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The Take avec Avis Lewis MK2 2005 / 21.50 € - 140.83 ffr. Durée film 87 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : Canada, 2004
Titre original : The Take
Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (couleurs)
Format audio : Espagnol et anglais (stéréo 5.1)
Sous-titres : Français
Bonus :
Fire the Director : The Making of The Take (28 mn)
Gustavo Benedetto : Presente! (16 mn)
Postface : The Take Community (11 mn)
Naomi Klein et Avi Lewis (20 mn)
Bande annonce (2 mn)
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Cas décole. Trop oubliée entre un peu dherbe de la Pampa et quelques airs de tango, notre cousine argentine pourrait bien offrir un exemple à suivre et ne pas suivre : le fiasco dun capitalisme non bridé et lélan salvateur de réformes entreprises sur le terrain.
The Take offre deux heures et quelques de choc par les images et les idées. Suite à la crise argentine de 2001, effondrement financier et économique ayant entraîné une bourrasque politique et une crise sociale sans précédent, quelques têtes se sont dressées, qui ont offert, et offrent devant les caméras de Naomi Klein et Avi Lewis, des réponses. Comptes bloqués, licenciements massifs, passée leuphorie béate dun va-tout libéral orchestré par le tristement charismatique Carlos Menem, sous surveillance et assistance du F.M.I, lArgentine est tombée comme un château de cartes, ramenant sa population au souvenir de la dictature militaire
Pas de fantômes ici car le passé vit encore, zombi si lon veut, en tout cas plus quune simple apparition diaphane et glaçante. La répression policière des manifestations du 20 décembre 2001 avait ce goût âpre de moments dhistoire que lon pensait révolus ; comme pour la corruption, et les compromissions dune classe politique, qui, de gauche à droite, prouva hélas son incapacité. «Quils partent tous !», criait-on Place de Mai et alentour
Mais ils sont restés
Limpéritie généralisée pousse à laction et un souffle démocratique semble avoir traversé cette société riche mais malade. The Take raconte loccupation par ses ouvriers mêmes dune usine en fin de course, soufflée par des politiques monétaires trop rigides. En Argentine, quelques 200 usines (Forja, Zanon, Bruckman et dautres) ont mis en place des systèmes coopératifs qui, faisant fi des menaces dexpulsion et des décisions judiciaires peut-être aveuglées par le respect du droit et de lEtat (mais quand lEtat est moribond ?!...), montrent tant bien que mal, quun autre paradigme économique est possible. Quon ne sy trompe pas : contre le capitalisme sauvage, ce nest ni un retour théorique et désincarné au credo trotskyste, ni un retour historique à léconomie kolkhozienne qui est implanté, mais la très pragmatique mise en place de fonctionnements autogérés, tirant du capitalisme ce qui fait sa force, sans sencombrer de ce qui fait ses faiblesses et son danger : la réification du profit et de la stabilité monétaire au mépris du bien social devant fonder toute vraie politique, le sens du terrain rendu possible à micro-échelle, un solidarisme vivifiant en plus de son absolue nécessité. Sans drapeau ni bannière, sans affiliations partisanes, quelles soient de gauche ou de droite, ces usines ont créé chacune son propre modèle, quelles ajustent ensuite en concertation, en réseau.
On peut douter de la longévité de lexpérience comme de sa généralisation. Mais le fait est là, des alternatives naissent, porteuses, quoi quil en soit, des bienfaits de laction. Ce que montre le documentaire convainquant et poignant des deux réalisateurs canadiens, tout comme les nombreux bonus qui laccompagnent sur ce DVD. Car tout est parti de là : laction. Coutumiers de la réflexion alter-mondialiste comme du militantisme, Naomi Klein et Avi Lewis ont voulu montrer que des réponses sont possibles, que la contestation sociale nest pas que cette complainte romantique et bohème, juvénile et poète, que lon imagine souvent. Elle est aussi, et de plus en plus, une volonté de passage à lacte, politique, économique et social, passant par la démocratie directe, lautogestion, le commerce équitable, le microcrédit : fruits de la réflexion de chercheurs et déconomistes, des modèles économiques et bancaires émergent, prouvant que le diktat ultra-libéral (à ne pas confondre avec le libéralisme, fondateur de tout système politique démocratique) nest pas incontournable.
En suivant ces ouvriers éperonnés par leur propre désespoir, dans les usines, en familles, pions pas si passifs dune tragédie politique que les réalisateurs nous rendent aussi (lépopée ménemienne, la crise de 2001, les arcanes du F.M.I), The Take transporte, jouant à la fois sur le registre affectif loi du genre depuis Moore et ses épigones et sur celui de la réflexion. Plus quun documentaire, il sagit donc dun essai en images, dun cas détude à suivre de près car il nest pas question ici dune société exotique mais du bon élève, dans les années 90, à lécole de la stabilité monétaire, dune démocratie libérale telle que la nôtre, tombée dramatiquement de ce-même qui devait la faire tenir debout. Bref, de nous en sommes. Voici donc, en ces temps un peu tristes où le « tic-tac » politique français rappelle celui dune bombe, un documentaire qui doit absolument inspirer
Thomas Roman ( Mis en ligne le 07/11/2005 ) Imprimer
Ailleurs sur le web : Lien vers le site officiel (anglophone) du film | |
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