L'actualité du livre Samedi 20 avril 2024
  
 
     
Documentaires  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Documentaires  ->  Actualité  
The Take
avec Avis Lewis
MK2 2005 /  21.50  € - 140.83 ffr.
Durée film 87 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Canada, 2004
Titre original : The Take

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (couleurs)
Format audio : Espagnol et anglais (stéréo 5.1)
Sous-titres : Français

Bonus :
Fire the Director : The Making of The Take (28 mn)
Gustavo Benedetto : Presente! (16 mn)
Postface : The Take Community (11 mn)
Naomi Klein et Avi Lewis (20 mn)
Bande annonce (2 mn)

Imprimer


Cas d’école. Trop oubliée entre un peu d’herbe de la Pampa et quelques airs de tango, notre cousine argentine pourrait bien offrir un exemple à suivre et ne pas suivre : le fiasco d’un capitalisme non bridé et l’élan salvateur de réformes entreprises sur le terrain.

The Take offre deux heures et quelques de choc par les images et les idées. Suite à la crise argentine de 2001, effondrement financier et économique ayant entraîné une bourrasque politique et une crise sociale sans précédent, quelques têtes se sont dressées, qui ont offert, et offrent devant les caméras de Naomi Klein et Avi Lewis, des réponses. Comptes bloqués, licenciements massifs, passée l’euphorie béate d’un va-tout libéral orchestré par le tristement charismatique Carlos Menem, sous surveillance et assistance du F.M.I, l’Argentine est tombée comme un château de cartes, ramenant sa population au souvenir de la dictature militaire… Pas de fantômes ici car le passé vit encore, zombi si l’on veut, en tout cas plus qu’une simple apparition diaphane et glaçante. La répression policière des manifestations du 20 décembre 2001 avait ce goût âpre de moments d’histoire que l’on pensait révolus ; comme pour la corruption, et les compromissions d’une classe politique, qui, de gauche à droite, prouva hélas son incapacité. «Qu’ils partent tous !», criait-on Place de Mai et alentour… Mais ils sont restés…

L’impéritie généralisée pousse à l’action et un souffle démocratique semble avoir traversé cette société riche mais malade. The Take raconte l’occupation par ses ouvriers mêmes d’une usine en fin de course, soufflée par des politiques monétaires trop rigides. En Argentine, quelques 200 usines (Forja, Zanon, Bruckman et d’autres) ont mis en place des systèmes coopératifs qui, faisant fi des menaces d’expulsion et des décisions judiciaires peut-être aveuglées par le respect du droit et de l’Etat (mais quand l’Etat est moribond ?!...), montrent tant bien que mal, qu’un autre paradigme économique est possible. Qu’on ne s’y trompe pas : contre le capitalisme sauvage, ce n’est ni un retour théorique et désincarné au credo trotskyste, ni un retour historique à l’économie kolkhozienne qui est implanté, mais la très pragmatique mise en place de fonctionnements autogérés, tirant du capitalisme ce qui fait sa force, sans s’encombrer de ce qui fait ses faiblesses et son danger : la réification du profit et de la stabilité monétaire au mépris du bien social devant fonder toute vraie politique, le sens du terrain rendu possible à micro-échelle, un solidarisme vivifiant en plus de son absolue nécessité. Sans drapeau ni bannière, sans affiliations partisanes, qu’elles soient de gauche ou de droite, ces usines ont créé chacune son propre modèle, qu’elles ajustent ensuite en concertation, en réseau.

On peut douter de la longévité de l’expérience comme de sa généralisation. Mais le fait est là, des alternatives naissent, porteuses, quoi qu’il en soit, des bienfaits de l’action. Ce que montre le documentaire convainquant et poignant des deux réalisateurs canadiens, tout comme les nombreux bonus qui l’accompagnent sur ce DVD. Car tout est parti de là : l’action. Coutumiers de la réflexion alter-mondialiste comme du militantisme, Naomi Klein et Avi Lewis ont voulu montrer que des réponses sont possibles, que la contestation sociale n’est pas que cette complainte romantique et bohème, juvénile et poète, que l’on imagine souvent. Elle est aussi, et de plus en plus, une volonté de passage à l’acte, politique, économique et social, passant par la démocratie directe, l’autogestion, le commerce équitable, le microcrédit : fruits de la réflexion de chercheurs et d’économistes, des modèles économiques et bancaires émergent, prouvant que le diktat ultra-libéral (à ne pas confondre avec le libéralisme, fondateur de tout système politique démocratique) n’est pas incontournable.

En suivant ces ouvriers éperonnés par leur propre désespoir, dans les usines, en familles, pions pas si passifs d’une tragédie politique que les réalisateurs nous rendent aussi (l’épopée ménemienne, la crise de 2001, les arcanes du F.M.I), The Take transporte, jouant à la fois sur le registre affectif – loi du genre depuis Moore et ses épigones – et sur celui de la réflexion. Plus qu’un documentaire, il s’agit donc d’un essai en images, d’un cas d’étude à suivre de près car il n’est pas question ici d’une société exotique mais du bon élève, dans les années 90, à l’école de la stabilité monétaire, d’une démocratie libérale telle que la nôtre, tombée dramatiquement de ce-même qui devait la faire tenir debout. Bref, de nous en sommes. Voici donc, en ces temps un peu tristes où le « tic-tac » politique français rappelle celui d’une bombe, un documentaire qui doit absolument inspirer…


Thomas Roman
( Mis en ligne le 07/11/2005 )
Imprimer

Ailleurs sur le web :
Lien vers le site officiel (anglophone) du film
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd