend son temps, dun savoir-faire, de traditions locales et familiales, expression dun
terroir
, le mot sacré qui pend aux lèvres de tous les acteurs de cette incroyable aventure, soient-ils du côté des « méchants » : les capitalistes yankees mondialisateurs et leurs sous-fifres, collaborateurs des temps modernes
Car il y a aussi un côté moralisateur et critique dans cette brillante esquisse. Deux groupes sy distinguent, rejouant la bataille des Anciens et des Modernes. Aux superbes personnages des terroirs dEurope, barons de petits fiefs bourguignons, languedociens ou sardes, sopposeraient les impérialistes doutre-atlantique. Le groupe Mondavi, empire californien, se livrerait à une implacable « napacification » du monde, autour de vins jeunes, boisés, concentrés, ayant tout pour séduire des consommateurs avides de sensations fortes et immédiates, faciles
Grossières ? Quil est loin le temps où un Bordeaux trouvait sa saveur dans lépaisseur dun vieux fût et lérosion de quelques années ?! Autour des Mondavi, une critique puissante - Wine Spectator et ses deux millions de lecteurs ; surtout, les avis valant évangiles de Robert Parker fait la pluie et le beau temps sur les terroirs, au point de pervertir les savoir-faire pour satisfaire au diktat de lair du temps
Du côté des collaborateurs, Mouton-Rothschild en France, les Frescobaldi à Florence, et, surtout, une éminence grise : le redoutable Michel Rolland, Flying Wine maker au carnet dadresse mondialisé, nologue ayant refait avec lami américain le goût du jour à Bordeaux, Volnay, Napa Valley comme en Argentine ou au Brésil
Le mot magique de Rolland : la micro-oxygénation, qui conserve ici tout son mystère
Mais il faut délaisser cette intrigue pour la qualité documentaire du travail de Nossiter. Celui-ci sapplique humblement et religieusement à laisser parler tous ces personnages. De sorte que chacun séduit, apportant sa touche au kaléidoscope viticole contemporain. Michel Rolland lui-même, à qui lon donnerait le rôle dun Laval des vins, est un Tartuffe sympathique, jovial et autoritaire, un héros de farce dont on devine dans lhabit quelques armes cachées, empreint dun bon sens redoutable mais, aussi, convaincant. Aimé Guibert, du côté des résistants gaulois, est un poète héraultais, à la langue fleurie, par ailleurs à la tête du domaine de Daumas-Gassac et véritable acteur dune renaissance viticole languedocienne. Plus au nord, au cur de la Bourgogne, Hubert de Montille incarne une égale force tranquille. Si Robert Parker ne laime pas, cest que les de Montille produisent un vin exigeant et difficile, de ceux qui ont besoin des caresses du temps
Bref, une condition humaine au complet, donc superbe et romanesque, avec ses héros et ses petites gens, ses malfrats et ses saints. La caméra les scrute, parfois jusquau détail, attentive aux yeux, aux regards qui trichent rarement, aux rides qui racontent elles aussi des histoires, aux chiens, toujours présents, rassurant, jolis stigmates, comme les bouteilles rouge, dune civilisation plusieurs fois millénaires
Un DVD à acquérir absolument donc, dautant que le film est ici accompagné de lun des dix épisodes de la série Mondovino, inédite : on y retrouve les mêmes personnages et dautres encore, avec toujours, ce saisissant amour du vin.
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 16/05/2005 ) Imprimer | |
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